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Brexit

Quelles seront les conséquences du « Brexit » pour les producteurs français ?


le 24/06/2016 à 10:Jun
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Jeudi 23 juin 2016, les Britanniques ont enterré leur destin européen, 43 ans après avoir intégré l’Union européenne. Le « Brexit » aura des conséquences financières sur le budget de la Pac, incombant notamment aux agriculteurs et citoyens français. Explications.

Quel que soit le résultat, la journée du 23 juin 2016 fait date dans l’histoire de l’Union européenne. Pour la première fois, les citoyens d’un grand État membre de l’Union européenne – le Royaume-Uni en l’occurrence – se sont prononcés pour la sortie de leur pays de l’UE.  Le « Brexit » aura des conséquences d’ordre budgétaire pour les autres pays européens, et pour la France en particulier.

Comme la France, le Royaume-Uni est un pays « contributeur net » au budget européen : les Anglais versent davantage à l’Union européenne qu’ils ne reçoivent. Selon les chiffres de la Commission européenne, la contribution des Anglais au budget de l’UE s’est élevée à 11,34 Mds€ en 2014, faisant du Royaume-Uni le quatrième contributeur européen, derrière l’Allemagne, la France et l’Italie. Le pays a aussi bénéficié de 6,98 Mds€ de fonds européens, dont 3,89 Mds€ au titre des deux piliers de la Pac.

Sans détailler diverses mesures d’ajustement budgétaire, le « solde budgétaire opérationnel » du Royaume-Uni, c’est-à-dire sa contribution nette, était de 4,93 Mds€. La sortie du pays de l’UE impose aux autres États membres, dont la France, d’absorber la perte de cette contribution nette. A défaut, cela pourrait faire baisser davantage encore le montant des soutiens agricoles.

Notons au passage que la sortie de l’UE ne se fera pas du jour au lendemain. Le cadre budgétaire de la Pac, qui constitue la première politique européenne, court jusqu’en 2020. On peut imaginer que les conséquences budgétaires évoquées seront ainsi à négocier pour la prochaine réforme de la Pac.

L’ardoise pour les citoyens français, et donc pour les agriculteurs, pourra néanmoins être moins importante que pour les autres pays européens. Comme l’expliquent nos confrères du Monde.fr, le Royaume-Uni n’est que le 4e contributeur européen, derrière la France, grâce au « chèque britannique » imposé en 1979 par Margaret Thatcher. A l’époque, le Royaume-Uni payait 30 % de plus que ce qu’il recevait. La dame de fer avait alors exigé un important rabais sur la contribution de son pays.

Depuis, les Anglais versent 6,07 Mds€ de moins que ce qu’ils devraient payer. Or ce « chèque britannique », constituant un manque à gagner pour le budget européen, est refinancé par les autres grands pays contributeurs. Nous en payons la plus grosse partie – près de 1,6 Mds€ en 2014, devant l’Italie, l’Espagne et surtout l’Allemagne qui en paie quatre fois moins que la France.

Autre conséquence, non financière, d’un Brexit pour les producteurs français : l’UE comptera dans ses rangs un pays dit libéral en moins. Lorsqu’il s’agit, pour un ministre de l’agriculture, de négocier avec ses homologues européens pour mettre en place, par exemple, des outils de régulation à la surproduction laitière par exemple, cela peut compter. L’absence des voix britanniques affaiblira le camp libéral au Parlement européen, laissant ainsi plus de poids aux voix plus régulatrices.

Plus que les menaces que peut faire peser le Brexit sur le budget de la Pac, les conséquences négatives seront réservées aux producteurs britanniques. Exclus de la Pac, ces derniers ne pourront compter que sur un soutien national. A quelle hauteur et de quelle manière seront-ils soutenus ? Les agriculteurs anglais ont à craindre que leur gouvernement ne veuille pas apporter le même soutien que ne le faisait Bruxelles. Selon une étude menée par l’université néerlandaise de Wagenigen pour le compte de la NFU (National farmer’s Union of England and Wales), les fermes anglaises pourront perdre, hors de l’UE, de 17 000 à 34 000 €.

Le retrait du Royaume-Uni de l’UE peut, selon le président de NFU Meurig Raymond, « dévaster l’agriculture britannique ». Le ministre anglais de l’Agriculture, George Eustice, lui-même « pro-Brexit », n’est pas de cet avis, et estime que les milliards d’euros versés à l’Europe serviront notamment à soutenir ses agriculteurs dans le cadre d’un « régime amélioré ».

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