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Élevage allaitant

Pourquoi une telle accélération de la décapitalisation depuis 2016 ?


TNC le 13/10/2020 à 06:03
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Avec 250 000 têtes de moins depuis 2016, le cheptel allaitant français est en net déclin depuis quatre ans. Une diminution qui s’explique par plusieurs facteurs avec, en tête, le manque de rentabilité. Globalement, les allaitants spécialisés perdent des vaches, et si les installations conservent une bonne dynamique, les nouveaux venus ne privilégient pas la dimension ou la croissance en cheptel.

Avec 250 000 têtes de moins depuis 2016, le cheptel allaitant français a diminué de – 6,2 % en quatre ans, et de presque 2 % entre 2019 et 2020, a rappelé Hélène Fuchey, économiste à l’Idele, présentant les résultats de l’étude « Dynamique allaitante » à l’occasion d’un webinaire, le 7 octobre. Si la période 2013-2016 a été marquée par une capitalisation malgré un contexte de prix défavorable, la décapitalisation s’accélère depuis. Le baisse du nombre de détenteurs s’est également accélérée depuis 2016, passant à – 1300 par an, contre une moyenne de – 720 par an depuis le début des années 2000.

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Les allaitants ou mixtes qui deviennent plus petits ou arrêtent l’activité sont ceux qui contribuent le plus à la décapitalisation, avec – 261 000 vaches de moins entre 2016 et 2019. Les allaitants spécialisés, qui gagnaient des vaches pendant la période précédente, en perdent également sur ces trois dernières années (- 10 000 vaches).

Les évolutions positives ne compensent pas ces pertes, que ce soit du côté des éleveurs en mixte, qui gagnent 30 000 têtes, ou du côté des créations d’ateliers, malgré leur dynamisme (+ 52 000 vaches). À noter que les évolutions entre productions impactent peu la tendance globale, puisque les transferts entre laitiers/allaitants (et inversement) représentent + 6 000 vaches, tandis que les allaitants qui se spécialisent vers l’engraissement font perdre 9 000 têtes sur la période.

La faible rentabilité, principal frein

Pour mieux comprendre les raisons de cette décapitalisation, l’Idele a étudié les dynamiques à l’œuvre dans plusieurs départements. Si la retraite est le premier facteur d’arrêt, la faible rentabilité reste un poids important qui menace l’avenir de la filière.

Le manque de rentabilité est ainsi un facteur d’arrêt et de changement d’activité, dans certains départements comme la Vendée, où le marché de l’emploi offre d’autres possibilités. La recherche d’un meilleur revenu peut également pousser les éleveurs à se tourner vers d’autres spécialisations (concurrence des cultures dans les Ardennes et dans la Meuse, par exemple) ou vers une diversification, vers la volaille, ou la production d’énergie, entraînant parfois un recul de l’atelier bovin, explique Hélène Fuchey.

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La diversité des installations – qui restent essentiellement dans le cadre familial – est particulièrement marquée dans le secteur bovin viande, souligne également l’étude, avec des exploitants qui sont loin de privilégier la dimension et la croissance en cheptel. Les installations tardives (après 40 ans) progressent, illustrant la diversité des parcours, et stimulées par la Pac et la reconnaissance des Gaec (permettant de clarifier le statut des conjoints), explique de son côté Christophe Perrot, du département Economie de l’Idele. 

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Cependant, l’agrandissement ne s’est pas pour autant arrêté, puisque les cheptels de plus de 100 vaches continuent leur progression en nombre d’ateliers et en cheptels, mais cette dynamique ralentit.  

Enfin, l’évolution de la main d’œuvre, et de la charge mentale, apparait également comme un frein à la création d’ateliers allaitants. Sachant que « la passion » reste primordiale, et peut également constituer un facteur d’arrêt, par exemple quand l’associé responsable de l’atelier allaitant part à la retraite, explique également Hélène Fuchey.

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