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Brexit

L'accord post-Brexit, un moindre mal pour les pêcheurs français


AFP le 25/12/2020 à 22:Dec
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L'accord post-Brexit « n'est pas parfait », mais les pêcheurs français pourront au moins « continuer à travailler » et ont « un peu de visibilité », souligne Jean-Luc Hall, le directeur général du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).

L’accord sur la pêche, qui prévoit que les pêcheurs européens aient toujours accès aux eaux britanniques, mais moyennant 25% de captures en moins, avec une clause de revoyure à l’été 2026, est-il satisfaisant ?

Jean-Luc Hall : Honnêtement le sentiment qui prédominait hier soir c’était le soulagement car le risque de « no deal » était très important et ç’aurait été une catastrophe pour les pêcheurs français. Pour les flottilles des trois régions les plus concernées, la Normandie, la Bretagne et les Hauts-de-France, qui réalisent entre 30 et 70 % de leur chiffre d’affaires dans ces eaux, c’était vraiment la fin.

Ce qui était important pour nous, c’était l’accès aux eaux britanniques et notamment dans les 6 à 12 milles (marins aux larges des côtes britanniques, ndlr), surtout pour les Hauts-de-France qui sont situés juste en face de la Grande-Bretagne.

C’est accordé pour un temps limité mais (le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes) Clément Beaune nous a expliqué jeudi soir qu’ils ont pris soin de mettre dans l’accord un dispositif qui permet de revenir en arrière si jamais cet accès aux eaux britanniques n’est pas renouvelé. Cela veut dire concrètement que des mesures de rétorsion peuvent être mises en place comme des taxes sur les produits britanniques à destination du marché européen.

Alors, même si tout n’est pas parfait, on a quand même la possibilité de continuer à travailler et on a un peu de visibilité devant nous.

Comment cela va-t-il se passer concrètement ?

Jean-Luc Hall : Aujourd’hui on est vraiment dans le brouillard et les gens se posent déjà des questions pour le 2 janvier, car on a des navires qui doivent reprendre la mer. Est-ce qu’ils vont pouvoir continuer à pratiquer les bases avancées et débarquer leur pêche en Grande-Bretagne et la faire revenir par camion? La semaine entre Noël et le Nouvel-An va être utilisée pour essayer d’éclaircir tous ces points. Par exemple, les pêcheurs nous disent: « Il y a les espèces saisonnières, comment on tient compte des 25 % en moins sur ces espèces-là ? » Les pêcheurs n’ont pas fini de se poser des questions.

Êtes-vous satisfait des mesures de soutien annoncées jeudi soir par le ministère de la Mer ?

Jean-Luc Hall : Il y a un plan d’accompagnement qui doit être présenté très prochainement par la ministre Annick Girardin car avec les 25 % de quotas en moins, certaines entreprises vont se retrouver en difficulté. Ce dispositif s’appuiera sur le fonds européen de 5 milliards d’euros, Michel Barnier et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont d’ailleurs indiqué hier, lors de l’annonce de l’accord, qu’une part non négligeable de ce fonds serait consacrée à la pêche.

Il faut qu’on essaie aussi d’optimiser cet accord, qu’on regarde comment on peut répartir au mieux les possibilités de captures et qu’on essaie de mieux valoriser le poisson français, on a un outil pour ça, c’est le « Pavillon France », que vous trouvez sur tous les étals, il faudra récupérer par la valeur ce qu’on a perdu par la quantité pêchée.

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