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Récolte maïs 2020

Un rendement décevant à 89,4 q/ha, impacté par les aléas climatiques


TNC le 21/10/2020 à 17:12
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Après une année 2019 caractérisée par des rendements assez faibles et surtout très hétérogènes, les producteurs de maïs ont à nouveau fait face à une succession d’évènements climatiques défavorables qui ont nettement impacté les rendements.

« La campagne a été marquée par l’eau, dans ses excès et dans son absence », résume Thomas Joly, responsable maïs chez Arvalis, lors de la conférence de presse qu’a tenue l’AGPM le 21 octobre. Si la hausse des surfaces est notable en maïs grain (+ 10 %, soit 140 000 hectares supplémentaires), c’est déjà en raison des précipitations importantes qui ont empêché les implantations de céréales d’automne et occasionné des reports sur les cultures de printemps, et donc le maïs.

Sur les premiers semis, dans l’Est, les conditions très sèches ont impacté les levées, puis les excès d’eau et les températures basses ont rendu difficile le début de campagne, compliquant également les opérations de désherbage. Enfin, le mois de juin très chaud et le mois de juillet très sec ont eu des conséquences importantes sur le maïs non irrigué.

La production de maïs grain est évaluée à 13,6 millions de tonnes, un résultat décevant qui tient au rendement de 89,4 q/ha (quasiment identique à celui de l’an dernier), inférieur à la moyenne quinquennale (93,1 q/ha). Localement, des baisses de collectes de l’ordre de 5 à 15 % sont à prévoir, et jusqu’à – 30 % pour certains organismes stockeurs, estime Thomas Joly.

Voir aussi : [Data] Récoltes 2020 – Agreste revoit ses estimations de maïs grain à la baisse

Maïs irrigué et maïs fourrage s’en sortent bien

Les bons résultats du maïs irrigué (35 % en surface de maïs grain, mais 45 % de la production) prouvent une nouvelle fois que l’irrigation constitue « une sécurité pour le producteur et pour les filières, et garantit une culture de qualité et une production pour garantir et équilibrer nos marchés », a rappelé le président de l’AGPM, Daniel Peyraube.  

La production de maïs fourrage, très affectée par la sécheresse dans le Nord-Est, a été plutôt bonne en Bretagne et dans l’Ouest, et les performances s’avèrent dans l’ensemble meilleures que l’année passée en quantité comme en qualité.

En maïs semences, dont la sole augmente pour la troisième année consécutive, avec 17 % de hausse, aléas climatiques engendrent les mêmes conséquences qu’en maïs grain mais ces cultures étant irriguées, la sécheresse estivale a pu être compensée. Néanmoins, le résultat technique est attendu autour de 90 % de l’objectif, voire en dessous à l’échelle européenne, ce qui pourrait provoquer des tensions sur quelques variétés de semence.  

Les surfaces en maïs doux progressent également (+ 6 %), mais la production est également attendue en deçà de l’objectif (95).

Un enjeu de souveraineté

Pour le président de l’AGPM, si la campagne de cette année « montre que la culture du maïs a du ressort, puisque l’on obtient quand même des moyennes à 9 tonnes », elle prouve aussi l’urgence de « s’adapter au changement climatique, et pour cela il va falloir passer à la vitesse supérieure sur certains sujets ». Avec la problématique des ravageurs du sol, entraînant des baisses de rendement quelle que soit la nature du sol, il faut maintenir des solutions de lutte en attendant d’avancer, en parallèle, sur le biocontrôle et les solutions alternatives combinatoires, explique Daniel Peyraube.

Lire aussi : Lutte contre les ravageurs : les producteurs de maïs veulent eux aussi déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes

L’enjeu est d’autant plus important que l’Union européenne est, depuis quatre ans, le premier importateur mondial de maïs, en provenance de pays (Ukraine et Brésil notamment) qui utilisent « des techniques de production décriées sur notre territoire », rappelle le président de l’AGPM. Or, « la filière maïsicole française anime les territoires, créé des emplois », et est en capacité de répondre aux attentes sociétales, à condition également d’être accompagnée par une volonté politique, au niveau national comme européen, souligne Daniel Peyraube, qui tient à saluer l’action du ministre à ce sujet.