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Race à viande

La Blonde d’Aquitaine, une grande dame aux origines rustiques


TNC le 09/08/2019 à 06:03
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Nicolas et Gilbert Aries du Gaec du Camp de la Salle (31) élèvent des Blondes d'Aquitaine, race dont ils sont fiers. (©Nicolas Mahey)

Gilbert et Annick Aries sont installés en Gaec avec leur fils Nicolas à Montégut-Bourjac (Haute-Garonne), où ils élèvent un troupeau de Blondes d’Aquitaine. Très attachés à l’image de la race, ils sont les premiers à faire valoir ses qualités bouchères mais aussi sa rusticité, parfois critiquée. Contrairement aux idées reçues, ce grand gabarit convient parfaitement au plein air, bien que sa conduite reste exigeante.

« Ce n’est pas la plus rustique, mais en effectif, c’est celle qui estive le plus. On a tendance à l’oublier, mais les Pyrénées sont en partie le berceau de la race », rappelle Nicolas Aries, du Gaec du Camp de la Salle (Haute-Garonne). À la tête d’un troupeau de 120 mères, la famille Aries défend haut les couleurs de la Blonde, une race que Gilbert, le père, a choisie lors de son installation en 1981.

La Blonde d’Aquitaine, officialisée en 1962, est en effet issue d’un croisement de trois races du sud-ouest de la France. « C’est pour cette raison qu’on peut facilement orienter sa sélection, reprend le jeune homme. En montagne, les animaux sont moins développés qu’en plaine. On met parfois en cause la fragilité de ses aplombs, mais elle peut tout à fait convenir aux terrains accidentés. Dans le piémont ou en plaine, les éleveurs recherchent les performances et conservent des animaux avec plus de gabarit. Dans les deux cas, sa productivité est l’une des meilleures. » Alors, race idéale ? « Elle s’adapte à tous les terroirs et tous les modes d’élevages. Attention cependant à adapter sa sélection en fonction. »

Une finesse d’os pour un bon rendement carcasse

Peu grasse, dotée d’un fort développement musculaire, ses principaux points forts sont un rendement carcasse compris entre 60 et 70 %, ainsi que sa capacité à prendre vite du poids. « La station de Casteljaloux a enregistré des GMQ allant jusqu’à 2,5 kg, pointe Gilbert Aries. Ici, en bio, nous nous rapprochons plutôt d’1,5 kg en moyenne sur les vaches à l’engraissement et les broutards repoussés. Un veau à l’herbe et au pis, sans aucun apport de farine, prendra facilement 1,2 kg par jour. » À partir du printemps et jusqu’à fin août, les vaches ayant vêlé en fin d’hiver sont mises à l’herbe en pâturage tournant dynamique. Les taries sont conduites dans des côteaux séchants et des prairies naturelles. Un mois environ avant le vêlage, les animaux sont rentrés en bâtiment pour les réhabituer à une alimentation plus riche et les préparer à vêler. La composition des rations, distribuées à l’aide d’un bol mélangeur, est soigneusement calculée.

La Blonde peut atteindre des GMQ importants et son rendement carcasse est plutôt bon (60 à 70 %) (©Nicolas Mahey)

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Des vêlages faciles mais des chaleurs difficiles à repérer

L’autre atout de la Blonde réside dans son exceptionnelle aptitude à vêler. Son bassin, pourvu d’une importante ouverture pelvienne, ainsi que la morphologie longiligne des veaux à la naissance la classe parmi les races dont les qualités maternelles sont les plus développées.

Sa maturité sexuelle tardive ne permet pas toujours de détecter les chaleurs chez les jeunes ; une alimentation adaptée permet d’en faciliter le repérage. Elle reste toutefois capable de vêler à 24 mois grâce à son potentiel de croissance qui en fait une génisse très développée. Au Gaec du Camp de la Salle, la majorité de génisses vêlent entre 28 et 32 mois. « La gestation est également plus longue. Actuellement, les données de notre coopérative d’insémination indiquent huit jours de plus que sur Charolaise, quatre sur Limousine. Grâce à notre travail de sélection, complété par des fouilles systématiques ou des échographies, nous arrivons à conserver un IVV de 365 jours. »

Côté reproduction, l’élevage achète des taureaux à la station raciale de Casteljaloux : « La moyenne des ventes pour un jeune taureau qualifié est de 4 200 € ; c’est un vrai investissement. Nous faisons aussi des IA aux génisses, sur des critères de facilité de vêlage. Cela représente 40 à 45 € par vache. »

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De la vente directe et des concours

Bien que l’élevage soit passé au bio depuis 2017, les broutards continuent d’être exportés en filière conventionnelle : 1 200 € pour un mâle de 360 kg, 900 € pour une femelle de 320 kg. Les vaches grasses sont vendues à Unébio, et payées 15 % de mieux que dans le circuit traditionnel. Annick Aries gère aussi un atelier vente directe, à raison d’une vache tous les trimestres, avec un objectif d’une par mois. Sous l’impulsion de Nicolas, le Gaec a commencé à participer à des concours et mis son deuxième mâle en station. « J’aimerais développer la vente de reproducteurs, pointe le jeune homme. Mais notre inscription au herd-book est trop récente. C’est un travail sur la durée, et même si c’est un objectif à titre personnel, ce n’est pas une priorité. »