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Congrès de la FNB à Mende (48)

De la rémunération ou la décapitalisation : les éleveurs toujours sous pression


TNC le 05/02/2019 à 10:30
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Affaire de la viande avariée polonaise, accord difficilement conclu pour un indicateur de prix de revient de la viande bovine : à Mende, en Lozère, environ 400 éleveurs de bovins de race à viande sont réunis pour le congrès de la FNB les 5 et 6 février dans un contexte toujours aussi difficile pour eux.

Bis repetita ! Après le scandale des lasagnes à la viande de cheval il y a six ans, les éleveurs de bovins viande se seraient bien passés de l’affaire des importations de viandes polonaises avariées. Une nouvelle fraude qui vient entacher à tort la filière bovine française et qui sera forcément l’un des sujets abordés au congrès de la FNB.

Pour les 400 éleveurs qui se réunissent les 5 et 6 février 2019 à Mende, en Lozère, pour le congrès de la FNB, comme pour tous leurs collègues, les difficultés d’ordre économique et sociétal sont suffisamment importantes.

Un indicateur de prix de revient de la viande bovine

Après moult discussions et tensions, les représentants de l’ interprofession bovine ont trouvé un accord jeudi 31 janvier 2019 sur une méthode de calcul d’un indicateur de prix de revient de la viande bovine. Pour une vache allaitante, cet indicateur s’établit à 4,64 €/kg.

Le calcul établit l’indicateur de prix de revient (en l’appliquant par exemple aux chiffres de la conjoncture second semestre 2017) à 4,64 €/kg équivalent carcasse pour une vache allaitante, 5,08 € pour une génisse, 4,50 € pour un jeune bovin et 3,08 € du kilo vif pour un broutard.

Depuis mi-décembre 2018, le dossier de la validation de ces indicateurs interprofessionnels était sur la table du médiateur des relations commerciales. « La FCD bloque, de même que Culture viande », expliquait Bruno Dufayet, le président de la FNB, une semaine avant la conclusion de l’accord. D’ailleurs, Culture viande, qui représente les entreprises d’abattage, découpe et transformation, s’est abstenu lors du vote. « Si tous les acteurs de la filière étaient en difficulté, on n’en resterait pas là. Certains défendent l’immobilisme », commentait-il.

« Ce n’est pas le marché qui dicte la marche de la filière, mais la volonté des acteurs », poursuivait-il. Car, outre le difficile accord sur des indicateurs de coûts – le volet économique du plan de filière bovine – la montée en gamme est un « autre sujet qui montre l’immaturité des acteurs en aval de la filière. « Alors que les organisations professionnelles décident une montée en gamme du produit en s’engageant à développer le label (Label rouge, NDLR), l’aval se ridiculise en s’opposant à tout allongement du délai de maturation », détaillent les représentants de la FNB.

Il y a pourtant « urgence », selon eux, à développer une « vraie stratégie de différenciation ». « Nous sommes arrivés au bout de la logique de résilience de nos exploitations. » Autrement dit, il n’est plus possible de trouver des leviers au sein de l’élevage. Les solutions sont à mettre en place en aval de la production.

Un troupeau allaitant qui diminue et des éleveurs qui arrêtent le métier

L’urgence est illustrée par les chiffres inquiétant de la décapitalisation du troupeau allaitant : entre juin 2016 et décembre 2018, le troupeau allaitant a diminué de 6 %. « Il devrait encore baisser de 4 % en 2019. Le nombre de vaches allaitantes va donc diminuer d’environ 10 % en seulement trois ans ! »

Selon la FNB, « 1 200 éleveurs ont arrêté le métier en 2018 ». Il ne s’agit pas davantage d’arrêts d’activité prématuré. « Mais ce sont autant de départs à la retraite sans reprise par un jeune, faute de motivation à s’engager. »

Pourtant, « tous les signaux sont au vert », explique Bruno Dufayet. « Contrairement à tout ce que les autres disent, la consommation de viande bovine racée a augmenté de 2,2 % en volume en 2018. » Forts de cette tendance, les éleveurs de la FNB veulent croire au succès de leur démarche « éleveur et engagé ».  La démarche vise à « valoriser la viande bovine issue de vaches allaitantes à un prix juste pour les éleveurs, basé sur ses coûts de production », à « apporter de la transparence dans les relations entre éleveurs et distributeurs » autour de plusieurs critères de qualité, mais aussi « à porter un modèle d’élevage respectueux de l’environnement »

Depuis le lancement de la démarche en juin 2016, seulement 75 000 animaux ont été valorisés sous la signature « éleveur et engagé ». « Entre 25 000 et 30 000 animaux ont été valorisés en 2018. Nous ne sommes plus en phase de progression », regrettent les représentants de la FNB. « Nous allons devoir mettre la pression aux distributeurs pour ne pas voir une baisse de la démarche ». Selon eux, 70 % des 600 000 animaux produits et valorisés en France chaque année pourraient pourtant être valorisés sous cette signature.

Autant dire que la FNB attend toujours un peu plus d’implication de la part de la grande distribution ! « Faire croire qu’on peut faire la montée en gamme en faisant des produits d’appel à prix cassés, ce n’est pas possible », résume Bruno Dufayet. Mais le syndicat compte bien mettre la pression aux récalcitrants. « On va aider les pouvoirs publics pour contrôler et sanctionner le non-respect de la loi et des engagements ».

>> À lire aussi : Coûts de production – Un indicateur de prix de revient de la viande bovine enfin validé par Interbev