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Bien-être des animaux

L’éthologie appliquée à l’élevage : plus de temps, de sécurité et de plaisir


TNC le 10/02/2021 à 14:51
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Si la question du bien-être animal est prégnante dans les débats actuels, les éleveurs n’ont pas attendu les injonctions sociétales pour se former et améliorer le confort de leurs animaux. Néanmoins, les apports de l’éthologie mériteraient d’être davantage vulgarisés pour une meilleure compréhension du comportement des animaux et, au final, des gains de temps, de productivité, de sécurité et de plaisir au travail.

Discipline scientifique, l’éthologie, qui étudie le comportement des espèces animales, peut apporter de nombreuses pistes aux éleveurs dans leur quête d’amélioration du bien-être de leurs animaux. Or, ces notions clés de comportement animal manquent encore fortement dans les formations agricoles.

« La prise en compte du comportement est un outil indispensable en élevage », rappelle ainsi Pauline Garcia, éleveuse de bovins allaitants, comportementaliste animalier depuis 10 ans. Le 9 février, elle est intervenue, aux côtés de Luc Mounier, vétérinaire en charge de la formation Bien-être/comportement à VetAgroSup, et responsable de la chaire Bien-être animal, au webinaire organisé sur cette thématique par l’Association française des journalistes agricoles (Afja).

Si la question du bien-être animal est sur toutes les lèvres, il n’est pas inutile de rappeler la définition de l’Anses : « le bien-être de l’animal correspond à l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ».

Pour Pauline Garcia, les besoins fondamentaux du bovin, animal peureux, doivent nécessairement être connus de l’éleveur qui se doit d’y répondre sur la ferme. Ils se résument par une vie sociale riche, une alimentation diversifiée et en quantité suffisante, un point d’eau permettant à plusieurs individus de boire, des abris naturels ou artificiels, des supports de grattage, et une zone poussiéreuse.

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Le comportement de l’éleveur influence celui des animaux

Au-delà de cet environnement immédiat, il ne faut pas négliger le rôle crucial du comportement de l’éleveur. « L’animal est souvent le reflet du comportement de l’humain, mais il n’est pas toujours évident de se remettre en question », explique Pauline Garcia. Ainsi, le pourcentage de taureaux qui attaquent ou montrent des signes d’opposition est plus faible quand l’éleveur est serein, sûr de lui, que quand il est plus anxieux, moins expérimenté ou plus sanguin.

Si les éleveurs sont tous sensibilisés à ces problématiques, « ils n’ont pas forcément conscience des traces qu’ils laissent dans la mémoire des animaux. Or, si on multiplie les interactions négatives pendant plusieurs années, on s’expose à des accidents », poursuit la comportementaliste. Si l’environnement joue un rôle dans le bien-être animal, ce sont surtout « les pratiques relationnelles qui influencent le comportement des animaux », ajoute-t-elle. Il s’agit, par exemple, de diluer le négatif avec du positif : lorsque l’on doit attacher la vache au cornadis pour un soin, on peut gratter l’animal en même temps, lui donner un peu de nourriture… De même, puisque les vaches associent les brosses installées à proximité à quelque chose d’agréable, si parfois c’est l’éleveur qui tient la brosse, il sera lui aussi associé à un sentiment agréable.

Anxiété, rythme de l’activité… : quelques signes à repérer

Au final, la connaissance du comportement normal d’un animal est le meilleur instrument pour adapter sa pratique et réagir le plus tôt possible. Plusieurs points d’attention ont été évoqués en ce sens par Luc Mounier :

  • Repérer les situations de mal-être, de stress, en identifiant certains signes : la présence de sillons autour des yeux (plus ils sont nombreux, plus il y a d’inconfort), les oreilles en arrière et le regard figé, synonymes d’anxiété… Et ensuite, améliorer les pratiques, par exemple mettre à disposition un abreuvoir assez grand pour éviter une situation de compétition entre les individus.
  • Repérer l’apparition de comportements anormaux : par exemple, un jeu de langue sur un veau de boucherie, indiquant le manque de matériaux manipulables, de stimulus.
  • Être attentif à la modification du rythme de l’activité. Une vache doit, en temps normal, rester couchée 12h. Si elle a un problème, elle se couchera moins, ou plus. Aujourd’hui, l’éleveur peut compter sur la médecine connectée pour mieux surveiller ses animaux et détecter les modifications de rythme.

« Ce diagnostic précoce est d’autant plus essentiel, que le bien-être animal est étroitement lié au bien-être humain », rappelle ainsi le vétérinaire, évoquant le concept « One welfare » (vidéo ci-dessous).

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