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Marché du blé

Pourquoi le blé français est aussi compétitif cette année ?


TNC le 14/11/2019 à 18:30
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Les exportations françaises de blé tendre se porteront cette année à 12 Mt selon FranceAgriMer. (©TNC) 

Le blé français démontre sa compétitivité durant cette campagne et parvient à saisir de nombreuses opportunités à l'export. Après un premier bond de 700 kt lors des estimations d'octobre, FranceAgriMer en remet une couche ce mois-ci et estime désormais que les exportations de blé français vers les pays tiers se porteront à 12 Mt. Plusieurs raisons permettent d'expliquer le succès du blé tricolore. Mais l'avenir reste plein d'incertitudes.

Ce mercredi a eu lieu le conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer et des réajustements ont été faits concernant le marché du blé. Les exportations françaises de blé tendre sont désormais attendues à 12 Mt, soit + 300 kt par rapport aux estimations d’octobre et + 1 Mt comparé à celles de septembre ! Les révisions à la hausse se succèdent et Marc Zribi, chef de l’unité grains de FranceAgriMer, ajoute que « FranceAgriMer reste dans une position de prudence », alors que certains opérateurs parlent de 13 Mt. Ce qui est certain selon lui, c’est que les exportations seront « au minimum à 12 Mt ». Un réajustement de plus pourrait donc bien avoir lieu ultérieurement. Quant aux expéditions intracommunautaires, elles ont été relevées de 77 kt ce mois-ci et s’établissent à 8,44 Mt, soit une hausse de 14,5 % comparé à 2018/19.

 « Le blé le moins cher du marché »

Au 11 novembre 2019, la Commission européenne indique que les exports français de blé vers les pays-tiers se portent à 2,79 Mt depuis le début de la campagne.

Parmi ses nombreux compétiteurs, notamment la Russie, l’Ukraine ou encore la Roumanie, la France a su tirer son épingle du jeu, grâce à des prix qui sont devenus particulièrement compétitifs.

Au cours du mois d’octobre, le blé meunier français en Fob Rouen s’affichait à 195,9 $/t, contre 201,5 $/t pour le blé d’origine mer Noire. (Pour rappel, les prix en octobre 2018 étaient alors de 235,4 $/t pour le blé français et de 213,9 $/t pour son homologue russe). C’est donc aujourd’hui « le blé le moins cher du marché ».

Évolution des prix Fob en France, Russie et Ukraine (©GrainPrices)

La parité euro/dollar : « un coup de pouce tout à fait appréciable »

La France confirme son dynamisme à l’export sur cette première partie de campagne et plusieurs éléments sont en cause.

Un des facteurs qui joue sur la performance française est la parité. « Le taux de change euro/dollar est important pour la compétitivité des exportations européennes. Or, il a légèrement fléchi ces dernières semaines pour se stabiliser autour de 1,10 – 1,12 $ pour 1 € ». Ce qui représente une dépréciation de l’euro par rapport au dollar de l’ordre de 5,5 – 6 % sur un an. « C’est un coup de pouce tout à fait appréciable qui est donné aux exportations européennes et particulièrement aux exportations françaises. » affirme l’expert.

Le coût du fret, qui avait nettement augmenté pendant l’été, redescend. Il avait pénalisé les offres françaises à plusieurs reprises, comme le soulignait FranceAgriMer en octobre dernier. « Au niveau des grand acheteurs, le coût du fret est susceptible de faire la différence dans les décisions d’achats. « La France a été très présente sur tous les appels d’offres mais c’est parfois un écart de 1 ou 2 $/t, principalement imputable au coût du fret sur le prix final, qui va jouer en faveur de la Russie ou de l’Ukraine, voire de la Roumanie. »

Les exportations des principaux concurrents de la France, à savoir, les origines Mer noire, sont affectées par une parité monétaire qui leur est moins favorable. Les blés ukrainiens et russes sont pénalisés par l’appréciation respective de la hryvnia (+ 14,3 % sur un an) et du rouble (+ 2,3 %) ». Le blé français, et plus largement européen, bénéficie de ces taux de change défavorables à la mer Noire. D’ailleurs, concernant la Russie, « on a des prix intérieurs élevés actuellement qui font qu’il peut être parfois moins intéressant d’exporter pour un producteur russe ». Faire de la rétention en espérant obtenir de meilleurs prix en seconde partie de campagne, ou bien reconstituer des stocks, peut s’avérer plus judicieux.

L’avenir est rempli d’incertitudes

Toutefois, « les activités de la filière céréalière, particulièrement en termes d’échanges, évoluent dans un environnement économique et politique dominé par les incertitudes », avance Marc Zribi. Des éléments tels que le Brexit, le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine ou encore l’évolution des taux de change pourront influencer les cours.

En 2020 aura lieu notamment l’élection présidentielle aux États-Unis, ce qui risque d’avoir des incidences sur la politique monétaire du côté de la Banque fédérale américaine. Par ailleurs, « les tensions géopolitiques s’accroissent particulièrement autour du golfe persique et du pétole, dont les prix sont susceptibles d’être très volatils ». Un élément à surveiller également. « La croissance économique mondiale ralentit, selon les indications de tous les observateurs, que ce soit en Chine, aux États-Unis ou dans l’Union européenne, explique le spécialiste. On note même un relatif ralentissement dans les pays émergents. »

Lire aussi : Les éléments à suivre dans les prochains mois

La situation en Argentine est également à surveiller. Une élection présidentielle vient d’avoir lieu et c’est la candidature péroniste qui a triomphé. « L’incertitude règne, et on ignore quelle sera la politique en matière de restauration des réserves de change et de taxes à l’exportation, en particulier sur les céréales. » De plus, les exportations argentines devraient continuer de « bénéficier d’une parité peso/dollar extrêmement favorable, puisqu’elle a perdu 36,4 % sur une année », explique Marc Zribi.

Le blé français parviendra-t-il à maintenir son niveau de compétitivité actuel tout au long de la campagne ? Affaire à suivre.

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