Accéder au contenu principal

sommaire

Sommaire du dossier

Dossier : Réforme de la PAC

précédent

/89

articles

suivant

Conséquences économiques du Covid-19

La FNSEA demande des mesures d’accompagnement au gouvernement et à l’UE


TNC le 14/04/2020 à 09:Apr
fiches_eu-1232430_1920

Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

La crise sanitaire actuelle impacte les habitudes d’achats des Français qui consomment davantage en circuit court, local, et se sont rendus compte de l’importance de l’agriculture au quotidien. Pour la présidente de la FNSEA, cette situation implique des changements qu’il faudra pérenniser. En attendant, le syndicat demande des mesures nationales et européennes pour aider les productions, mises en difficulté par la fermeture de débouchés, à surmonter la crise.

« Indéniablement, cette crise a rapproché les consommateurs de leur alimentation », a souligné Christiane Lambert dans une vidéo diffusée le 10 avril. « Les Français  ont mesuré l’importance d’avoir des placards pleins, avec des produits variés et de qualité, ce qui est positif pour nous, agriculteurs : ces regains d’intérêt pour les circuits courts, les produits locaux, le bio, font qu’il y aura des changements à terme et nous devrons saisir cette opportunité », salue la présidente de la FNSEA.

Lire aussi : FNSEA : Les Français ont « complètement changé leur mode de consommation »

Face aux difficultés dans certaines filières, les distributeurs ont par ailleurs accepté de faire un effort et de mettre en avant les produits français. « Pour un ménage, l’achat de produits français représente un surcoût de 12 à 15 euros par mois », indique Christiane Lambert, soulignant que « l’autonomie et la sécurité alimentaire ont un prix », qui reste supportable pour la plupart des foyers.

Les changements de consommation liés au confinement provoquent cependant des difficultés importantes dans un certain nombre de filières. L’arrêt des restaurations collectives et commerciales ont fait chuter la consommation de frites et donc de pommes de terre, certaines volailles comme le canard, les cailles, les pigeons ont perdu l’essentiel de leurs débouchés… Comme les autres syndicats agricoles, la FNSEA demande entre autres la réouverture des marchés de plein vent, une demande également formulée par le ministre de l’agriculture le 12 avril, alors que le Premier ministre avait ordonné leur fermeture. « Un protocole sanitaire validé par quatre ministres apporte toutes les garanties », affirme Christiane Lambert. Par ailleurs, la FNSEA demande à ce que le dispositif d’accompagnement de l’État (qui permet aux entreprises ayant une baisse de chiffre d’affaires de 50 % ou plus entre les mois de mars 2019 et de mars 2020, de bénéficier d’une aide de 1 500 euros) soit élargi à l’année entière, sachant que « le mois de mars 2019 n’était déjà pas un bon mois », explique la présidente de la FNSEA.

Appel à l’UE et inquiétude sur les marchés internationaux

Pour la filière laitière, qui a déjà décidé de réduire sa production en avril pour limiter la crise, « nous devons compter sur le budget européen et sur les dispositifs européens », estime Christiane Lambert. Si le commissaire européen à l’agriculture « n’a pas encore exprimé d’écoute sur ce sujet », indique-t-elle, le ministre de l’agriculture travaille en ce sens à Bruxelles pour demander notamment l’activation d’outils de stockage ou des dérogations au droit de la concurrence.

Lire aussi : Filière laitière – Le coronavirus modifie les habitudes d’achats

La pandémie actuelle montre en tout cas, au niveau de l’Europe et de la Pac, que « ceux qui pensaient que l’on pouvait abandonner les outils de régulation se trompent », rappelle Christiane Lambert. « Cette crise sanitaire montre bien à quel point il est nécessaire d’avoir des outils de stockage, de régulation », insiste-t-elle, évoquant également la remise en question nécessaire de certains accords commerciaux, notamment celui avec le Mercosur.

Mise au point sur les phytosanitaires

La présidente de la FNSEA a par ailleurs évoqué le sujet des chartes riverains. Élaborées au niveau départemental, ces chartes doivent permettre aux agriculteurs de réduire les distances imposées par l’État dans le cadre de la nouvelle réglementation sur les ZNT. Dans la situation actuelle, qui empêche les consultations au public, les chartes sont applicables dès lors qu’elles sont déposées auprès du préfet, ce qui a suscité l’indignation de plusieurs ONG. « Il n’y a pas de tromperie, c’est ce qui avait été prévu. En revanche nous n’avions pas prévu que les élections municipales soient repoussées, nous n’avions pas prévu que la pandémie bloque les consultations au public, il y aura bien la consultation ensuite, elle aura lieu, mais après. Il n’y a pas de hold up », a insisté Christiane Lambert.

Lire aussi : Réduction des distances possible dans plus de 25 départements

À noter que la présidente de la FNSEA avait également réagi le matin sur France Inter, aux demandes de l’association Respire qui a déposé le 7 avril un référé-liberté devant le Conseil d’Etat pour réduire les épandages agricoles et la pollution de l’air pendant toute la durée de la pandémie, dénonçant des niveaux importants de pollutions aux particules fines depuis le début de la crise, et accusant les activités agricoles. « Ce que l’on constate, c’est que la pollution a fortement diminué. La responsabilité de la pollution par l’agriculture est de 5 %. Si la pollution a diminué, alors que les travaux agricoles continuent, c’est qu’il n’y a pas une responsabilité forte du secteur agricole. J’attends que l’Anses réponde avec des arguments scientifiques », estime de son côté la présidente de la FNSEA.

A lire également sur Decodagri.fr : Non, les épandages ne véhiculent pas le Covid-19 dans l’air à ce jour

Les articles du dossier