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Congrès de la FNPL

La visibilité économique n’est toujours pas en vue


TNC le 12/03/2020 à 19:47
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Bien que les producteurs de lait travaillent depuis de nombreuses années sur les leviers de valorisation de la production, et que la loi Égalim commence à produire des effets, la visibilité économique reste faible sur les exploitations. Il s’agit pourtant d’un élément de sérénité indispensable pour développer davantage les axes sociétaux, favoriser le renouvellement des générations et assurer la présence d’élevages laitiers au modèle durable sur tout le territoire.

Face aux difficultés d’obtenir des prix rémunérateurs, la FNPL travaille depuis plusieurs années sur la valorisation économique, à travers des initiatives comme le Pacte laitier ou la Charte de valeurs, dont les fondamentaux ont permis d’élaborer ensuite le plan de filière dans le cadre des États généraux de l’alimentation. « Ce travail nous a amenés à bâtir une dynamique économique », a rappelé Thierry Roquefeuil au congrès de l’organisation qui s’est tenu à Cherbourg (Manche) les 11 et 12 mars.

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Si le président de la FNPL se félicite de la définition, au sein de l’interprofession, d’indicateurs de coûts de production partagés, il faut selon lui aller plus loin dans la loi Égalim : « on a commencé à voir le début d’une progression dans le revenu, mais il faut aller plus loin, et si on s’engage sur les axes sociétaux, il faut aussi qu’on soit dans la durée du point de vue de l’économie » a-t-il rappelé devant Stéphane Travert, député de la Manche et prédécesseur de Didier Guillaume, le ministre de l’agriculture actuel qui lui n’a pas fait le déplacement en raison de la limitation des déplacements liée au coronavirus, et du devoir de réserve qui s’applique avant les élections municipales. Le ministre reste attendu sur un certain nombre de points, notamment sur le manque de flexibilité des OP, un sujet auquel le message vidéo qu’il a envoyé n’a pas apporté de réponse.

Côté FNPL, le sujet de l’année 2020 sera la valorisation des veaux et de la viande issue du troupeau laitier, a précisé Thierry Roquefeuil.

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La coopération toujours dans le viseur

Comme lors des dernières AG d’autres associations spécialisées (CGB, FNB…), la coopération agricole a fait l’objet d’un certain nombre de reproches lors des travaux. « La question de fond, c’est comment on fait adhérer le jeune au projet de la coop, il ne faut pas lui dire « viens parce qu’on manque de volume » », explique Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL.

Thierry Roquefeuil est encore plus sévère. La loi Égalim demande la mise en place de contrats sur base d’indicateurs de la situation de marché, d’indicateurs de volume et qualité, mais aussi d’indicateurs de coûts de production. Or, la coopération n’a toujours pas défini ce troisième point, rappelle le président de la FNPL. « Je demande à la coopération qu’on se mette au travail. Il nous faudra peut-être un médiateur », ajoute-t-il, précisant que la demande de nommer ce médiateur a été faite au Haut Conseil de la coopération agricole il y a un an, sans résultat.

Renforcer l’attractivité du métier

Si la rentabilité économique est forcément un facteur d’attractivité du métier, d’autres leviers seront en revanche à actionner pour favoriser le renouvellement des générations. D’autant que « la moitié des éleveurs laitiers arrêtent avant la retraite », rappelle Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL, une décision souvent contrainte. Pourtant, les éleveurs laitiers sont majoritairement fiers de ce qu’ils font : d’après une étude du Cniel menée auprès de 800 éleveurs laitiers représentatifs, la fierté du métier est notée 7,8 sur 10, et l’attachement au métier recueille la note de 7,5 sur 10.

Néanmoins, un certain nombre de points sont à améliorer pour renforcer l’attractivité auprès des jeunes. L’élevage laitier est notamment très touché par les troubles musculo-squelettiques. Si 17 % des vaches sont déjà traites au robot en France (et la moitié des jeunes qui s’installent ont un robot de traite), le confort de vie de l’éleveur reste un élément déterminant, que ce soit dans le travail ou dans la gestion des loisirs (possibilité de prendre des congés).

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Les nouvelles technologies peuvent également redonner de l’attractivité au métier, en fonction de plusieurs facteurs : coût du temps gagné avec la nouvelle technologie, amélioration de la qualité de vie, sens dans le système utilisé… Et si elles permettent à l’éleveur de retrouver le « goût d’entreprendre », une donnée essentielle pour Samuel Vandaele, président de Jeunes agriculteurs (JA).  Ce dernier souhaite la mise en place d’une campagne de communication au niveau national autour des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire. « En 2017, 17 000 postes étaient à pourvoir. Aujourd’hui, il y en a 26 000. Combien y en aura-t-il dans trois ans ? », demande-t-il.

JA présentera également sa candidature pour entrer au conseil d’administration de France Carbone Agri, association récemment créée. « Le sujet du carbone est un sujet d’avenir, il fallait aller vite sur ce sujet, ramener de la valeur aux producteurs », rappelle Thierry Roquefeuil.

Pour illustrer le renouvellement, la FNPL dispose par ailleurs d’un nouveau bureau : suite au départ d’André Bonnard, Daniel Perrin (auparavant trésorier) a notamment été élu secrétaire général.

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