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En système allaitant

Optimiser le pâturage pour économiser un maximum de concentrés


TNC le 04/05/2020 à 10:07
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Une bonne valorisation c'est « l'art de se faire rencontrer la vache et l'herbe au bon moment », comme l'exprimait André Voisin. Dans cette optique, les fermes expérimentales de Thorigné d'Anjou (49) et de Jalogny (71) présentent leurs résultats d'essais sur l'optimisation du pâturage en bovins allaitants pour minimiser la part de complémentation.

À la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou (Maine-et-Loire), le troupeau de Limousines est en pleine saison de pâturage. RGH, fétuque élevée, RGA, trèfle blanc, trèfle hybride et lotier corniculé sont au menu. En effet, l’exploitation a fait le choix des prairies à flore variée pour ses terres à potentiel modeste.

Lire aussi : Productivité et robustesse au rendez-vous avec les prairies à flore variée

Si ces prairies présentent beaucoup d’avantages, encore faut-il les exploiter correctement. Tous deux de l’exploitation, Bertrand et Julien ont récemment présenté la gestion du pâturage pour les vaches allaitantes à Thorigné dans une vidéo publiée sur Facebook :

Besoins des animaux VS potentiel de la prairie

L’exploitation a mis en place un indicateur pour connaître la surface à attribuer aux bovins en fonction de la disponibilité en herbe afin de subvenir à leurs besoins en étant en 100 % pâturage. En quantifiant les quantités d’herbe ingérées et souillées par les animaux, ils sont parvenu à 93 g MS d’herbe /kg de poids vif/j comme indicateur pour définir le nombre d’ares par couple mère-veau.

La ferme de Thorigné d’Anjou en quelques chiffres :
145 ha de SAU (84 % de SFP)
70 VA Limousines et la suite (120 UGB)
1,1 UGB/ha de SFP
Système naisseur engraisseur autonome

Une offre variable de la mise à l’herbe à l’automne

Dans ce système naisseur-engraisseur, les experts affirment qu’il est tout à fait possible de s’affranchir de la complémentation pour toutes les catégories. Si l’offre d’herbe est variable sur l’année, ils détaillent les 4 grandes phases :

– La mise à l’herbe : La pâture étant le plat unique, il faut conserver un stock d’herbe sur pied (entre 15 et 20 jours d’avance dans ce cas de figure) et des parcelles pour la fauche. Contrairement au lait, il n’est donc pas possible de déprimer toutes les parcelles.

– Le débrayage : Lorsque l’offre d’herbe est importante, il faut trouver le juste milieu entre la qualité de l’herbe à l’entrée des animaux, la fauche et le report d’herbe sur pied. À la ferme, ils ont opté pour 55 ares/UGB de façon à débrayer peu de parcelles mais garder du stock sur pied pour poursuivre le 100 % pâturage jusque fin juin début juillet. Une solution intéressante, surtout pour les prairies à flore variée dont la qualité reste bonne grâce aux légumineuses.

– Le ralentissement de la pousse en début d’été : L’objectif étant de prolonger la saison, il faut à cette période réintégrer les surfaces fauchées et les prairies sous couvert, d’autant plus que les coups de chaud font baisser la digestibilité et donc les valeurs alimentaires.

– L’automne : À cette période, les valeurs alimentaires remontent et les repousses sont intéressantes. La ressource permet de poursuivre la croissance au pâturage.

« Les couples mères/veaux mis à l’herbe au 10 mars ont consommé des jours d’avance jusqu’en avril où la pousse de l’herbe est devenue supérieure à leurs besoins. Les veaux n’ont reçu aucune complémentation et ont présenté de bonnes croissance. Ils ont été sevrés au 15-20 juin donc jusque là, la conduite a été plutôt économe grâce aux valeurs alimentaires très correctes des prairies », concluent Bertrand et Julien.

Pour les couples mère/veaux en vêlages de printemps, le pâturage tournant sur les PFV assure également une bonne croissance des jeunes veaux sans aucune complémentation. « Ce sont plutôt les mères que nous avons complémenté pour leur faire exprimer un maximum de potentiel laitier. C’est également le lot qui devient prioritaire sur le circuit du pâturage et qui bénéficie donc des meilleures parcelles. » Au sevrage, les mâles ont atteint 350 kg et les femelles 276 kg, ce qui sont des résultats satisfaisant pour ce système en naisseur-engraisseur.

Lire aussi : Du pâturage tournant dynamique pour les Blondes d’Aquitaine

En système naisseur-engraisseur aussi, du pâturage tournant pour réduire les concentrés

En Saône-et-Loire, à la ferme expérimentale de Jalogny, Jérémy présente les travaux réalisés avec le troupeau de Charolais en système naisseur. Pour sortir des broutards de 380 à 400 kg vifs vendus en juin à 9 mois, ils visent une croissance sous la mère de 1 300 g/j. Se pose alors la question du niveau de complémentation en hiver. Quelles économies possibles avec le pâturage ?

L’exploitation a alors mis 2 lots de veaux nés à l’automne à l’essai. En période hivernale, 2 niveaux de complémentation ont été comparés : 1,5 kg contre 1 kg d’aliment (mash fermier) /100 kg poids vif en plus de lait de leur mère et du foin à volonté. L’idée : ne pas dépasser les 4 kg de concentrés par tête et par jour pour ne pas pénaliser la croissance sur la phase de pâturage.

Fin avril, lorsque les animaux ont rejoint les prairies, les deux lots ont été séparés et tournaient sur 3 à 5 parcelles avec une complémentation au nourrisseur de l’ordre de 3 kg/veau/j max. L’objectif : voir si le lot le moins complémenté compensait son retard de croissance au pâturage. La réponse est oui, comme l’explique Jérémy : « Le pâturage tournant a permis de gérer plus finement les hauteurs d’entrée et de sortie avec de bons niveaux de croissances pour les 2 lots (1 600-1 700 g/j) »

Ainsi, les économies en concentrés ne sont pas négligeables puisqu’elle représentent 100 à 170 kg de concentrés en moins/veau par rapport aux années précédentes où les veaux ne tournaient que sur 2 parcelles.

La ferme de Jalogny en quelques chiffres :
215 ha de SAU dont 95 % de prairies
140 vaches allaitantes charolaises
Système naisseur
Vêlages d’automne et de fin d’hiver
Production de broutards jeunes (380-400 kg vifs) vendus à 9 mois pour le marché italien