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Trésoreries des élevages bovins

Une situation toujours morose fin 2018


TNC le 21/11/2019 à 09:15
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La situation des élevages bovins toujours morose après la clôture de l'hiver 2018. (©TNC)

Instauré en 2015 par l’Institut de l’élevage, l’Observatoire de l’endettement et des trésoreries permet un suivi régulier des exploitations bovines depuis 2013. Dans son dernier rapport, publié le 23 octobre, l’observatoire relève une situation financière plutôt morose dans les élevages, fin 2018, pour les bovins viande comme pour les bovins lait.

L’observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages bovins a suivi 925 comptabilités d’exploitation entre les clôtures 2016 et 2018 dans différentes zones : 456 élevages bovins lait (174 en zone de plaine, 177 en zone de montagne, 105 en Dordogne) et 469 élevages bovins viande (93 naisseurs engraisseurs en Grand-Ouest, 211 naisseurs en bassin allaitant, 165 naisseurs en montagne).

La situation financière des exploitations laitières est en berne

Le prix du lait qui était en hausse fin 2017-début 2018 est finalement stable sur les clôtures de fin 2018 par rapport à 2017. Ainsi, le produit brut des exploitations laitières suivies reste à un niveau équivalent à celui de l’année précédente, mais cette stabilisation est contrebalancée par une hausse des charges dans les trois zones observées.

Voir aussi : Conjoncture laitière : Une progression de la collecte stoppée par l’incendie de Lubrizol

L’Excédent brut d’exploitation (EBE) baisse partout : – 12 % pour les exploitations du Grand Ouest, – 2 % pour la Dordogne, – 4 % pour les exploitations laitières de montagne.

Parallèlement, entre 2017 et 2018, les annuités sont en hausse légère dans le Grand-Ouest et le Cantal, et en hausse marquée en Dordogne.

Si d’après l’observatoire, en 2017, le revenu disponible avait augmenté partout, de l’ordre de + 105 % dans le Grand-Ouest, + 89 % en Dordogne et + 59 % en montagne, il baisse à nouveau sur l’ensemble des zones en 2018 : – 30 % dans le Grand-Ouest, – 16 % en Dordogne et – 9 % en zone de montagne, pour un revenu moyen inférieur à 16 000 € par UTH familial annuel.

Voir aussi : Le revenu des agricultrices est 30 % inférieur à celui des agriculteurs

Malgré des prélèvements privés encore restreints (18 000 € annuels par UTH familiale en moyenne toutes zones), les élevages ne parviennent pas à dégager une marge de sécurité, indique également l’étude. À noter que les investissements reprennent dans le Grand Ouest et la Dordogne.

Voir aussi, sur les élevages laitiers du Grand Ouest : les systèmes herbagers plus simples à transmettre et à reprendre

35 % d’élevages bovins lait en situation critique

Un tiers des exploitations sont en situation critique, une proportion qui atteint 49 % pour les élevages du Grand-Ouest. La situation des exploitations endettées à long et moyen termes et avec une trésorerie négative ne s’améliore pas : les dettes court-terme de ce groupe sont 1,9 fois supérieures à la moyenne, autour de 165 € / 1 000 l contre 92 €/1 000 l (moyenne toutes exploitations).

La sécheresse du deuxième semestre 2018 et celle de 2019 auront probablement des conséquences économiques et financières encore plus négatives pour ces élevages.

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Pas d’embellie pour les exploitations allaitantes

Le produit brut des exploitations allaitantes suivies reste relativement stable depuis 2016, mais comme pour les exploitations laitières, on observe une hausse des charges de + 4 % en moyenne, notamment les charges alimentaires (sauf dans le Cantal) et de structure, conduisant à une baisse de l’EBE, en dehors du bassin allaitant.

Lire : En bovin viande : coûts, valeur ajoutée et productivité, les trois facteurs clés de la résilience

Le revenu disponible évolue de façon contrastée en fonction des zones. La baisse est ainsi très marquée dans le Grand Ouest (- 34 % entre 2017 et 2018, après une baisse de – 21 % entre 2016 et 2017) et en montagne (- 21 % entre 2017 et 2018, après une hausse de + 11 % entre 2016 et 2017). Dans le bassin allaitant, où il avait chuté de 22 % entre 2016 et 2017, le revenu disponible augmente de 10 % entre 2017 et 2018. Cependant, il reste faible dans toute les zones, fluctuant entre 9 500 € et 20 500 €, pour une moyenne de 15 600 € par UTH familial annuel.

Les prélèvements privés, très restreints (12 600 € annuels par UTH familiale en moyenne toutes zones), servent une nouvelle fois de variable d’ajustement, et réduisent fortement la marge de sécurité dans le bassin allaitant et en montagne. Dans le Grand Ouest, la marge de sécurité des exploitations allaitantes est désormais nulle.

Voir également : Bovins viande, une production et des abattages en recul en 2019

16 % des élevages bovins viande en situation critique

La part des exploitations en situation critique, c’est-à-dire endettées à long et moyen termes et avec une trésorerie négative représente 16 % des élevages suivis, une proportion qui s’élève à 42 % dans le Grand Ouest. Dans le bassin allaitant, ce chiffre baisse à 9 %.

De plus, les dettes court terme augmentent au sein de ce groupe en situation critique, et sont deux fois et demi plus importantes que la moyenne.

Enfin, si la trésorerie s’améliore globalement pour les élevages peu endettés et les élevages endettés à trésorerie positive, la situation s’aggrave à ce niveau pour les exploitations à trésorerie négative.

« Comme pour tous les élevages, mais avec des effets encore plus sévères sans doute, les sécheresses de 2018 et 2019 ne seront pas sans conséquences économiques et financières pour ces exploitations dans les mois et années à venir », indique l’Institut de l’élevage.

Voir aussi : Bovins lait et viande – La sécheresse 2018 a mis les éleveurs à sec