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Reportage chez Luc Monville (76)

Semis perturbés : comment gérer la fertilisation azotée ?


TNC le 17/01/2020 à 18:01
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Les reliquats azotés sortie hiver seront réalisés à la mi-février chez Luc Monville. (©TNC)

Comme pour beaucoup d'agriculteurs, les semis d'automne se sont révélés compliqués cette campagne chez Luc Monville, installé dans le Pays de Caux. Plusieurs parcelles de céréales se montrent aujourd'hui affaiblies. Comment gérer alors la fertilisation azotée ?

Avec environ 700 mm reçus depuis le 15 octobre (volume annuel autour de 850-900 mm), « nous avons eu très peu de créneaux favorables aux semis d’automne : environ 2-3 jours », précise Luc Monville. « Pour des parcelles semées à 200 grains/m², le nombre de pieds tourne aujourd’hui autour de 150 à 160/m² ». Avec ces conditions climatiques, « on a l’impression qu’il y aura peu de reliquats azotés cette campagne, mais pour le savoir, le mieux reste de le mesurer », affirme Julie Coulerot, directrice d’Agro Conseil. « Cela va dépendre du type de sol, de son état, du Ph, du taux de MO, mais aussi du précédent, du type de travail du sol réalisé, etc. »

Une mesure sur laquelle s’appuyer

Si plusieurs outils de pilotage de la fertilisation azotée en temps réel se développent, en faveur notamment de l’économie et de l’environnement, la méthode du bilan reste, pour l’heure, un incontournable. Sur son exploitation située dans le bassin versant de la Durdent, Luc Monville a recours à un prestataire pour « réaliser quatre reliquats azotés entrée/sortie hiver et un reliquat sortie hiver avant betteraves sur trois horizons ». Et l’agriculteur ne compte pas déroger à cette règle, étant « convaincu de leur nécessité ». Ils permettent de mesurer la fraction d’azote minéral présente dans le sol (sous forme NO3- et NH4+) et disponible pour la plante en sortie hiver.

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Pour mesurer les reliquats azotés, Luc Monville a recours à un prestataire utilisant un quad pour les prélèvements, il est toutefois possible de les réaliser soi-même.
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« C’est également un moyen supplémentaire de contrôler les apports de fumier, outre les analyses d’effluents d’élevage », ajoute l’agriculteur. Tout le fumier produit sur l’exploitation est rapporté au champ, entre 30 et 40 t/ha, généralement avant betteraves. Cela permet aussi de surveiller « les effets des couverts végétaux sur le sol […] Nous n’avons pas de recul pour savoir ce que cela fait pour le sol », note Luc Monville. Il teste en effet depuis quelques années, différents mélanges de couverts végétaux sur son exploitation dans le but de « limiter l’érosion »  (très problématique en bordures maritimes) et de « maintenir le taux de MO des sols voire de le remonter » (taux de MO actuel : 1,7). Dans ce cadre, il fait partie d’un GIEE.

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La fertilisation : « un travail global »

Dans une année classique, la fertilisation azotée du blé tendre chez Luc Monville se décompose en quatre apports : « avant épi 1 cm, en cours de montaison, à dernière feuille et à épiaison ». En moyenne, les apports tournent autour de 40 u/ha et les trois premiers sont appliqués « en liquide (solution azotée 39) et le quatrième en ammonitrate », précise l’agriculteur. Pour le dernier apport, l’agriculteur utilise l’outil N-Tester afin de « réajuster les besoins de la culture en fin de campagne ». Cette année, « le premier apport devra peut-être être réalisé plus tôt, estime Luc Monville. Tout dépendra bien-sûr des reliquats azotés sortie hiver, qui seront réalisés vers la mi-février ».

Pour les parcelles qui ont souffert d’un excès d’eau (asphyxie) ou d’un problème de battance, Julie Coulerot conseille de « fractionner le 1er apport à la reprise de végétation pour éviter un phénomène de lessivage ». Pour compenser la perte de pieds, « il convient d’avoir un fort coefficient de tallage. Il n’y a pas que l’azote qui compte du coup, le phosphore (pour rappel, très peu mobile dans le sol) va permettre aux racines de mieux occuper le sol ». À ne pas négliger non plus : la disponibilité en soufre, « qui contribue à une bonne assimilation de l’azote et inversement ». Tout cela montre bien que « la fertilisation est un travail global, la plante a besoin de tous ces éléments pour bien fonctionner ».

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