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Dossier : Réforme de la PAC

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Covid-19

Les pertes sont lourdes pour les producteurs laitiers transformateurs


TNC le 13/05/2020 à 10:May
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Si en cette période de crise sanitaire, les consommateurs reviennent vers le local et la vente à la ferme, les producteurs laitiers fermiers encaissent de lourdes pertes économiques. Avec la fermeture des marchés et de la RHD, beaucoup ont dû réorganiser leur production mais ça ne suffit pas. L'ANPLF demande des comptes aux pouvoirs publics.

L’ANPLF (association nationale des producteurs laitiers fermiers) a questionné ses adhérents sur les conséquences du covid-19 pour leur activité. 339 producteurs issus de 13 régions différentes ont répondu à l’enquête (soit plus d’un tiers des adhérents).

Les consommateurs se tournent vers le producteurs mais ça ne suffit pas

Pour ce qui est de la vente à la ferme, les réponses sont partagées entre ceux qui ont vu leurs ventes chuter lié à l’arrêt de l’activité touristique, et ceux près des centres urbains qui ont vu un véritable « retour des consommateurs vers le producteur ». C’est exactement ce que remarquent Thomas et Raphaël : plus de ventes pour l’un et ralentissement de la production pour l’autre.

De la même façon, les magasins de producteurs, les Amap et les tournées à domicile se sont fortement développés. Cela n’a toutefois pas été sans conséquences en termes de temps et de rémunération du travail, comme en témoignent certains producteurs : « Nous faisons en général 70 h/semaine, je suis aujourd’hui à 90 h/semaine, entre les enfants et le nouveau mode de commercialisation. »

Finalement, ce sont surtout les fermetures des marchés qui impactent une grande partie des producteurs fermiers et 2/3 d’entre eux estiment avoir perdu de l’argent. 23 % des producteurs estiment même que leurs pertes dépasseront 50 % de leur chiffre d’affaires par rapport à la même période de l’an dernier.

Des producteurs qui s’adaptent

Près de la moitié des éleveurs ont joué sur les volumes de certains produits et plus globalement sur le volume de lait transformé pour s’adapter à la crise. En revanche, l’ANPLF confie qu’un grand nombre de producteurs a fabriqué davantage de fromages dits « de garde », qui sont actuellement stockés en vue d’être vendus après la crise mais qui sont aujourd’hui inquiets, car ils ne savent pas s’ils seront en capacité d’écouler leurs produits au final.

Lire aussi : À chacun sa solution pour livrer moins de lait sans réduire sa production

L’enquête révèle que certains ont même dû se résoudre à jeter du lait (13 % de l’échantillon) et que d’autres se sont vus obligés de limiter leurs volumes de production (23 %). « Il s’agit de pertes sèches qui ne seront pas rattrapées », s’inquiète l’association de producteurs.

Lire aussi : Certaines vaches rient, d’autres se battent pour « sauver la gastronomie »

Vers une annulation des charges et un soutien des pouvoirs publics ?

L’ANPLF en appelle au gouvernement et propose les mesures suivantes :

– Pour l’ensemble des producteurs ayant subi des pertes de chiffre d’affaires, des annulations de charges et des prêts de trésorerie à taux 0 ou à taux très faibles ;

– Pour les producteurs ayant perdu plus de 50 % de chiffre d’affaires pendant les mois de crise, en plus des mesures précédentes, un suivi spécifique par des comités régionaux ;

– La reconnaissance de la maîtrise des mesures barrières par les producteurs laitiers fermiers ;

– Le soutien d’une campagne de promotion des produits laitiers fermiers pendant et après la crise ;

– Le redémarrage de tous les marchés.

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