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Brexit

Quel sera l'impact sur le marché de la viande bovine française ?


TNC le 23/01/2020 à 06:Jan
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À une semaine du Brexit, que se passera-t-il pour les échanges de viande bovine entre la France et son voisin d'Outre-Manche lorsque la sortie du Royaume Uni sera officiellement actée ?

La date fatidique approche à grand pas : le Brexit, c’est dans une semaine. Beaucoup d’incertitudes subsistent encore à ce stade, mais la sortie du Royaume-Uni devrait avoir lieu de façon relativement douce, compte tenu des différents scénarios qui avaient été envisagés.

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Pour la viande de bœuf britannique, le ratio production/consommation monte à 75 %. Pourtant, avec 9,9 millions de têtes, le cheptel bovin (lait et viande) des Anglais est le troisième de l’Union européenne derrière la France et l’Allemagne. La production bovine britannique s’élève à 8 millions de bêtes par an. Mais le pays n’est pas capable de satisfaire sa demande intérieure et importe de la viande bovine. 70 % de la demande du Royaume-Uni est toutefois alimentée par les industries locales. En 2017, l’Angleterre, l’Irlande du Nord, l’Écosse et le Pays de Galles ont produit 901 500 t de viande de bœuf et de veau.

Brexit : une sortie tout en douceur

Mais l’arrivée du Brexit pourrait engendrer des bouleversements. Plusieurs possibilités étaient envisagées, et beaucoup redoutaient le « pire » : une sortie du Royaume-Uni sans accord. Avec un Brexit dur, de nouvelles barrières douanières auraient engendré une baisse importante des échanges entre la France et le Royaume-Uni et auraient pu avoir des conséquences néfastes notamment sur la filière de la viande bovine. Il y a moins d’un an, certains économistes évoquaient une réduction des exports mutuels de plus de 90 % pour les secteurs des produits laitiers, de la viande rouge, de la viande blanche ou encore du sucre. Fort heureusement, ce scénario a été progressivement abandonné et c’est un Brexit en douceur qui s’annonce désormais.

À lire : La Commission prête à aider les agriculteurs en cas d’absence d’accord

Toutefois, les exportations françaises de viande bovine ne se sont élevées qu’à 8,6 M€ en 2017 et ne représentent que 1 % du volume que l’Irlande exporte vers le pays, qui s’élève à 784 M€. L’Irlande expédie chaque année près de 180 000 t de viande bovine vers le Royaume-Uni. Si elle est contrainte de trouver de nouveaux débouchés, elle pourrait alors concurrencer la filière française sur ses marchés. « Si un pays comme la République l’Irlande devait vendre demain moins de viande bovine au Royaume-Uni à la faveur d’importations accrues du continent américain et de l’Océanie, on imagine que la viande des vaches de réforme irlandaises serait disponible en plus grandes quantités sur le marché français », expliquaient nos confrères de l’Humanité. 

« Cet environnement économique est aggravé par une offensive des éleveurs irlandais, qui cassent les prix en France pour se créer de nouveaux débouchés en prévision du Brexit (le Royaume-Uni absorbe les trois quarts de la production irlandaise) », rapportaient quant à eux les Echos.

Ce n’est donc pas tant une baisse des exportations françaises vers le Royaume-Uni qui est à craindre, mais plutôt le déséquilibre que pourrait provoquer la baisse des exportations irlandaises vers leurs voisins anglais.

Par ailleurs, concernant la viande bovine que la France importe d’Outre-Manche, un ralentissement des échanges ne devrait être préjudiciable qu’à certains marchés de niche, puisque la France importe essentiellement des pièces de qualité (aloyau, bavette) destinées à la restauration.  

Une transition jusqu’au 31 décembre

Quoiqu’il en soit, il ne devrait pas se passer grand-chose pour le moment, outre l’impact institutionnel (lire l’encadré ci-dessous). Au 31 janvier, le Royaume-Uni va entrer dans une période de transition jusqu’au 31 décembre 2020, prolongeable une fois, pour assurer une séparation en douceur. Ce qui laissera un peu moins d’un an au Royaume-Uni pour trouver un grand accord de libre-échange avec l’Union européenne.

Pour rappel, le Royaume-Uni est la troisième économie européenne et cinquième à l’échelle mondiale, est particulièrement tourné vers le tertiaire, qui est à l’origine de 80 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Seul 1 % de son PIB (2 % si on inclut l’industrie agroalimentaire) provient de l’agriculture. Le ratio production/consommation alimentaire est égal à 61 %. C’est-à-dire que la production du pays ne suffit à couvrir que 61 % de la consommation alimentaire des Britanniques. Ce qui conduit le Royaume-Uni à se fournir auprès d’autres pays et en fait un net importateur de denrées agroalimentaires. Il achète des produits essentiellement aux Pays-Bas (12 % des importations), à l’Irlande (10 %), à la France (10 %) et à l’Allemagne (9,2 %). L’excédent français vis-à-vis du Royaume-Uni se chiffre à 3 Mds€ par an et provient essentiellement de la vente de vins et spiritueux, des produits laitiers ainsi que de produits céréaliers transformés. 

À lire sur le marché de la viande bovine : Bovins viande : une production et des abattages en recul sur 2019

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