Accéder au contenu principal

sommaire

Sommaire du dossier

Dossier : Mobilisation des agriculteurs

précédent

105/137

articles

suivant

Actions syndicales

Dans le Lot-et-Garonne, l'influente et redoutée Coordination rurale


AFP le 27/01/2024 à 21:Jan
Traffic jam, tractors and cars.

(©Getty Images)

Désormais en pointe de la contestation agricole, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, dont les troupes prendront la route lundi pour aller bloquer le marché de Rungis près de Paris, est aussi influente que redoutée dans ce « verger de la France ».

Blé, maïs et tournesol y occupent plus de la moitié des surfaces mais fruits et légumes génèrent 40% de la valeur de la production selon l’Insee, et représentaient 3 300 salariés en 2021.

D’après le Conseil départemental, le Lot-et-Garonne est le premier producteur de fraises, d’aubergines, de poivrons et piments, de noisettes, de kiwis et de tabac brun, avec des spécialités reconnues comme la tomate de Marmande ou le pruneau d’Agen.

Depuis deux décennies, la Coordination rurale (CR47) y contrôle la Chambre d’agriculture, avec 60% des suffrages lors des derniers scrutins, et est omniprésente sur le terrain derrière l’emblématique Serge Bousquet-Cassagne, 64 ans, président de la Chambre depuis 2013.

« Je suis élu par des paysans, je n’obéis qu’aux paysans, je suis leur porte-voix, toujours à visage découvert et en assumant ce que l’on fait », affirmait il y a quelques mois à l’AFP celui qui revendique 18 procès en 30 ans d’engagement.

Les actions qu’il a menées avec la CR47 (opération commando chez un négociant, occupation des locaux de la Mutualité sociale agricole, saccages de supermarchés et centrales d’achat, blocages d’Agen) ont en effet souvent fini devant la justice.

Pneus et lisier

Serge Bousquet-Cassagne a été condamné à de la prison avec sursis, notamment, pour avoir fait construire la retenue d’eau de Caussade durant l’hiver 2018-2019 sans autorisation… ce qui n’empêche pas celle-ci d’avoir toujours fonctionné depuis, comme l’a déploré récemment la Cour des comptes.

La CR47 est ciblée aussi par une information judiciaire ouverte après une plainte de la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, dont un déplacement dans le Lot-et-Garonne, l’an dernier, avait été fortement perturbé par le syndicat – il lui avait signifié, la veille, qu’elle n’était « pas la bienvenue ».

La responsable écologiste avait alors fustigé « un syndicat d’extrême droite », un fils de Serge Bousquet-Cassagne ayant été cadre du Front national (devenu par la suite Rassemblement national) dans le Lot-et-Garonne, et le père assumant sa proximité « avec toutes les droites ».

Après que les agriculteurs aux bonnets jaunes, couleur de la CR, eurent allumé un gros feu devant la préfecture d’Agen mercredi soir, la députée RN Hélène Laporte est venue les assurer de son soutien jeudi matin.

En novembre, 300 agriculteurs et 80 tracteurs, à l’appel du syndicat, avaient déjà déversé pneus et lisier devant des bâtiments administratifs à Agen. Le préfet avait « désapprouvé » et refusé de recevoir le syndicat, avant qu’une banderole accrochée aux grilles de la préfecture -« honte au préfet qui méprise les paysans »- ne le fasse changer d’avis.

Cette semaine, ils étaient 600 à camper sur l’A62 et ont multiplié les opérations coup de poing sans que personne n’y trouve à redire -« je comprends bien sûr », a même dit le directeur d’une base logistique Super U quand des tracteurs y ont déversé du purin.

Les articles du dossier