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Testé à la Blanche-Maison

Créé pour soulager le trayeur, l’exosquelette générerait plus de problèmes


TNC le 17/02/2020 à 06:04
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Lancé pour 3 mois d'expérimentation à la Blanche-Maison, le test de l'exosquelette a finalement été arrêté plus tôt que prévu. L'outil censé soulager le trayeur en accompagnant le mouvement de ses bras générerait finalement plus de douleurs et compliquerait la traite.

La ferme expérimentale la Blanche-Maison en Normandie vient de mettre fin à l’expérimentation de l’exosquelette en salle de traite après seulement un mois d’utilisation. Contactée en fin d’année, Lucie Morin, ingénieure chargée des expérimentations à la ferme expliquait déjà : « On constate quelques gains mais surtout beaucoup de gènes chez les trayeurs. Une chose est sûre : l’exosquelette nécessite une phase d’adaptation. »

Des bénéfices modestes et des inconvénients importants pour l’exosquelette

Le projet baptisé Exotraite avait pour objectif d’évaluer l’intérêt de l’utilisation d’exosquelette lors de la traite. L’outil déjà commercialisé au prix de 5 500 € n’avait jusqu’à présent jamais été testé. Il vise à accompagner le mouvement des bras en hauteur pour soulager les épaules lors de la traite. Ce type d’équipement existe déjà dans d’autres secteurs d’activité comme la logistique et l’industrie.

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Si l’expérimentation devait durer 3 mois, elle a tourné court puisqu’au bout d’un mois d’utilisation seulement, les conclusions sont déjà là : l’exosquelette génère plus de problèmes que de bénéfices pour le trayeur.

« Il me soulageait quand je levais les bras pour utiliser les boîtiers, dans les étapes de trempage et quand les vaches étaient mal positionnées. Il m’a soulagée dans le maintien du dos et il incite à utiliser nos jambes pour se baisser plutôt que le dos », témoigne l’une des trayeuses de la ferme. Pourtant, les points négatifs sont bien là puisque les conseillers de prévention de la MSA et les salariés de l’exploitation évoquent une augmentation de la charge mentale du fait de la vigilance qu’impose l’équipement et de l’effort pour maîtriser les gestes lors de son utilisation. Ils notent également une augmentation des contraintes en rotation de la colonne vertébrale.

L’équipement reste assez léger (2,7 kg) et s’enfile comme un sac à dos mais son envergure gêne l’utilisateur : « J’étais beaucoup plus méfiant et sur mes gardes par rapport aux animaux avec l’exosquelette. » Pour certains, l’exosquelette devient même une contrainte pour réaliser certaines tâches comme récupérer des objets au sol. Pire encore, il crée un point de compression au niveau du bras. « Je ressentais un soulagement en le retirant. J’avais une sensation de fatigue dans les bras, des douleurs y apparaissaient 1 heure après et qui persistaient dans la journée et la nuit. »

C’est pour ne pas nuire à la santé des trayeurs que la ferme de la Blanche-Maison a décidé d’arrêter l’expérimentation. « C’est un appareil fait pour réaliser et soulager un seul mouvement, il ne correspond pas à tous les gestes de la traite. »

L’aménagement de la salle de traite reste la priorité pour le confort

Si l’exosquelette avait suscité un grand intérêt de la part des agriculteurs lors de sa présentation avant de commencer les tests, il est finalement déconseillé. Pour autant, les troubles musculo-squelettiques restent le gros problème des éleveurs laitiers.

Finalement, Lucie Morin explique : « L’exosquelette ne remplace pas une bonne installation de traite ! » et insiste : « c’est plutôt l’outil de base qu’est la salle de traite qu’il faut améliorer, ainsi que l’organisation du travail. » Pour rappel, c’est pour améliorer son confort au quotidien que Denis Mousset a investi dans une salle de traite Multilactor sans griffe.