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Dossier : Installation

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Témoignages

Le service de remplacement, rampe de lancement de l'installation


TNC le 29/05/2019 à 10:May
Woman worker portrait in the modern farm

Blue collar woman working in the farm

Présent dans chaque département, le service de remplacement permet aux chefs d'exploitation de se faire remplacer pour de nombreux motifs (congés maternité ou paternité, vacances, accidents de la vie ou du travail…). Un confort apprécié des exploitants agricoles et une formidable expérience pour les salariés. Et aussi un moyen, pour la moitié d’entre eux, de se forger une solide expérience avant de s'installer.

Terminer ses études, effectuer des stages et pourquoi pas quelques contrats ici et là, puis s’installer sur une exploitation agricole : un itinéraire classique dans le profil des jeunes agriculteurs. Certains, cependant, prennent un peu plus de temps, empruntent les chemins de traverse sans, pour autant, jamais perdre de vue leur objectif : reprendre une ferme.

« S’ouvrir des perspectives, voir autre chose »

« Je pense que les jeunes veulent certainement reprendre trop vite les exploitations en sortant de l’école. Il me semble important de s’ouvrir des perspectives, de voir d’autres choses », résume Guillaume De Boisgellin, installé en production maraîchère en agriculture biologique, près de Montpellier.

Président du service de remplacement de l’Hérault, il a fait ses armes en Lozère en bourlinguant d’une ferme à l’autre : « J’ai fait cela durant six ans et je n’ai jamais cessé de travailler puisque j’enchaînais les contrats qui duraient souvent trois ou quatre mois. » Au cours de ces années en tant que salarié du service de remplacement, il s’est forgé une expérience solide.

Des contrats allant d’une journée à plusieurs mois

« Voir le maximum de systèmes possibles », c’était aussi l’objectif de Ghislain André, 27 ans, installé à Plouvien (Finistère). À la fin de sa licence, il devient salarié en CDI et exerce dans pas moins de 112 exploitations pour des contrats allant d’une journée à plus d’un an. « J’étais spécialisé en lait, j’assurais donc, généralement, les traites du matin et du soir avec une grosse coupure entre les deux ». De ces années passées en nomade de l’agriculture, il retient « une ouverture d’esprit et beaucoup de technique ». Il est d’ailleurs en cours d’ installation sur une exploitation dans laquelle il a œuvré.

Pas de routine et une diversité des systèmes

« Passer d’une ferme à l’autre, éviter la routine et pouvoir observer et pratiquer différents systèmes », c’est aussi ce qui a séduit Jérôme Gentilhomme, 32 ans, agent de remplacement en CDI durant 10 ans dans le Maine-et-Loire. Venu au service de remplacement un peu par hasard, il a, en matière de production, « tout vu ou presque » du cochon à la vache allaitante en passant par les chèvres. Aujourd’hui installé en production laitière, il retient « beaucoup de petites choses » qui lui « servent au quotidien ».

Le hasard, c’est aussi ce qui a mené Ludovic Coste, 30 ans à devenir agent de remplacement dans les Hautes-Pyrénées : « On voit vraiment de tout : de la ferme au top niveau qui excelle dans les concours aux structures qui travaillent plus tranquillement. Je me suis vraiment nourri de tout cela pour mûrir mon projet d’installation en agriculture, en chipant des idées ici et là en matière de gestion du fourrage et du pâturage notamment. »

50 % des salariés du Service de remplacement ont un projet d’installation

Sur les 15 000 agents de remplacement (dont 2 800 en CDI), 50 % veulent s’installer à plus ou moins long terme. « Passer par notre structure est souvent un moyen de se constituer une expérience et de créer un réseau, explique Franck Laur, directeur du Service de remplacement France. Dans certain cas, la  reprise de l’exploitation familiale est dans les tuyaux et être agent de remplacement permet de ne pas se lancer immédiatement. Dans d’autres cas, souvent pour les installations hors cadre familial, c’est aussi l’occasion d’être au courant des opportunités de reprise. »

Adaptabilité, autonomie et réactivité

Passer par le service de remplacement se révèle donc un bel accélérateur de vie. D’autant que les missions se font parfois dans l’urgence, en cas d’ accident du chef d’exploitation notamment. « Dans ces cas là, on n’a pas le choix, il faut savoir être débrouillard et s’adapter immédiatement », note Baptiste Picard, 27 ans, ayant travaillé au service de remplacement de la Meuse avant de s’installer en mars dernier. Si la grande majorité du temps, une petite période de tuilage s’opère, « on ne voit parfois jamais le le patron », commente Ghislain André. Le salarié a donc tout intérêt à faire preuve d’autonomie et de réactivité.

Dernier atout pointé par les ex-agents de remplacement : les avantages du métier d’agriculteur, sans les inconvénients. « On ne gère pas du tout la partie administrative et on n’a pas le stress de la rentabilité », témoigne encore Guillaume De Boisgellin. Même si, après tout, note finalement Ghislain André, « la gestion des papiers fait partie intégrante du boulot ». Un apprentissage en douceur qui permet aux futurs installés d’acquérir plus sereinement les gestes techniques, de découvrir progressivement comment gérer une exploitation agricole, et de ne pas être obligé tout de suite de prendre, seul, les décisions stratégiques.

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