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Gaec Roux (44)

On choisit le semis à la volée pour une meilleure implantation des prairies


TNC le 07/08/2020 à 06:04
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Agriculteur en Loire-Atlantique, Pascal Roux a entamé une réflexion avec son ETA pour semer ses prairies à la volée via une adaptation maison du semoir. Au terme de la première année, la production fourragère abondante le confirme dans sa démarche.

Pour la deuxième année consécutive, les semis de prairie se feront à la volée sur les parcelles du Gaec Roux père et fils à Séverac en Loire-Atlantique (44). « L’année dernière, ce sont 17 ha qui ont été implantés avec cette méthode et j’ai été 100 % convaincu. J’ai renouvelé ma demande à l’entrepreneur pour les 15 ha à semer cette année », s’enthousiasme Pascal Roux.

Sur l’exploitation où il est associé avec son fils en agriculture biologique, l’herbe a une place centrale et la réussite des nouvelles prairies est donc primordiale.

Un semoir à adapter

Depuis quelques années déjà, l’éleveur réfléchissait à un système à la volée. « Je me souvenais de mon père qui semait au Vicon. Il ne fallait pas le déranger dans ces moments-là car il devait gérer les quantités et l’impact du vent, mais ça marchait ! », se souvient-il. C’est en 2017 que Pascal Roux remet sérieusement en cause le semis en ligne pour ses mélanges prairiaux. « C’était une année très sèche. Résultat : on voyait très distinctement les lignes dans la parcelle » décrit-il.

Lors de la visite annuelle de l’entrepreneur pour faire le point sur les chantiers, les deux hommes évoquent le problème. « C’est à ce moment-là que j’ai repensé aux palettes sur déchaumeur pour semer les couverts végétaux », retrace Maxime Thuriaux, l’un des dirigeants de la SARL Thuriaux à Nivillac dans le Morbihan.

Au sein de l’entreprise, chacun y met du sien pour fabriquer une barre de semis qui puisse s’intégrer sur le semoir Kuhn Combiliner Venta LC 3000 de l’ETA. En 2019, 300 ha de prairie ont déjà été semés avec ce système. « Ils n’ont pas énormément communiqué sur leur invention mais je pense que beaucoup d’éleveurs pourraient être intéressés », affirme Pascal Roux.

Ci-dessus, la barre de semis démontée avec les palettes noires en dessous des tuyaux d’arrivée à raccorder au système de distribution du semoir. (©TNC)

Côté technique, l’entrepreneur breton insiste sur l’importance du semoir pneumatique : « C’est nécessaire pour que les graines soient projetées sur les palettes. Nous réglons la soufflerie à 5 000 t/min. Au début, nous avions peur de boucher l’outil en semant à 30 ou 40 kg/ha mais finalement, il n’y a aucun souci », précise l’entrepreneur.

Pour éviter que des sillons se creusent, la deuxième ligne de roues plombeuses est enlevée et l’ensemble de la ligne de semis est relevée pour ne faire qu’effleurer le sol. « Nous avions un problème avec les sillons creusés par le rouleau packer dans lesquels tombaient les graines. Nous avons pu y remédier en réglant la barre de semis pour que les graines tombent au niveau de la herse. L’action de cet outil permet d’aplanir le sol », explique Maxime Thuriaux.

Pour le reste des réglages, la moitié des tuyaux depuis la tête de distribution est bouchée et l’autre moitié est raccordée à la barre de semis par une adaptation maison. La barre en elle-même est fixée à 40 cm de hauteur par rapport au sol.

Des résultats au rendez-vous

Alors que les prairies implantées avec cette nouvelle barre de coupe ont été récoltées au printemps 2020, l’éleveur est plus que satisfait du résultat. « C’est impressionnant la production qu’on peut en tirer. Quand on fauche, on s’aperçoit que c’est vraiment dense au niveau de l’implantation », commente-t-il. Pourtant le résultat n’était pas garanti. Les conditions climatiques hivernales n’ont pas permis de réaliser de roulage. Finalement, le conseiller chambre d’agriculture de Pascal Roux lui a affirmé que le cumul des 600 mm de pluie avait permis de tasser la terre en lieu et place du rouleau.

L’éleveur justifie également l’abondance de fourrage par l’augmentation de la surface implantée pour une même parcelle grâce à la surface recouverte plus importante. « On est passé d’un tiers de la parcelle réellement implantée avec le semoir en ligne, à toute la surface avec le semis à la volée » calcule-t-il.

Autre conséquence, les graines du mélange prairial ne se font pas concurrence à la volée, contrairement à un semis en ligne où elles sont toutes localisées au même endroit. « Résultat, après la première coupe, on s’aperçoit qu’il y a trop de trèfles alors que j’ai mis les mêmes quantités qu’habituellement. Peut-être qu’on pourrait se passer de trèfle violet et ne garder que l’hybride ? », s’interroge l’agriculteur. Réponse pas avant 2022 car les commandes de semence pour l’automne ont été faites avant de constater qu’il y avait trop de trèfle…

« On pourrait même descendre en densité de semis pour réduire les dépenses, mais sur des prairies qui doivent tenir 15 ans, je préfère jouer la sécurité », déclare le Breton.

Utile : En pure ou en mélange, quelles espèces pour semer ma prairie ?