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Environnement et économie

Les bandes ligno-cellulosiques : une « solution gagnant-ganant »


TNC le 15/02/2019 à 18:02
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Les bandes ligno-cellulosiques permettent de concilier protection de la ressource en eau et production de biomasse. En Seine-Maritime, le projet Innobioma s'est penché sur le miscanthus et le saule en taillis de très courte rotation, deux cultures pérennes avec une croissance rapide et une forte production.

Sur le littoral de la Seine-Maritime, les enjeux liés à la protection de la ressource en eau et à la lutte contre l’érosion sont multiples, notamment pour la Pointe de Caux (zone de polyculture). La mise en place de bandes enherbées peut être une solution efficace mais malheureusement, leur valorisation n’est pas toujours possible. Face à ce contexte, la chambre d’agriculture (CA) de Seine-Maritime mobilise depuis 2011 des recherches « sur une culture capable d’apporter satisfaction d’un point de vue environnemental, sociétal et économique : les bandes ligno-cellulosiques (BLC) ».

Les bandes ligno-cellulosiques, quèsaco ?

« Cultures de plantes pérennes à croissance rapide et à forte production biologique, les BLC peuvent être exploitées pendant plus de 20 ans, avec une récolte tous les 1 à 3 ans », explique Bastien Langlois, conseiller biomasse énergie à la CA de Seine-Maritime. Parmi les espèces utilisées, on compte notamment le saule et le miscanthus. « Leur capacité d’infiltration est 15 fois supérieure aux cultures classiques, elles peuvent ainsi être considérées comme des aménagements d’hydraulique douce ». D’après les tests réalisés, les BLC se montrent « aussi efficaces que l’herbe pour ralentir les écoulements et elles présentent également les mêmes capacités d’infiltration ».

De plus, la biomasse produite est valorisable dans diverses filières, telles que le paillage horticole, la production d’énergie, etc. L’idée était de trouver « une solution gagnant-gagnant, où l’agriculteur qui met en place une action en tire un bénéfice direct ».  Pour la valorisation, les membres du projet ont notamment travaillé à la construction d’une filière locale. En tout, 6 ha de saules et 11 ha de miscanthus ont été plantés sur la zone pilote de la Pointe de Caux entre 2015 et 2018.

« Déployer les BLC à plus grande échelle »

Les agriculteurs de la zone Innobioma ont été sollicités pour planter des BLC, avec l’appui des collectivités locales. 19 d’entre eux se sont engagés. Chacun a pu bénéficié d’un accompagnement par les membres du projet Innobioma. Les bandes ont fait ensuite l’objet d’un suivi régulier : plantation, matériel utilisé, lutte contres les adventices, etc. L’objectif : « lever les différentes impasses techniques au fil des campagnes ».

Après la mise en place de ces BLC, il a fallu aussi penser valorisation. En effet, « les possibilités d’utiliser des plaquettes de saule et de miscanthus sont diverses : paillage horticole, combustion en chaufferie, litière animale, bois raméal fragmenté… Mais cela ne garantit pas pour autant la vente via l’une de ces filières à un prix intéressant ». Les acteurs se sont donc mobilisés pour « trouver des débouchés durables et initier des partenariats. L’implantation d’un dispositif pérenne est un projet à long terme qui nécessite un temps de réflexion parfois important de la part des agriculteurs, qui souhaitent également être rassurés sur les aspects techniques et économiques ».

Ce premier retour d’expérience sur la Pointe de Caux doit permettre de « déployer les BLC à plus grande échelle ». Le département de la Seine-Maritime compte en tout aujourd’hui 29 ha de miscanthus et 18 ha de saules plantés en petites parcelles ou en bandes. Et ces surfaces tendent à augmenter.