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Dossier : Réforme de la PAC

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Fermeture des marchés primeurs

La filière tente de rebondir et appelle à l'aide


AFP le 24/03/2020 à 15:Mar
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

« Un coup de massue » : face à l'interdiction des marchés primeurs de plein air pour lutter contre la propagation du Covid-19, le secteur tente de se réorganiser pour écouler sa production et appelle à l'aide.

Après la fermeture des restaurants et des cantines, l’étau se resserre autour des producteurs qui ne pourront désormais plus non plus écouler leur marchandise sur les marchés. « Même si nous nous attendions à ce qu’il y ait des dispositions de prises (…), nous avions quand même grand espoir que les marchés puissent continuer », a déclaré mardi sur France Inter Monique Rubin, présidente de la Fédération nationale des marchés de France.

La décision du gouvernement de fermer dès mardi les marchés de plein air est un « coup de massue », selon elle : «  On ne peut pas nous demander de continuer à produire pour nourrir les gens et ensuite nous interdire de vendre », a protesté la Coordination rurale, qui suggère que les marchés se tiennent sur « des installations sportives » afin de « faire respecter les gestes barrières ». D’autant que les supermarchés seuls ne « suffiront pas » à nourrir tout le monde, « sachant que leurs centrales d’achat ferment faute de personnel et d’approvisionnement espagnol », a estimé Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne. La mesure fait partie de la réponse du gouvernement à la demande de nombreux médecins d’imposer des dispositions plus strictes face à une épidémie qui se propage et a tué 860 personnes en France, selon le dernier bilan. L’exécutif a toutefois laissé la porte ouverte aux dérogations, notamment lorsque le marché est «le seul» moyen d’avoir «accès à des produits frais».

« On ne capitule pas », a réagi sur RTL Christiane Lambert, la présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui a déjà envoyé à tous ses départements « un guide de bonnes pratiques » avec des « mesures pour éloigner des étals et exposants, créer des barrières et des gestes barrières », afin de tenter de rouvrir les marchés. En attendant, les acteurs concernés cherchent des solutions d’appoint. « Les gens vont essayer de vendre leur stock directement, mais ça ne va pas durer », a commenté auprès de l’AFP Christel Teyssedre, présidente de Saveurs commerce, une fédération de syndicats de primeurs regroupant 12 000 commerçants artisans en fruits et légumes, dont la moitié exercent sur les marchés en France.

« Les producteurs ont une production à écouler, il va bien falloir trouver une solution », a-t-elle ajouté, déplorant que les enseignes de grande distribution, qui restent ouvertes, tirent leur épingle du jeu.

Lire aussi : L’alimentation, nerf de la « guerre » contre le virus

La grande distribution se positionne

Le Comité national des appellations d’origine laitière (Cnaol) réfléchit aussi à différentes solutions, notamment à la vente en directe, pour aider les producteurs à vendre fromages, beurres et crèmes AOP. Les réseaux de proximités (marchés et crémerie) représentent 12 % à 15 % des ventes de ces produits labellisés, mais pour certains producteurs fermiers et PME, il s’agit du principal canal de distribution. « Le commerce se réoriente vers la grande distribution donc on a fait des propositions » pour pouvoir vendre dans les enseignes les produits laitiers AOP, en les présentant « pré-emballés » et « pré-découpés », explique à l’AFP Michel Lacoste, le président du Cnaol. Cependant, les « échanges avec des responsables de la grande distribution » ne se sont pas encore concrétisés.

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a justement appelé mardi les grandes enseignes à s’approvisionner auprès des producteurs français pour les aider à faire face à la fermeture des marchés. Plusieurs d’entre elles se sont déjà positionnées. Système U va par exemple mettre « en avant l’origine France sur les asperges, les fraises, qui sont des produits de saison », a indiqué sur France Inter Dominique Schelcher, le patron de l’enseigne, qui va aussi « payer comptant les factures de tous » ses fournisseurs afin de soutenir leur trésorerie. Carrefour de son côté souhaite donner un coup de pouce aux pêcheurs français. Le groupe s’est engagé « auprès de plusieurs mareyeurs (…) en garantissant des volumes et des prix d’achat sur une dizaine d’espèces majeures dont le maquereau, la sardine, la julienne ou le merlan ». De son côté, Intermarché compte communiquer pour encourager les Français « à consommer notamment plus de fraises et d’asperges françaises, ainsi que de poisson issu de la pêche fraîche française ».

Lire aussi : Le cri d’alarme des producteurs de fraises et d’asperges

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