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Dossier : Réforme de la PAC

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Négociations post-Brexit

Barnier s'inquiète des « sérieuses divergences » avec Londres


AFP le 05/03/2020 à 15:Mar
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Pour la députée européenne Irène Tolleret, qui siège à la "Comagri", la réforme de la Pac sera pas applicable avant 2023 (©Pixabay)

Le négociateur de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, s'est inquiété jeudi de « sérieuses divergences » avec le Royaume-Uni sur la future relation post Brexit, à l'issue d'un premier round de négociations à Bruxelles avec les Britanniques.

« Pour être tout à fait franc, il y beaucoup de divergence et des divergences très sérieuses », a déclaré le Français lors d’une conférence de presse. Concernant la pêche, un sujet très sensible pour plusieurs États membres, France en tête, il a notamment souligné que la proposition britannique de négocier avec l’UE tous les ans l’accès à ses eaux était « impraticable ». Je veux être très clair sur ce point : un accord commercial et économique avec le Royaume-Uni devra inclure une solution équilibrée pour la pêche », a-t-il insisté.

Le Français a cité d’autres obstacles dans la discussion avec Londres, en particulier sur le rôle de la Cour de justice européenne en cas de conflit sur la mise en œuvre du futur accord, ainsi que sur les conditions de concurrence.

Craignant de voir apparaître une économie dérégulée à sa porte, l’Union conditionne le degré d’accès des Britanniques à son marché au respect sur le long terme de conditions loyales de concurrence, en particulier de ses normes en matière de droit du travail, d’environnement, de fiscalité et d’aides d’État. « Les Britanniques nous disent qu’ils ont toujours ces ambitions de standards élevés, mais il ne veulent pas traduire ces engagements dans un accord commun », a regretté Michel Barnier. Or, a-t-il martelé, « nous aurons besoin d’un accord de « level playing field » (conditions de concurrence équitable, ndlr) pour garantir ce qui a été promis par (le Premier ministre britannique) Boris Johnson ».

« Un accord est possible, même s’il est difficile », a cependant jugé Michel Barnier. Le Royaume-Uni a par ailleurs fait savoir à l’UE qu’il ne souhaitait pas négocier d’accord particulier » en matière de « politique étrangère et de défense », ce dont elle a pris acte.

« No deal »

Ce premier round de discussions avait débuté lundi, par une rencontre entre Michel Barnier et son homologue britannique, David Frost. Une centaine de négociateurs de chaque côté ont ensuite discuté de mardi à jeudi matin au principal centre de congrès de Bruxelles, au cœur de la ville, autour d’une dizaine de tables de négociations thématiques. Selon plusieurs sources, les négociateurs se sont « mis d’accord » pour éviter de se serrer la main, afin de limiter les risques de propagation du coronavirus.

Les autres rounds de négociation doivent se tenir alternativement à Bruxelles et Londres, toutes les deux à trois semaines. Après la publication la semaine dernière des mandats de négociation des deux camps, qui ont affiché avec vigueur leurs lignes rouges confirmant des divergences profondes, toute la question est de savoir si un terrain d’entente est possible d’ici la fin de l’année. En cas d’échec, c’est un « no deal » avec ses conséquences économiques brutales, pour le Royaume-Uni mais aussi pour le continent, qui s’imposera à la fin de la période de transition, le 31 décembre.

D’un premier bilan des négociations prévu en juin, le gouvernement de Boris Johnson a fait une date-butoir : il a menacé la semaine passée de claquer la porte dès l’été si les discussions s’enlisaient. Compte tenu du faible temps imparti, trois domaines sont prioritaires pour l’UE : les conditions de concurrence dans l’accord de libre-échange, le règlement des différends et la pêche. L’UE espère conclure « un partenariat ambitieux », mais n’est pas prête à brader l’accès de son marché de 440 millions de consommateurs, avertissant qu’elle ne conclura pas d’accord à « n’importe quel prix ».

Le Royaume-Uni qui revendique sa liberté commerciale depuis le divorce du 31 janvier avec l’UE, n’attend rien de plus qu’un « accord de libre-échange qui respecte pleinement » son indépendance, un objectif qui semble bien en-deçà des attentes européennes.

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