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Implantation du colza

Une étape à ne pas rater pour mieux contrer les ravageurs d’automne


TNC le 15/07/2020 à 18:05
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« Être prêt à semer tôt pour être réactif avant la pluie » constitue l'un des leviers majeurs pour une implantation du colza réussie, rappelle Terres Inovia. (©TNC)

Alors que la moisson du colza se poursuit dans plusieurs régions, on réfléchit d'ores et déjà à la campagne suivante et aux problématiques de ravageurs d'automne. Pour gérer efficacement et durablement ce fléau, Terres Inovia recommande la combinaison de plusieurs leviers agronomiques. Parmi eux , « la réussite de l'implantation de la culture est une étape primordiale à valider », explique l'institut technique.

La culture du colza connaît, depuis plusieurs années, un contexte compliqué entraînant une réduction des surfaces dédiées : sécheresse au semis, résistance des ravageurs d’automne, gestion difficile des adventices… Elle représente pourtant « une culture d’avenir aux très nombreux atouts agro-écologiques, économiques et nutritionnels », rappelaient récemment les différents acteurs de la filière dans un communiqué commun.

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«  Mobiliser les leviers en amont »

Dans ce contexte, la réussite de l’implantation du colza va être cruciale, notamment pour limiter la nuisibilité des altises d’hiver et du charançon du bourgeon terminal », précise Laurent Ruck, responsable national de l’évaluation des insecticides et du biocontrôle des ravageurs, lors du webinaire « les jeudis de TI » du 2 juillet dernier. Et pour ce faire, plusieurs points d’attention sont à retenir :

– « Choisir une variété de colza adaptée »  : au fil des années, plusieurs critères sont d’ailleurs venus s’ajouter aux trois critères historiques (tolérance phoma, rendement et verse) comme « la résistance au TuYV (surtout pour les régions du nord et du centre de la France), la tolérance à la hernie des crucifères, l’élongation automnale, la teneur en huile, la précocité… » La « vigueur à l’implantation » et leur « comportement face aux larves d’altises et aux charançons du bourgeon terminal » sont également en cours d’étude chez Terres Inovia depuis 2017.

– « Choisir la parcelle selon le précédent est primordial » : « un précédent orge d’hiver, blé tendre ou encore mieux, pois d’hiver récoltés tôt sont des bons précédents pour implanter le colza dans de bonnes conditions, selon Terres Inovia. Le temps d’interculture plus long permet une meilleure réhumectation du sol et une dégradation des pailles plus avancée. Le récoltes tardives d’orge de printemps ne permettent pas une bonne dégradation des pailles et une gestion de l’interculture optimale pour l’implantation de la culture […] À proscrire : une répétition des passages de travail du sol à l’interculture ou l’utilisation d’outils animés tels que la herse rotative, qui provoquent le dessèchement du sol. Il ne faut pas oublier que pour ré-humecter 1 cm de terre sèche, 1,5 à 2 mm d’eau sont nécessaires. Afin d’augmenter les chances de ré-humectation, ne pas hésiter à travailler le sol sitôt la récolte du précédent réalisée. »

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– « Être prêt à semer tôt pour être réactif avant la pluie » : il est recommandé d’adapter la date de semis, de façon à « atteindre la fin du stade sensible (4 feuilles) avant l’arrivée des altises adultes (vers le 20 septembre) », ajoute Laurent Ruck.

Recommandations de dates de semis du colza selon les régions et le type de sol. (©Terres Inovia)

Attention « aux migrations des petites altises lors de la destruction des repousses de colza », mieux vaut « éviter de les détruire tant que les jeunes colzas n’ont pas dépassé le stade 4 feuilles. Les dégâts peuvent être importants sinon ». Point de vigilance aussi : « en semant plus tôt, on s’expose davantage à un risque d’élongation. Il est toutefois maîtrisable par la densité de semis, l’écartement, etc. », précise l’expert.

Un colza robuste, c’est quoi ?

En résumé, pour obtenir un colza robuste, plusieurs leviers sont à actionner et ils peuvent « varier selon les milieux ». Néanmoins, « l’objectif à atteindre est le même pour tous », détaille Laurent Ruck :

  • « Stade 4 feuilles au 20-25 septembre »
  • « 25 g/plante début octobre, ce qui correspond à 800 g pour 30 pieds/m² ou 1 000 g pour 40 pieds/m² »
  • « Une croissance continue tout l’automne et un système racinaire bien développé (pivot d’environ 15 cm en entrée d’hiver et non coudé)
  •  « 40-45 g/plante entrée hiver, soit environ 1,2 à 1,5 kg/m² »
  • « Une reprise vigoureuse en sortie hiver, pour que le colza monte rapidement et que les larves d’insectes n’atteignent pas le cœur de la plante »

Retrouvez plus d’informations avec le guide de Terres Inovia : « Réussir son implantation pour obtenir un colza robuste »

D’autres leviers font aussi leur preuve

La fertilisation azotée au semis peut contribuer à cet objectif en « favorisant la croissance des colzas ». Des essais réalisés en 2018 par Terres Inovia ont montré un gain de 430 g/ha de matière verte en entrée hiver entre un colza seul ( environ 900 g/ha) et un colza fertilisé avec 30 unités d’azote (minéral ou organique) au semis (environ 1360 g/ha), en situations non traitées insecticides et présence de grosses altises et/ou charançons du bourgeon terminal. Un critère important car « on peut voir qu’à partir d’1,5 kg/m² de biomasse, on a plus de 80 % de plantes saines ».

La pratique du colza associé, qui se développe au fur et à mesure des années, porte également ses fruits vis-à-vis des « infestations larvaires en grosses altises ». « Le nombre de larves par plante est le plus souvent réduit avec un couvert », selon les essais conduits par l’institut technique en 2017 et 2018 avec différentes associations (colza + féverole ; colza + lentille, fénugres, gesse ; colza + lentille + fenugrec + trèfle d’Alexandrie). Cet effet est toutefois « conditionné par la réussite de l’implantation », « une biomasse de couvert inférieure à 200 g/m² en entrée d’hiver ne garantit pas d’avoir un effet ».

(©Terres Inovia)

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