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Dossier : Réforme de la PAC

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Covid-19 et marchés céréaliers

Le Covid-19 favorise toujours les exports de blé français vers les pays tiers


TNC le 14/05/2020 à 06:May
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

La crise liée au Covid-19 tire toujours la dynamique d'export de blé tendre français vers les pays tiers, a indiqué FranceAgriMer le 13 mai. L'organisme a revu ses prévisions à la hausse, en revanche les exportations vers l'UE ont été revues à la baisse, les cours du maïs étant plus attractifs pour les fabricants d'aliments du bétail. Le marché de l'orge se maintient, mais des inquiétudes se font sentir sur l'orge de brasserie.

Après une baisse des cours mondiaux du blé tendre en février, liée à une diminution de la demande, les conditions climatiques en mer Noire et aux États-Unis permettent de retrouver un climat haussier, renforcé par des perspectives de quotas d’exportations, la restriction des exports de céréales russes, et les achats croissants des grands pays importateurs, a expliqué Marc Zribi, chef de l’unité « grains et sucre » de FranceAgriMer, lors du bilan mensuel de l’organisme public le 13 mai.

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Les exports de blé tendre de l’UE ont été revus en hausse à 31,8 Mt, pour répondre à la volonté de tous les grands importateurs d’augmenter leurs achats pour sécuriser les approvisionnements face à la crise. L’Égypte devrait importer 13 Mt, l’Algérie a revu ses importations à la hausse à 7,5 Mt, le Maroc a prolongé la suspension de ses droits de douane sur le blé tendre jusqu’à 31 décembre. La Chine est également très présente aux achats, entrant dans le top cinq des principaux importateurs pour cette campagne. À 45 semaines de campagne, 29,6 Mt ont été exportées (contre 18,6 Mt l’année dernière), dont un tiers exportées par la France, soit 60 % de plus, explique Marion Duval, adjointe au chef de l’unité grains et sucre à FranceAgriMer.  

Vers les pays tiers, la France se situe régulièrement parmi les origines les plus compétitives à l’export, d’autant que la mer Noire est moins présente. FranceAgriMer a ainsi revu à la hausse de 100 000 tonnes les prévisions d’export par rapport au mois dernier. Les exportations vers l’UE sont en revanche revues à la baisse à – 130 000 t, en raison des cours élevés. Du côté de l’incorporation dans la fabrication des aliments du bétail (FAB), la compétitivité du blé tendre est encore plus amoindrie par la baisse des cours du maïs, d’où un bilan revu à la baisse de – 100 000 tonnes. En conséquence, le stock final de blé tendre français pour la campagne est en hausse de + 254 000 tonnes.

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FranceAgriMer a maintenu ses prévisions pour les utilisations domestiques et humaines, les statistiques du mois de mars étant difficiles à analyser. Au niveau européen toutefois, la consommation humaine de blé tendre a été diminuée de 1 Mt, en lien avec une moindre consommation de pain depuis les boulangeries artisanales et industrielles.

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Orges : bonne tenue du marché fourrager, baisse du marché brassicole

La collecte d’orges française a été légèrement revue en hausse de + 50 000 tonnes. Les exportations vers les pays tiers se tiennent. Vers l’UE, le marché fourrager compense la baisse du marché brassicole. Les exportations de malt sont revues en baisse d’un mois sur l’autre, au regard des dynamiques d’export. Au final, le stock est en légère baisse, à 1,8 Mt.  

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À noter qu’au niveau mondial, on peut prévoir un ralentissement du commerce de malt d’orge, pour la campagne actuelle, de l’ordre de 5 %, a indiqué Marc Zribi, en lien avec l’arrêt brutal de l’activité des industries hôtelières, l’annulation grands évènements sportifs et festifs dans le monde, la pénurie – moins prévisible – de bouteilles, une perte de débouchés qui entraîne une part croissante d’orges brassicoles dans l’alimentation animale. La crise sanitaire provoque également un effondrement du tourisme, qui touche la France au premier plan puisque l’Hexagone est la première destination touristique au monde avec près de 85 millions de touristes par an. Selon les professionnels français du tourisme, le coronavirus devrait entraîner une baisse des consommations alimentaires globales, dont la bière, de – 2 %.

Maïs : une demande en hausse pour la fabrication d’aliments du bétail

Grâce à une bonne compétitivité dans l’incorporation pour les fabrications d’aliments du bétail, les exportations de maïs français vers l’UE se portent bien, en hausse de 110 000 tonnes d’un mois sur l’autre. Sur le marché intérieur, les utilisations industrielles et domestiques restent stables, mais sont en hausse de 50 000 tonnes pour les FAB.

Les prix du maïs français et européen restent soutenus par la demande pour l’alimentation animale, contrairement au maïs américain qui subit une chute des cours particulièrement importante avec l’effondrement des débouchés de l’éthanol, causé par l’arrêt des transports pendant le confinement.

« On n’a pas de problème de stock sur l’ensemble de nos filières céréalières », a tenu à préciser Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer. « Sur la plupart des matières, on est même un peu en stock supérieur, et nous avons des points de vigilance notamment sur l’orge et l’orge de malterie, qui est une production importante en  France », ajoute-t-il, tout en soulignant que malgré la crise et le confinement, « l’ensemble de nos filières grandes cultures et céréales ont extrêmement bien fonctionné ».

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