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Amélioration du bien-être animal

Des conditions de travail aux accords de libre-échange : les pistes du Cese


TNC le 28/11/2019 à 17:05
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Le Cese livre ses recommandations pour améliorer le bien-être animal. (©TNC)

Le Conseil économique, social et environnemental a voté le 27 novembre un avis sur « Les enjeux relatifs aux conditions d’élevage, de transport et d’abattage en matière de bien-être animal », dans lequel il liste un certain nombre de recommandations pour une meilleure prise en compte de cette problématique. L’avis propose d’accompagner davantage les salariés d’abattoirs, mais également d’adopter une réglementation plus stricte et harmonisée au niveau européen, sans oublier de sensibiliser davantage le consommateur.

De plus en plus médiatisée par l’action des associations animalistes et antispécistes, la problématique du bien-être animal a pris de l’ampleur ces dernières années en raison d’évolutions économiques et sociales. La place de l’animal s’est modifiée avec l’augmentation de la productivité et la spécialisation des productions agricoles, parallèlement à la tertiarisation et à l’urbanisation d’une société aujourd’hui peu au fait des réalités de l’agriculture.

Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a donc décidé de se saisir de cette question et a rendu le 27 novembre un avis sur les enjeux relatifs aux conditions d’élevage, de transport et d’abattage en matière de bien-être animal, arguant qu’une meilleure prise en compte de ce sujet est porteuse de bénéfices à tous les niveaux (économiques, agronomiques, environnementaux, territoriaux…).

Réorganisation de la production

Le Cese préconise plusieurs mesures pour favoriser le bien-être des animaux d’élevage, notamment en intégrant la problématique dans les plans de filière, par exemple dans le socle de base du cahier des charges des Viandes de France. Pour favoriser l’acceptabilité sociétale, l’instance estime également qu’un travail important de réorganisation est à mener au sein des filières pour éviter la destruction de jeunes animaux qui n’ont pas de valeur économique, comme les poussins ou les veaux mâles.

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Pour limiter les temps de transports, le Cese insiste également sur la nécessité de mettre en œuvre un plan national dédié pour assurer un maillage équilibré des abattoirs de proximité, alors que beaucoup de petites structures ont dû fermer faute d’avoir les moyens nécessaires pour la mise aux normes. Ce plan pourrait également intégrer les solutions alternatives, comme les abattoirs mobiles et l’abattage à la ferme.

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Accompagner davantage les salariés d’abattoirs

Parmi les principales mesures proposées par le Cese, une partie concerne les conditions de travail, notamment celles des salariés d’abattoirs : « Il ne saurait y avoir de bien-être des animaux de production sans des conditions de vie et de travail satisfaisantes pour les êtres humains en charge de leur élevage, transport et abattage. Elles constituent un prérequis fondamental en s’intégrant dans le concept du « One welfare » (ndlr : un seul bien-être, commun aux animaux et à ceux qui travaillent avec eux) qui comprend aussi la préservation de l’environnement », indique le Cese, complétant la définition publiée par l’Anses en 2018 et qui ne prenait en compte que les aspects strictement liés aux conditions de vie de l’animal.

L’avis recommande ainsi de réduire les cadences, d’effectuer des rotations régulières sur les postes, de diminuer le temps de travail, mettre à disposition des équipements ergonomiques et un matériel adapté. La mise en place d’un suivi psychologique est également mentionnée. Par ailleurs, le Cese émet des réserves quant à l’utilisation de caméras dans les abattoirs, considérant qu’elles ne peuvent se substituer « en aucune façon à l’inspection du vivant ».

Réglementation : la ratification des accords de libre-échange « pas possible » en l’état

Pour appuyer les transitions, le Cese propose de renforcer et d’harmoniser les réglementations. La Pac pourrait être un levier pour permettre aux éleveurs de mettre en place des systèmes plus respectueux du bien-être animal, si l’on renforce sa prise en compte dans la conditionnalité des aides, estime l’organisation.

Le Cese propose aussi le renforcement des normes (conception des bâtiments, accès au plein air) ainsi que l’harmonisation et l’amélioration des contrôles au sein de l’Union européenne. Une préconisation concerne la réglementation sur le transport des animaux vivants, le Cese souhaitant à terme une limitation à 8 h en camion au sein de l’UE.

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Enfin, l’avis insiste sur l’importance d’inclure le sujet du bien-être animal dans les accords de libre-échange « pour interdire les importations de viande ne répondant pas aux normes en vigueur en Europe. À ce titre, le Conseil considère que la ratification en l’état des accords de libre-échange (Ceta, Tafta, Mercosur…) n’est pas possible ».

Le rôle des consommateurs n’est par ailleurs pas oublié : le Cese incite à travailler davantage sur l’étiquetage pour informer sur les modes d’élevage, et à sensibiliser les consommateurs aux enjeux du bien-être animal.

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