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Pour plus de revenu en lait

Croiser ses veaux mâles et finir ses réformes


TNC le 09/08/2021 à 06:03
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Au CIRBEEF, la ferme d’innovation et de recherche de Mauron (Morbihan), l’Institut de l’élevage explore différentes pistes pour développer le produit viande des troupeaux laitiers.

Dans un élevage laitier, le produit viande est une composante importante de l’équilibre économique. Pour l’instant, la France ne valorise pas pleinement ce potentiel, que ce soit par les vaches de réforme ou les veaux. Ce qui est paradoxal, car elle importe de la viande, majoritairement issue de troupeaux laitiers. Pour redynamiser cette production de viande rouge issue du troupeau laitier, la filière laitière et l’Institut de l’élevage disposent, depuis 2019, d’une nouvelle station expérimentale. Basée à Mauron (Morbihan), le CIRBEEF dispose de 62 Ha, 100 places en nurserie et de 250 en engraissement pour explorer les meilleures options pour ramener de la valeur ajoutée viande dans les exploitations, au regard de l’évolution des modes de consommation. La viande bovine s’achète plus en unités individuelles dans les GMS qu’en boucherie traditionnelle, il faut donc de plus petites carcasses. La restauration hors domicile recherche aussi des carcasses légères et bien finies. La viande hachée connait un vrai boom de consommation. Dans leurs choix, les consommateurs veulent une viande locale, produite avec une attention particulière au bien-être animal et à l’environnement.

Croiser les veaux mâles

« Les deux tiers des mâles issus du troupeau laitier partent vers la filière des veaux de boucherie, chiffre Clément Fossaert, chargé d’études à l’Institut de l’élevage. Mais c’est une filière en déclin car la consommation de viande de veau baisse. Les débouchés à l’export ne sont pas très rémunérateurs. Autant garder ces veaux pour en faire de jeunes bœufs et produire de la viande rouge qui pourrait concurrencer les viandes d’import ». L’utilisation de la semence sexée permet une meilleure gestion du renouvellement et facilite le croisement sur les vaches dont on ne gardera pas les filles. Avec ces veaux laitiers croisés, l’objectif est de produire des carcasses légères, essentiellement pour le marché de la restauration hors domicile. À Mauron, sont testés différents types génétiques, plusieurs conduites pour trouver la bonne combinaison de bœufs pour produire des carcasses de 300kg à un âge d’abattage entre 15 et 18 mois. Les animaux du premier lot ont été abattus à un poids conforme. Sur les qualités des carcasses, certaines tendances se dessinent. Les bœufs Normands, purs ou issus d’un croisement Holstein / Angus donneraient la viande la plus persillée. À l’inverse, avec les croisements Holstein / INRA 95 ou Blanc Bleu Belge, le rendement carcasse serait meilleur mais la viande plus maigre. Les croisements Holstein / Limousine ou Charolaise, comme le croisement Normande / Limousine donneraient des qualités de carcasse intermédiaires. Cependant, il faut attendre la fin du programme pour tirer des conclusions définitives sur l’aptitude des différents types génétiques à fournir des carcasses légères et bien finies, régulièrement sur toute l’année. Pour le premier lot, l’efficience alimentaire de chacun a été calculée en finition. « Il semble y avoir plus de variabilité individuelle qu’entre type racial », observe le chargé d’étude. Les essais se termineront en 2024, avec 448 veaux abattus. « L’idée serait de pouvoir proposer aux éleveurs des croisements, voire même certains taureaux, plus adaptés à cette production de jeunes bœufs au regard de la ration qu’on pourra leur donner », envisage Clément Fossaert.

Gagner plus en finissant ses réformes

Par manque de places, de ressources fourragères ou de temps, trop de vaches de réforme sont encore abattues avant d’être finies. Un tiers a une note d’état corporel de 1 ou 2. « Si toutes les vaches étaient abattues à 3, la France produirait 17 000 tec de viande en plus. Soit 15 % de notre déficit national », chiffre Clément Fossaert. Les abatteurs sont demandeurs de vaches de réforme bien finies pour fournir le marché de la viande hachée. L’institut de l’élevage travaille à valider l’intérêt économique de la finition. Sont comparées trois rations, maïs rationné, maïs à volonté et 50 % maïs / 50 % herbe. « Sur le premier lot de Montbéliardes, ces trois rations se sont révélées assez proches en marge brute avec 180 € par animal, constate Clément Fossaert. Cette marge intègre l’achat et le transport de l’animal, les frais vétérinaires et, bien sûr, les coûts alimentaires. En fonction du prix du lait, ça peut avoir un réel intérêt économique de garder des fourrages pour finir des réformes ». Les travaux se poursuivent avec un lot de Holstein conduit avec deux rations, maïs rationné et 50 % maïs / 50 % herbe et un autre de Normandes, conduites soit à l’auge, soit 100 % pâturage.