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Brexit

Accord post-Brexit : impasse sur la pêche à onze jours du divorce


AFP le 20/12/2020 à 10:Dec
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A seulement onze jours de la rupture définitive, le Royaume-Uni et l'Union européenne restaient engagés dimanche dans un éprouvant bras de fer sur la pêche bloquant toute perspective d'accord post-Brexit.

Ces interminables négociations se poursuivent au moment où la pandémie de coronavirus accapare l’attention des Britanniques : le gouvernement vient d’annoncer le reconfinement de Londres et du sud-est de l’Angleterre pour tenter de juguler une envolée des contaminations attribuée à une nouvelle souche.

« Je suis sûr qu’un accord peut être conclu, mais il faut évidemment que l’UE fasse bouger les choses », a déclaré le ministre britannique de la Santé, Matt Hancock, dimanche sur Sky News. « L’UE a malheureusement formulé des exigences déraisonnables. » A l’issue d’une nouvelle journée d’échanges à Bruxelles concentrée sur la pêche, une source britannique avait déjà réclamé samedi soir un « changement substantiel » des positions européennes dans les jours qui viennent, sans quoi un accord restera impossible.

Or, un compromis doit être trouvé avant que le Royaume-Uni –qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier– ne sorte du marché unique européen et de l’union douanière le 31 décembre à 23h00 GMT.

Dans le cas contraire, les échanges entre l’UE et Londres se feront selon les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane et de quotas, avec de lourdes conséquences pour des économies déjà secouées par la pandémie.

A la pression du calendrier s’ajoute pour les Européens celle de leur parlement : les eurodéputés réclament un texte avant « dimanche minuit » pour pourvoir l’examiner et le ratifier afin qu’il entre en vigueur au 1er janvier.

Face au risque de « no deal », avec ses lourdes conséquences économiques, cette date butoir a cependant toutes les chances d’être dépassée, comme bien d’autres dans la saga du Brexit.

Un accord conclu in extremis pourrait entrer en vigueur provisoirement, une option qui semble avoir la faveur des États membres, avec une ratification a posteriori du Parlement européen.

« Faillite structurelle »

Le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, n’a d’ailleurs pas exclu samedi une poursuite des pourparlers après le week-end.

Les Européens ont conditionné l’accès sans droit de douane ni quota à leur immense marché au règlement de la question de la pêche. Un enjeu loin d’être négligeable pour les Britanniques, puisque l’UE est leur premier partenaire commercial.

Pour plusieurs États membres, France et Pays-Bas en tête, la pêche a une forte dimension politique et sociale malgré son faible poids économique. De l’autre côté de la Manche, le contrôle des eaux symbolise une souveraineté britannique retrouvée grâce au Brexit.

Les tractations se concentrent sur le partage des quelque 650 millions d’euros pêchés chaque année par l’UE dans les eaux britanniques et la durée de la période d’adaptation pour les pêcheurs européens. Pour les Britanniques, les produits de pêche dans les eaux européennes représentent environ 110 millions d’euros.

Bruxelles proposerait de renoncer à environ 20 % des 650 millions à l’issue d’une période de transition de sept ans, Londres en revendiquant 60 % sur une période de trois ans, selon des sources européennes.

« L’UE a clairement indiqué ce week-end qu’elle est prête à faire des compromis », a déclaré dimanche un diplomate européen. « Mais elle n’acceptera pas de mettre ses pêcheurs en situation de faillite structurelle », ajoute-t-il. « La voie étroite vers un accord est maintenant devenue une voie unique », a-t-il prévenu.

Sur les deux autres sujets difficiles –la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale– les positions se sont en revanche rapprochées cette dernière semaine.

Les Européens réclament des garanties à Londres pour protéger leur immense marché d’une économie britannique dérégulée qui ne respecterait plus leurs normes environnementales, sociales ou fiscales ou en matière d’aide d’État.

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