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[Témoignage] Travail en bovin lait (4/5)

Éric, éleveur (50) : « Un système simple, productif, vivable et transmissible »


TNC le 03/12/2020 à 16:34
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La série de vidéos de l'Institut de l'élevage Idele - de témoignages d'éleveurs laitiers dans différents collectifs de travail - se poursuit avec Éric Deroyand. Son système simple, mais néanmoins efficace, lui permet de dégager de l'EBE tout en bénéficiant d'une bonne qualité de vie. Des arguments qui, selon lui, font mouche auprès d'éventuels repreneurs.

Source : projet Orgue de l’Institut de l’élevage idele sur l’organisation du travail dans les exploitations laitières et l’attractivité du métier d’éleveur. Vidéo publiée sur Vimeo. 

« Je préfère avoir moins de lait par vache mais un lait de qualité », martèle dès le début de la vidéo, Éric Deroyand, éleveur laitier à la Croix Avranchin dans la Manche (50). Ce qui signifie avoir des animaux « plus rustiques et solides et de différentes races » pour obtenir « un TB de 50 en moyenne l’hiver et un TP de 39 ». 

Lire aussi : Produire moins de lait pour vivre mieux : la stratégie à adopter, selon le Civam

 Pouvoir être remplacé à n’importe quel moment.

Ayant travaillé à l’extérieur et « vu pas mal de systèmes », il souhaitait quelque chose de « simple » pour son exploitation, notamment « pour pouvoir être remplacé à n’importe quel moment ». Il a aussi fait le choix « d’automatiser pas mal pour avoir le moins de travail physique possible ».

Un système laitier simple et efficace

L’exploitation en chiffres : 
75 VL (485 000 l)
70 VL/UMO
75 ha (dont 23 ha de maïs, 36 ha de prairie, 14 ha de cultures)
Service de remplacement (30 j/an)

  • Alimentation

– Les vaches : ration complète distribuée au télescopique + godet désileur/mélangeur.

« Je passe juste une fois quotidiennement pour leur donner le maïs. Les bêtes vont manger comme elles le sentent. »

Les bêtes vont manger comme elles le sentent. 

– Les petits veaux jusqu’à 6 mois : lait, aliment, eau et paille apportés avec un alimentateur, des seaux-tétines ou un taxi à lait pour la poudre, des seaux à eau.

  • Logement

– Les vaches : 1 mois/an en bâtiment seulement (15 décembre – 15 janvier)

Aire paillée avec barre au garrot, « donc aucun blocage de bêtes », précise le producteur.

Paillage 1 fois/j le matin.

« Je mets un fil pendant une heure pour que les vaches ne viennent pas sur la paille propre après la traite. »

– Les petits veaux : niches.

Retrouvez les témoignages vidéo de cette série déjà parus :
– Bruno Pinel, éleveur (44) : « Avoir un salarié, une valeur plus qu’un coût »
– François et Irène (76) : « Déléguer les cultures pour réussir l’élevage »
– Vincent : « Investir pour travailler moins mais autrement, puis transmettre »

  • Pâturage

Pâturage tournant simplifié.

11 mois/an sur 3 grands paddocks (de 3,5 à 7 ha) avec une rotation sur 2/3 jours.

« Je n’ai pas la contrainte de les avancer ou les changer tous les jours », fait remarquer Éric Deroyand qui reconnaît, cependant, que cette pratique « n’est peut-être pas au top ». 

  • Traite :

2×6 postes avec désinfection des griffes et décrochage automatiques.

Ayant travaillé à l’extérieur et « vu pas mal de systèmes », Éric souhaitait quelque chose de « simple » pour son exploitation. (©idele)

Les résultats au niveau travail dans l’élevage

  • Début de la journée : 7 h 30
  • Traite + nettoyage : 2 h
  • Pause café : 30 min
  • Alimentation des veaux 0-6 mois : 1 h
  • Rabotage, curage et paillage de la stabulation si besoin, désilage : 1 h 30
  • Gestion du pâturage, clôtures, divers : reste tout l’après-midi
  • Fin de la journée : 20 h mais en s’accordant une pause goûter avec son épouse
  • 1 week-end sur 2 libre
  • 15 jours/an de vacances (dont une semaine au ski quasiment chaque année)

Je ne suis pas trop à plaindre !

« Je ne suis pas à une demi-heure près, j’estime avoir une qualité de vie agréable, je ne suis pas trop à plaindre », met en avant Éric.

Voir également : Le service de remplacement, rampe de lancement de l’installation

Ceci grâce au service de remplacement. Pour transmettre les consignes et informations, et gérer l’administratif, l’éleveur utilise des outils disponibles sur son I-phone, consultables sur l’ordinateur du bureau : planning des travaux, gestion de la reproduction des bovins, etc. « Le smartphone est devenu indispensable sur l’exploitation, s’amuse-t-il. Ça simplifie plein de choses et fait gagner beaucoup de temps de travail au sein de l’élevage, en particulier en matière de déclaration. Tout est enregistré et classé automatiquement. Alors quand on est en panne ou qu’on n’a pas de réseau, c’est la cata ! »

Le smartphone, un outil indispensable. Alors quand il tombe en panne…

Et les performances économiques ?

Peut-être pas au top, mais économiquement efficace.

« Je ne suis peut-être pas au meilleur, concède l’exploitant, mais je suis économiquement efficace. Vis-à-vis des investissements, la productivité laitière est là, avec un bon EBE, ce qui conforte ma stratégie. En plus, le système d’élevage est transmissible, que ce soit à mon fils ou quelqu’un d’extérieur. Pour un jeune éleveur, tout y est pour se libérer du temps et se faciliter la vie sans beaucoup investir en plus dans les bâtiments, comme le matériel, etc. »

Pour un jeune, tout y est pour se libérer du temps et se faciliter la vie.