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Dossier : Réforme de la PAC

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Future Pac et Green Deal

La Coordination rurale s'inquiète des baisses de production potentielles


TNC le 03/12/2020 à 15:Dec
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Dans une lettre ouverte envoyée au chef de l’État, aux ministres et commissaires européens concernés par le sujet de la Pac, la Coordination rurale s’inquiète des scénarios prospectifs réalisés pour la commission agriculture du Parlement européen, et par le ministère de l’agriculture américain. Car si l’on se conforme aux stratégies européennes « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité », la baisse de production sera significative, avec potentiellement un impact sur les prix mondiaux.

La Coordination rurale s’inquiète des conséquences en matière de production, d’importations et de prix, de la stratégie européenne « De la Ferme à la fourchette » (©Pixabay)

La stratégie européenne « De la ferme à la fourchette », qui vise à réduire l’utilisation d’intrants et de pesticides, pousser les pratiques agricoles vers l’agro-écologie et renforcer l’exigence des normes de production part, pour la Coordination rurale, « d’une bonne intention » sous l’angle sanitaire, puisque « cela voudrait enfin dire que les denrées alimentaires importées qui ne sont pas conformes aux normes environnementales de l’Union européenne, ne seraient plus autorisées à rentrer sur les marchés de l’Union », écrit le syndicat dans une lettre ouverte envoyée, entre autres, au président de la République, au Premier ministre, au ministre de l’agriculture, ainsi qu’aux commissaires européens à l’agriculture, au Green Deal, et à la santé.  

Cependant, la Coordination rurale reste sceptique face à une politique de négociation de traités de libre-échange qui reste identique. Par ailleurs, plusieurs études récentes s’avèrent plutôt inquiétantes quant aux conséquences de cette stratégie sur le monde agricole.

Lire aussi  Pacte vert européen : 25 % des terres en bio et une réduction de 50 % des phytos d’ici 2030

Baisse de la production, hausse des importations et hausse des prix

Ainsi, « des chercheurs français ont réalisé pour la commission agricole du Parlement européen une étude indiquant que si l’on voulait maintenir le niveau d’émissions de Gaz à effet de serre (GES), tout en maintenant la production et les niveaux de consommation dans l’Union et en produisant tout en bio, il faudrait soit étendre la superficie agricole totale européenne, soit augmenter les importations agricoles en provenance de pays tiers », souligne la CR, faisant référence à une recherche réalisée par H. Guyomard et J.C. Bureau (Inrae et AgroParisTech), « Le pacte vert et la Pac : adapter les pratiques agricoles et préserver les ressources naturelles de l’UE – implications stratégiques ». Un manque de production qui risque de conduire à une augmentation des importations.

Or, parallèlement, le ministère de l’agriculture américain (USDA) a réalisé une série de simulations sur les implications de cette stratégie en matière de productions, de marchés, de prix et de revenus pour les consommateurs et agriculteurs européens. « Dans tous ces scénarios, les Américains constatent que les réductions d’intrants proposées affectent les revenus des agriculteurs de l’Union européenne en réduisant leur production agricole de 7 à 12 % et en diminuant leur compétitivité sur les marchés intérieurs et d’exportation. Les revenus des agriculteurs diminueraient de 16 % ! », s’inquiète la CR.

En outre, les projections américaines prévoient également un impact de ces stratégies sur les prix alimentaires mondiaux, de l’ordre de + 9 %, avec des conséquences importantes sur l’insécurité alimentaire dans le monde.  

La Coordination rurale demande donc aux pouvoirs publics des réponses concrètes sur ces points, sur la base d’études qu’ils auraient à disposition, ou à défaut, de « réaliser en urgence » des prospectives « pour ne pas entraîner notre pays et l’Union européenne dans un chaos irréversible et d’un coût exorbitant que ce soit sur le plan sanitaire, social, économique ou géopolitique ».

Lire également : Green Deal, nouvelle Pac et Covid-19 : la Commission face au défi de la cohérence

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