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Dossier : Mobilisation des agriculteurs

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Manifestations des agriculteurs

Blocage des accès majeurs à Paris annoncé à partir de 14h00


AFP le 26/01/2024 à 12:Jan
Traffic jam, tractors and cars.

(©Getty Images)

Déjà plusieurs centaines de kilomètres de routes bloquées à travers la France et une colère qui ne faiblit pas : avant les annonces du Premier ministre Gabriel Attal attendues en fin d'après-midi, les agriculteurs annoncent le blocage d'accès majeurs à Paris à partir de 14h00.

Gabriel Attal doit se rendre vendredi dans une exploitation bovine de Haute-Garonne, où il échangera avec des agriculteurs et tentera de répondre à leur colère, a indiqué Matignon.

En attendant ses annonces, les agriculteurs ont mis en place des blocages dès l’aube sur des axes routiers majeurs. Et visent Paris : la section d’Ile-de-France du syndicat majoritaire agricole FNSEA a prévu cinq « points de blocage » situés à plusieurs dizaines de kilomètres de Paris à partir de 14h00, en précisant qu’il ne s’agirait pas d’opérations de péage gratuit et que ces blocages dureraient jusqu’à minuit, avec une « prolongation possible ».

Parmi les lieux visés figure le péage de Saint-Arnoult sur l’A10-A11, point de trafic important vers l’ouest de la France. Autres barrages prévus : sur l’A6, au sud de la capitale, au niveau de Villabé; sur l’A13, qui va vers la Normandie, au péage de Buchelay ; sur la RN14 reliant Paris à Rouen, au niveau de Villeneuve Saint-Martin à Ableiges ; et sur l’A16, au nord de Paris, au niveau du carrefour de la Croix Verte et de Champagne-sur-Oise.

Près de 400 kilomètres sur un axe allant du sud de Lyon vers l’Espagne ont déjà été fermés à la demande des autorités. L’A1, reliant Paris au nord de l’Europe, est aussi fermée à la circulation à la fois au niveau de Senlis, dans l’Oise, et de Seclin, au sud de Lille. « On attend des réponses du Premier ministre et si on n’en a pas on continuera le mouvement », résume Jérémy Allard, président des Jeunes agriculteurs du canton de Quesnoy-sur-Deûle, sur le barrage de Seclin.

« Ça fait des mois et des années qu’on réclame ces choses simples, on veut vivre de notre métier et pas toujours subir la concurrence déloyale d’autres pays », clame-t-il.

« On joue notre survie »

Les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu’ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire l’an dernier, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers.

Certains réclament une baisse du GNR (gazole non routier). D’autres veulent un prix minimum pour leurs produits, ou le versement d’aides ou d’indemnisations dues de longue date, voire un moratoire sur l’interdiction des pesticides, comme nouvellement demandé par la FNSEA. Une partie des 140 revendications portées par le syndicat majoritaire nécessitent une loi ou des négociations à Bruxelles.

Un peu partout dans le pays, les manifestants s’en sont pris jeudi à des symboles de l’Etat et des grandes surfaces, donnant l’image d’une colère se radicalisant.

Vendredi matin, en plus du blocage d’autoroutes, ils ont organisé des barrages filtrants, comme sur la N164 à hauteur de Trémorel dans le Finistère, et des opérations escargot, comme sur la rocade autour de Bordeaux.

Autour de Montpellier, des convois venant de toute la région étaient en passe de converger ensemble vers la préfecture de l’Hérault, tandis que le syndicat agricole basque ELB a bloqué le port de Bayonne, notamment pour « dénoncer les accords de libre-échange ».

Dans l’Oise, une poignée d’hommes a passé une nouvelle nuit sur l’autoroute A16, au niveau du péage d’Amblainville, se réchauffant à la flamme et aux cafés brûlants. « À un moment il faut durcir le mouvement, on n’a rien sans rien », a dit à l’AFP Rémi Voltaire, 31 ans, espérant que le convoi se dirige vers Paris, sans même attendre les annonces du gouvernement.

« On éviterait bien d’aller à Paris », a avancé de son côté Christophe Hillairet, président de la chambre d’agriculture de la région Île-de-France, sur BFMTV. « Notre job nous, c’est de cultiver, de produire de la nourriture, mais pas d’emmerder les gens, sauf qu’aujourd’hui on joue notre survie. »

« Débloquer la situation »

Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, l’assure : sur le GNR, « il y aura des annonces fortes tout à l’heure », et face à l’empilement des normes, il faut « un choc de facilité ». Surtout, le Premier ministre devrait selon lui annoncer une « feuille de route » qui devrait « débloquer la situation ».

Alors que les agriculteurs sont également mobilisés en Allemagne, Belgique, Pologne ou Suisse, le mouvement est populaire en France, mais tous les syndicats ne plaident pas pour sabrer les normes environnementales. La Confédération paysanne, 3e syndicat représentatif, classé à gauche, propose des solutions différentes de celles des syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale.

L’eurodéputée écologiste Marie Toussaint a regretté vendredi sur France Bleu Poitou que « quand la FNSEA demande quelque chose, l’arrêt des législations sur les produits phytos (…) qu’on aille plus lentement sur la transition écologique, le gouvernement cède en permanence ». Il faut plutôt selon elle « sortir le carnet de chèque » pour aider les paysans.

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