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Semae

Les semences, solutions au changement climatique, à certaines conditions


TNC le 09/02/2023 à 11:43
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Accélérer la recherche sur les semences nécessite un cadre juridique plus clair au niveau européen, rappelle Semae. (©TNC)

Dans un contexte d’accélération du changement climatique, Semae, l’interprofession des semences et plants, rappelle les potentialités importantes des semences en matière d’adaptation et de réponse aux enjeux sociétaux, à condition de donner également les moyens à la recherche d’accélérer à travers, par exemple, la génétique.

Face aux enjeux de souveraineté alimentaire et de réchauffement climatique, l’agronomie, les changements de pratiques, mais aussi les semences sont sources de solution, a rappelé Pierre Pagès, vice-président de Semae, lors d’une table-ronde organisée le 9 février par l’interprofession des semences et plants. Le métier de sélectionneur, comme en témoigne Anne Tissot, qui coordonne une équipe de sélectionneurs chez un semencier, doit permettre de répondre à tous ces nouveaux enjeux. « On crée des variétés qui correspondent aux attentes du marché, et celui-ci est exigeant : variétés de blé qui valorisent mieux les apports d’engrais pour faire de la protéine, variété avec moins de gluten… Mais ces attentes sont nouvelles et on a besoin d’outils pour aller plus vite, être efficace », explique-t-elle.

Un « faisceau de contraintes »

Or, le secteur doit faire face à « un faisceau de contraintes », résume Marie-Cécile Damave, responsable innovations et affaires internationales chez Agridées. « Le grand public veut de moins en moins de chimie, des outils qui sont très efficaces et qui ont fait leurs preuves depuis des décennies, donc si on en a moins, comment fait-on ? Quels sont les outils innovants ? », demande-t-elle. La réponse pourrait se situer du côté de la génétique, avec des variétés plus tolérantes à la sécheresse, aux inondations, etc. Cependant, « aujourd’hui, pour mettre au point une variété, il faut plus d’une dizaine d’années », rappelle-t-elle.

En parallèle, le politique n’attend pas toujours pour supprimer des solutions techniques sans pour autant d’alternatives existantes, comme l’a montré récemment la problématique des néonicotinoïdes. Si une vingtaine d’alternatives à cet insecticide ont été testées en 2022, aucune n’a donné de résultat satisfaisant, mais les planteurs de betteraves devront tout de même s’en passer pour les campagnes à venir.

« Nous sommes le premier maillon de la chaîne de production, on demande à faire notre travail correctement et qu’on nous laisse des moyens de produire. On est prêts à s’adapter au climat, à s’adapter socialement, mais il faut que ce changement se fasse avec des solutions alternatives », explique de son côté Jean-Michel Ombredanne, agriculteur multiplicateur dans le Loir-et-Cher, en appelant à un peu plus de « courage » politique.

Un cadre juridique nécessaire pour les NBT

Car l’accélération de la recherche génétique est possible, et appliquée dans d’autres régions du monde, via les New Breeding techniques (NBT), encore assimilées en Europe aux OGM et soumises aux mêmes contraintes. « Des techniques comme l’édition génomique peuvent nous permettre d’aller plus vite et d’orienter la sélection de façon plus précise. S’il y a trop de contraintes, on ne les utilisera pas ou peu, mais par contre elles sont utilisées ailleurs dans le monde », regrette Pierre Pagès, qui évoque un flou juridique sur les questions de mise en marché ou de propriété intellectuelle. L’Union européenne travaille cependant à un nouveau cadre réglementaire, attendu sous peu.

La filière reste néanmoins confrontée à d’autres défis, notamment celui de l’attractivité. « Nous sommes une filière très tournée vers l’avenir, vers l’innovation, et nous avons besoin de compétences », souligne Pierre Pagès. Mais la filière n’attire pas beaucoup les jeunes et les recrutements sont difficiles, note Anne Tissot.

Pour lutter contre ce problème d’image et sensibiliser au besoin d’accompagner l’innovation dans la filière, le prochain salon de l’agriculture, qui s’ouvre le 25 février, sera l’occasion pour Semae de rappeler à quel point les semences et plants restent « au cœur des transitions ».