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Résultats d'essais colza

Combiner les leviers agronomiques pour réduire les intrants


TNC le 06/02/2020 à 07:42
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La combinaison des leviers agronomiques contribue à réduire le recours aux intrants. (©Nathalie Tiers)

À l'occasion de la 10e édition de l'Agroforum, Luc Vandeputte, expert agronomique, a rappelé l'importance des leviers agronomiques dans la conduite de culture du colza afin de « réduire le recours aux intrants ». À l'appui : une synthèse pluriannuelle des essais réalisés par Easi'nov à ce sujet, sur la plateforme de Mouchy-le-Châtel (Oise).

La pratique du colza associé constitue un levier agronomique majeur pour réduire le recours aux intrants. Parmi les bénéfices de cette méthode consistant à cultiver le colza en association avec des plantes compagnes, on peut citer le fait « de limiter la concurrence des adventices », « de produire de la biomasse » ou encore celui « d’améliorer la structure du sol », rappelle Luc Vandeputte.

« Limiter la pression ravageurs à l’automne »

Et ce ne sont pas les seuls avantages de la technique : elle permet également de « diminuer la pression ravageurs », comme le soulignent les essais réalisés par les équipes Easi’nov. Un essai a notamment mis en évidence l’intérêt de la féverole contre les pucerons verts sur colza à l’automne, couplée ou non avec un insecticide de végétation.

Comparaison d’efficacité (%) contre les pucerons en fonction des différentes modalités et des variétés de colza (Essais Easi’nov) :

ModalitésDK ExceptionLG Architect
Témoin040
Féverole6175
Insecticide de végétation (Teppeki 0,1 kg/ha)9095
Féverole et insecticide de végétation9899

Autre critère à ne pas négliger non plus : le choix de la variété de colza. En effet, dans ce même essai par exemple, les expérimentateurs ont pu comptabiliser dans les micro-parcelles témoins plus de 200 pucerons/plante pour la variété DK Exception, contre plus de 50 pucerons/plante pour la variété LG Architect. Et ces différents leviers mis en place permettent de limiter la perte de rendement due aux attaques de pucerons.

Comparaison des rendements en fonction des différentes modalités testées. (©Easi’nov)

Les essais ont également mis en évidence l’intérêt du colza associé face aux populations d’altises. La féverole joue le rôle de leurre visuel pour ces insectes ravageurs. Combiné à un semis tôt « pour favoriser le bon développement de la culture et des plantes compagnes », l’attaque des larves d’altises peut être divisée par deux.

Dans ce cadre, « le traitement insecticide vis-à-vis des larves reste toutefois obligatoire », ajoute Luc Vandeputte. Il recommande, par contre, « d’arrêter la lutte contre les altises adultes, excepté en cas de problème de levée du colza ou de la plante compagne ».

Effet de la date de semis sur la population d’altises sur colza. (©Easi’nov)

À ce sujet : Essais colza dans le Centre-Ouest – Légumineuses associées au colza : un espoir contre l’altise

Un moyen de réduire la fertilisation

Si vous choisissez des légumineuses comme plante compagne du colza, il convient alors de le prendre en compte aussi dans le raisonnement de la fertilisation azotée. La féverole va « notamment favoriser le redémarrage du colza en sortie d’hiver ». Et elle apporte « un gain de rendement moyen de 3,63 q/ha », note Luc Vandeputte selon une synthèse pluriannuelle 2014-2019 (6 essais).

À lire aussi : L’introduction de légumineuses dans un système cultural limite le recours aux engrais azotés

L’expert agronomique met également en avant le fait de fertiliser au semis (localisé ou en plein). Un apport de DAP 18-46 (100 kg/ha) permet de « maximiser la biomasse avant hiver », de « favoriser une croissance continue du colza » et de « réduire l’apport d’azote minéral en sortie d’hiver ».

Et au niveau du porte-monnaie ?

Comme le soulignent ces essais, la combinaison des leviers agronomiques précédemment cités contribue à réduire le recours aux intrants. Côté phytos, Luc Vandeputte estime « un IFT réduit de 2,3 à 2,8, soit une diminution de 50 à 60 % comparé à l’IFT régional ». En fonction des années et des situations, le gain économique engendré peut ainsi aller « de 0 à 190 €/ha ». 

Bilan économique suite à la combinaison de leviers agronomiques mise en place sur colza. (©Easi’nov)