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Dossier : Réforme de la PAC

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Marché du lin

L’arrêt de la consommation de textile pèse sur la filière lin


TNC le 07/05/2020 à 17:May
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Comme beaucoup d’autres filières agricoles, le lin aussi fait les frais du coronavirus. Les stocks restant seront particulièrement élevés, et face à la crise de débouchés, une forte réduction des surfaces est nécessaire, selon le Cipalin.

Alors que surfaces de lin étaient en hausse à chaque récolte en Europe (+ 100 % en 10 ans), que les débouchés chez les filateurs asiatiques étaient toujours en croissance et que des filateurs européens réorganisaient à l’échelle locale leur outil de production pour structurer un écosystème local, la « crise économique est venue stopper net la croissance commerciale du lin », affirme le Comité interprofessionnel de la production agricole du lin (Cipalin).

Le marché du textile a été mis à l’arrêt, ce qui a eu des conséquences directes sur le lin : « en mars, le marché final dans les pays développés a connu une chute d’au moins 50 % dans un contexte où les confinements ne faisaient que débuter ».

La crise est telle, que « d’un point de vue global, les prévisions de croissance montrent déjà que 2020 sera une « année perdue » et que le rebond attendu en 2021 ne couvrira sans doute pas les pertes ». 

Des difficultés avant même le début du confinement français

Pour les professionnels du teillage de fibres, la crise a commencé bien avant la mise en place du confinement en France. « Fin janvier, alors que le virus semblait encore lointain pour les économistes, la Chine (85 % des débouchés à l’exportation de fibres de lin) imposait un confinement dur qui allait mettre l’ensemble de l’économie et ses filatures quasiment à l’arrêt. »

Le second débouché à l’export hors-Europe, l’Inde, qui concentre 10 % des exportations européennes de fibres de lin, a également été impacté. Au moins jusqu’au 17 mai, le pays va « continuer à adopter un confinement strict sur une partie de son territoire ».

Face à ces difficultés, « les 22 usines de teillage ont mis à profit le temps d’arrêt pour préparer avec pragmatisme et ingéniosité des plans de continuité d’activité qui ont permis une reprise progressive de l’activité depuis le 27 avril. » 

Réduire les emblavements 2021 de 50 à 70 %

Au 7 mai, le Cipalin « observe une reprise partielle et progressive de l’activité de l’ordre de 30 % en moyenne sur l’ensemble des entreprises de teillage français. Ce rythme pourrait perdurer jusqu’aux congés d’été en l’absence de signaux positifs de demande sur le marché. »

La transformation de la récolte 2019 est en retard : dans les teillages en moyenne, seulement 1/3 de la récolte était transformé fin mars 2020. « Les besoins de stockage de paille dans les exploitations agricoles et de stockage des fibres en teillage seront inédits et très importants », selon le Cipalin. « Un report de paille massif est donc à prévoir avec pour conséquence une baisse brutale des acomptes et des recettes dès cette année. » Les nouvelles ne sont pas plus réjouissantes pour la récolte 2020 : « les prévisions anticipent un stockage à la ferme au-delà de l’automne 2022 ».

« Au vu des indicateurs économiques mondiaux du marché du lin au rouge et des échanges intrafilière », le Cipalin estime qu’il serait nécessaire de réduire par deux voire trois les emblavements 2021.

Une offre abondante pour accompagner la reprise

Pour Guillaume Hemeryck, agriculteur et président de Terre de Lin : « Face à une crise inattendue et sans précédent, nous devons être très réactifs. En premier lieu avoir un discours de vérité sur la situation du marché final. L’arrêt brutal des achats de fibres et les emblavements records de 2020 laissent supposer une offre abondante pour accompagner le marché et nos clients quand l’économie textile reprendra. Pour réduire la durée de la crise, l’adaptation des rythmes de teillage et le report des pailles devront nécessairement être accompagnés d’une réduction drastique des surfaces en 2021. Comptons sur les facultés d’adaptation de chaque producteur et de chaque teilleur, pour mieux rebondir à terme. »

Quant à Pierre D’Arras, PDG Van Robaeys Freres, il estime que « la reprise des échanges commerciaux entre teilleurs et filateurs s’annonce longue et fragile et la fin du confinement ne se traduira sans doute pas directement par une hausse tangible de la consommation finale. »

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