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Marché du blé

Le cours du blé va-t-il poursuivre sa tendance haussière ?


TNC le 05/12/2019 à 09:52
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Pourquoi le cours du blé a augmenté de 20 €/t sur Euronext ces deux derniers mois ? Cette tendance haussière va-t-elle se poursuivre dans les mois qui viennent ? Laurent Crastre de Tallage et Gautier Le Molgat d’Agritel avancent plusieurs raisons : la baisse des surfaces, une demande soutenue, des chargements français dynamiques et des prix qui remontent en mer Noire, notamment. Selon eux, les cours pourraient encore progresser. À moins que, pour d’autres raisons, le soufflé ne retombe bien plus rapidement qu’il n’est monté.

Laurent Crastre (Tallage) et Gautier Le Molgat (Agritel) apportent leur expertise sur le marché du blé. (©Laurent Crastre, Gautier Le Molgat, Pixabay / Création TNC))

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Depuis les plus bas de septembre, le blé a pris près de 20 €/t sur Euronext.

« La principale raison qui explique la hausse du blé depuis septembre est l’inquiétude concernant les semis en France et au Royaume-Uni, avec des surfaces qui s’annoncent en baisse comparé à la dernière récolte », explique Laurent Crastre, analyste marché des grains chez Tallage. Fin novembre, il restait encore 20 % des surfaces de blé à emblaver en France. Ce retard, dû aux mauvaises conditions climatiques, apparaît difficilement rattrapable et aura une incidence sur la prochaine récolte.

« Alors qu’au départ les craintes concernaient plus le nord de la France et le Royaume-Uni, les précipitations au cours du mois de novembre ont été encore pires sur la façade Ouest ». Le retard le plus important concerne désormais cette zone, explique l’expert. « Les semis restent encore possible dans certaines régions, bien que la fenêtre soit plus ou moins dépassée. » Quoiqu’il en soit, « l’assolement pourrait être en baisse de l’ordre de 5 % pour la récolte 2020 ».

Bien évidemment, le gros du rendement va se faire plus tard dans la saison, précise Laurent Crastre. « Mais pour le moment, d’après l’historique, on peut dire que lorsqu’on part de semis plus tardifs et qui se passent dans des conditions très humides, on a derrière des plans qui évoluent dans un premier temps moins bien, qui auront des racines moins développées par exemple. Cela peut entraîner de nombreux problèmes pendant le développement, selon ce qui se passe plus tard dans le cycle ». Plus le blé est semé en retard, plus le rendement potentiel apparaît faible.

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Toutefois, est-ce que cela justifie une hausse aussi rapide ? Pas sûr, selon l’analyste. « On s’attend à ce qu’il y ait une hausse d’ici la fin de campagne, mais pas à ce que ça aille aussi vite ». Compte tenu de ce qui s’annonce en surface au niveau mondial l’année prochaine, « notamment en Russie et en Ukraine où les surfaces sont attendues très élevées et en Australie où on peut espérer un retour des conditions normales. Si le développement se passe dans de bonnes conditions, il n’y a aucune raison de voir les prix monter. Il n’est pas à exclure que les prix se prennent une claque au printemps ». D’ici là, la tendance haussière pourrait se poursuivre, mais pas à la vitesse qu’il y a eu en novembre, selon Laurent Crastre. À court terme, les prix pourraient se stabiliser voire baisser un peu.

D’après Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d’Agritel, d’autres éléments ont également alimenté la hausse. « Aujourd’hui, on voit qu’il y a une bonne demande et que les origines françaises sont revenues dans le course à l’export ». Le blé a réussi à gagner en compétitivité sur le début de campagne et a su profiter de nombreuses opportunités. « Quand on regarde les chargements des bateaux, on constate que beaucoup d’affaires ont été réalisées et c’est plutôt pas mal. Ça anime un peu le marché », analyse le spécialiste. « Il y a de nombreux bateaux en chargement, et notamment vers la Chine ». Plus de dix bateaux ont été réalisés vers cette destination entre juillet et décembre. « Ce sont des éléments très positifs pour le marché du blé ».

Pour rappel, le blé français vise les 12 Mt d’exports pour la campagne en cours, compte tenu de la production supérieure à 39 Mt cette année. Pour parvenir à l’objectif, l’origine française devra rester compétitive face à ses concurrents, et notamment à l’Argentine et à la mer Noire.

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D’ailleurs en mer Noire, « ils ont pas mal exporté depuis le début de campagne et on voit les prix doucement augmenter. Ils ont moins de volumes en zone portuaire et ce qui est rare est cher, donc ça contribue à l’augmentation de leurs prix, explique l’analyste. La forte demande sur le marché intérieur russe tire également les prix ». Toutefois, la compétition entre les origines européennes et les origines mer Noire à l’export est toujours d’actualité. Le dernier appel d’offre égyptien, datant du 3 décembre, n’a pas manqué de le rappeler. La France n’a pas su se montrer suffisamment compétitive, pénalisée par un coût du fret trop élevé, et c’est la Russie qui a remporté la totalité des volumes, soit 295 kt.  « Le blé français se doit de rester compétitif et ne pourra pas monter plus vite que l’origine mer Noire ».

« Aujourd’hui les prix se sont redressés et reviennent sur des niveaux de prix qui sont au plus haut depuis la récolte, notamment en zone portuaire. Ça devrait éveiller de l’intérêt chez les agriculteurs », souligne le spécialiste.

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