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Dossier : Installation

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Marie-Isabelle Le Bars

Le suivi post-installation : pour qui, pourquoi ?... Pour sécuriser le projet !


TNC le 04/02/2021 à 14:Feb
Woman worker portrait in the modern farm

Blue collar woman working in the farm

Les chambres d'agriculture accompagnent les porteurs de projets avant qu'ils ne s'installent, à travers notamment « un plan de formation personnalisé et une étude de faisabilité », précise Marie-Isabelle Le Bars, cheffe de service installation/transmission en Bretagne. Dans certaines régions comme celle-ci, elles proposent aussi un suivi une fois installé aux jeunes agriculteurs qui le souhaitent. Mais de quoi s'agit-il concrètement ?

« Des conseillers vont sur l’exploitation dans les deux à quatre ans qui suivent pour savoir si tout se passe bien pour le nouvel installé, si son projet se déroule comme prévu ou s’il y a des ajustements à faire, des objectifs techniques ou économiques à revoir, des investissements à réfléchir, une clientèle à retravailler, des besoins de formation, etc., explique-t-elle. C’est un bilan global et personnalisé qui vise à identifier les problèmes éventuels pour sécuriser l’installation, sur les plans financier, économique, administratif et technique. Il s’agit également de faire de la prévention en réajustant certains éléments si nécessaire grâce à un plan d’actions construit avec le jeune. » Des interventions avec des experts sur un point particulier sont par ailleurs possibles.

Savoir si le projet se déroule comme prévu, ou s’il y a des ajustements à faire.

La chambre d’agriculture de la Marne évoque un suivi à 360° grâce auquel le porteur de projet conforte ses prises de décision pour prendre en main, avec succès, son entreprise agricole. (©Chambre d’agriculture de la Marne)

« 95 % des jeunes épanouis dans leur métier » mais…

Marie-Isabelle et ses collègues constatent que «  95 % des jeunes installés avec les aides sont encore en activité cinq ans après, satisfaits de leur qualité de vie, épanouis dans leur métier et ne regrettent pas d’avoir choisi l’agriculture », pour autant ces années représentent « une période charnière difficile et chargée ». Deux tiers des 300 suivis réalisés depuis 2018 font état de pics de travail occasionnels, liés aux travaux saisonniers, et 20 % d’une surcharge permanente difficilement supportable, soit tout de même les trois quarts des projets.

… 2/3 des installés en surcharge de travail.

L’étude prévisionnelle « ne peut pas tout prévoir »

Les jeunes installés n’entendent pas toujours que ça ne va pas passer.

« Parfois le départ en retraite des parents n’a pas été suffisamment anticipé, précise la spécialiste. Et souvent, les porteurs de projet sont trop optimistes au niveau de la charge de travail, ils ne voient pas, ou n’entendent pas, que cela ne va pas passer. » De manière générale, « même s’ils sont très bien accompagnés en amont de l’installation, cela ne suffit pas », poursuit-elle. Comme son nom l’indique, l’étude réalisée est « prévisionnelle » et en agriculture en particulier, il y a des aléas de plus en plus importants, climatiques, de marché… Ainsi, impossible de « tout prévoir » !

Écoutez le témoignage de Vincent Vacle, éleveur dans l’Ain (bovins allaitants, volailles de Bresse, céréales) sur les intérêts du suivi post-installation :

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Même quand on prend la suite de ses parents, « avoir un regard extérieur sur ses choix » est indispensable selon lui, particulièrement en agriculture où les jeunes « engagent des centaines de milliers d’euros dans un projet de vie, ce n’est pas un CDD » ! « La première année est la plus critique, si elle est mauvaise, il faut 10 ans pour s’en remettre ! », confirme la conseillère de la chambre d’agriculture départementale qui veille à « être aux côtés mais pas à la place » des jeunes.

Suite aux recommandations de cette dernière, Vincent a entre autres effectué des aménagements fonciers qui lui ont permis de « réduire sa consommation de carburant et son temps de travail pour gagner en productivité ». Si « le technique et l’économique sont fondamentaux, on oublie souvent le législatif et l’humain » qui conditionnent pourtant la réussite de l’installation, y compris dans une reprise père-fils, souligne-t-il. 

Le risque : s’isoler et perdre pied

Et parce que dans « l’euphorie » de la création de leur entreprise agricole, les jeunes producteurs ont du mal à écouter les conseils des organismes, la chambre d’agriculture de Bretagne fait intervenir des agriculteurs installés depuis plus longtemps et ayant plus de recul. Une solution parmi d’autres pour faire évoluer le dispositif de suivi post-installation afin qu’il soit davantage sollicité. Car comme on dit, les exploitants récemment installés ont « la tête dans le guidon », donc peu de temps pour s’investir dans ce type de démarche, au risque de « s’isoler » et de perdre pied.

Échanger et s’entraider entre jeunes agriculteurs.

C’est pourquoi la chambre d’agriculture de Bretagne a mis en place un «  pack installation » gratuit, présenté dès l’accompagnement pré-installation. Trois journées de formation, pour partie en groupe afin de pouvoir «  échanger avec d’autres jeunes agriculteurs » confrontés aux mêmes problématiques et qui ont, peut-être, des idées pour les résoudre. Ils pourront alors « s’entraider » plus facilement en créant pourquoi pas des « collectifs ». « Avec tout cela, nous espérons dans les années à venir améliorer l’accompagnement post-installation sur les aspects travail, gestion des risques et stratégie d’entreprise, que l’on peut mieux appréhender qu’une fois installé », conclut Marie-Isabelle Le Bars.

Découvrez, en vidéo, le « pack installation » de la chambre d’agriculture de Bretagne :

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