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Dossier : Installation

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Bovins allaitants

Trois chiffres pour expliquer la baisse des installations


TNC le 17/01/2022 à 15:Jan
Woman worker portrait in the modern farm

Blue collar woman working in the farm

Selon le travail mené par le Gis Avenir Élevage sur l'attractivité du métier d'éleveur, le manque d'attrait de la production bovine allaitante auprès des futurs installés se résume en trois chiffres, illustrant l'énorme capital mobilisé et la faible rémunération. Quels sont-ils et que représentent-ils ?

375 700 €

C’est l’actif moyen immobilisé par UMO (unité de main−d’œuvre) en bovins allaitants, hors foncier, près de la moitié étant liée au cheptel.

7 € d’actif pour 1 € d’EBE

Soit 2 € de plus qu’en vaches laitières, ceci avant d’intégrer les charges sociales. Cela montre la moindre efficience du capital en production de viande. 

2 Smic/UMO

2/3 des exploitations allaitantes du Inosys-Réseaux d’élevage n’atteignent pas ce niveau de revenu agricole. Or, elles sont plus performantes que la moyenne des fermes françaises de la filière viande bovine !

L’attractivité du métier d’éleveur en question

Ces trois chiffres ressortent des travaux conduits par le Gis Avenir Élevage sur l’attractivité du métier d’éleveur, pour les diverses espèces de ruminants, afin de mieux identifier les atouts et surtout les freins pour les jeunes qui veulent s’installer en production animale. L’objectif également : mieux cerner la perception qu’ils ont de ces professions. La finalité étant de les rendre plus attractive pour les futurs installés.

En viande bovine comme en lait, les Nima (personnes non issues du milieu agricole, NDLR), ont été passées à la loupe, via une analyse complémentaire de la Confédération nationale de l’élevage (CNE) notamment, parce qu’ils représentent un vivier pour le renouvellement des générations d’éleveurs, dont 50 % ont plus de 50 ans : 49,5 % pour les laitiers et 51,5 % pour les allaitants, sans compter les cessations d’activité précoces.

Tendances et freins similaires en vaches laitières et allaitantes

Dans les deux filières, on observe des similitudes : une grande diversité d’origines, de profils et de parcours (« c’est pourquoi il est difficile de faire une photographie de ces porteurs de projets », précise Emmanuel Beguin, du service approches sociales et travail en élevage de l’Idele), avec une part croissante de reconversions professionnelles.

Et donc des installations plus tardives, au-delà de 40 ans, mais qui permettent « de capitaliser, à la fois de l’argent et des savoirs/savoir-faire, pour s’installer plus facilement », fait remarquer le spécialiste. Beaucoup de ces jeunes sont « en quête de sens » et considèrent leur installation comme « un projet de vie », ajoute-t-il. Même s’ils ne sont pas du monde agricole, ils en sont proches. « De la famille, des amis, des voisins, voire des expériences réalisées dans ce secteur, peuvent leur avoir donné l’idée de se lancer. »

En viande : capitaliser, via des installations plus tardives, financièrement mais aussi des compétences.

De même, des limites similaires freinent l’accès des Nima au métier d’éleveur de vaches laitières et allaitantes : «  la mauvaise image véhiculée par les médias et les producteurs eux-mêmes, un milieu agricole perçu comme fermé, les difficultés à trouver l’exploitation qui convient, malgré la flexibilité géographique de ce public, les réticences des cédants à leur égard, le manque de compétences techniques et de pratique face à métier de plus en plus polyvalent et complexe. » Sans oublier, en viande bovine, les deux obstacles majeurs que sont le capital immobilisé, alors même que sa rentabilité s’avère faible, et la rémunération trop basse.

Comment attirer plus de jeunes ?

« Pour se rassurer » face à ces contraintes qui peuvent survenir sur leur chemin, mais également pour « des raisons financières » et « pouvoir se développer à leur rythme », les Nima s’installent de préférence en individuel ou en couple plutôt qu’en société, sur des « structures de taille restreinte ». De plus, « ils cherchent à se diversifier et à créer de la valeur ajoutée, via le bio ou la vente directe par exemple, voire en étant pluriactif », complète Emmanuel Beguin. Des constats peut-être plus marqués en bovins viande que lait, avec une plus grande inadéquation encore entre les fermes à reprendre et les attentes/besoins des repreneurs.

Des installations en production allaitante, peut-être plus qu’en élevage laitier :
– en individuel ou couple
– sur des structures de taille restreinte
– avec diversification, recherche de valeur ajoutée, pluriactivité 

Que faire pour attirer davantage de jeunes vers l’élevage allaitant et favoriser leur installation ? Le Gis Avenir Élevage propose des pistes de réflexion pour essayer de lever les divers freins. 

1- Pour trouver plus facilement une exploitation qui convient et améliorer l’adéquation entre l’offre et la demande :

→ Accentuer encore l’anticipation de la transmission et la sensibilisation des cédants, comme leur accompagnement ainsi que celui des repreneurs. 

2- Pour une meilleure connaissance de l’environnement agricole et intégration dans le territoire :

→ Impliquer les réseaux d’agriculteurs (Cuma, entraide, groupes d’échange…) et les collectivités territoriales. « Cela dépend des politiques locales, met en avant Emmanuel Beguin. On voit des dynamiques très différentes selon les régions. »

3- Pour aider à l’acquisition de compétences :

→ Adapter les formations, développer les stages pratiques, l’apprentissage, le parrainage…

4- Pour limiter les immobilisations conséquentes et augmenter la rentabilité du capital :

→ Trouver des financements innovants, des stratégies pour accroître la valeur ajoutée, choisir l’installation progressive, la pluriactivité, etc.

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