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Grippe aviaire

Malgré la découverte du virus H5N1 dans du lait, les risques restent limités


AFP le 24/04/2024 à 18:50

Faut-il s'inquiéter après la découverte aux Etats-Unis de lait contaminé par le virus H5N1, à l'origine de la grippe aviaire ? Non, à en croire des experts, qui considèrent qu'il y a très peu de risque de contamination par voie alimentaire.

Que sait-on du lait contaminé aux Etats-Unis par le virus H5N1 ?

Des traces de ce virus H5N1 ont été détectées dans du lait de vache pasteurisé aux Etats-Unis, ont déclaré mardi les autorités américaines. Au cours d’une vaste enquête nationale, des particules virales ont été découvertes dans « le lait provenant d’animaux affectés, dans le système de transformation et sur les étagères », a annoncé l’Agence américaine du médicament (FDA).

Comment expliquer cette contamination ?

La grippe aviaire A (H5N1) est apparue pour la première fois en 1996 mais, depuis 2020, le nombre des foyers chez les oiseaux a explosé et un nombre croissant d’espèces de mammifères sont touchées. Le mois dernier les vaches et les chèvres ont rejoint la liste, une évolution surprenante pour les experts car elles ne sont pas considérées comme sensibles à ce type de grippe.

« Un nouveau virus H5N1 s’est mélangé aux Etats-Unis avec des virus locaux et présente la particularité de se multiplier extrêmement bien dans la mamelle des vaches », explique à l’AFP Jean-Claude Manuguerra, directeur de l’unité de recherches et d’expertise « Environnement et risques infectieux » à l’Institut Pasteur.

Bien que la souche H5N1 ait tué des millions de volailles au cours de la vague actuelle, les vaches touchées ne sont pas tombées gravement malades.

Existe-t-il aujourd’hui un risque accru de pandémie ?

« Est-ce que le fait de trouver des traces de virus dans du lait est un signe alarmant ? Non, même si le fait qu’il y ait un animal supplémentaire qui soit capable d’être infecté par ce virus, ce n’est pas une bonne nouvelle », balaye Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon.

« On a le risque de voir l’apparition de cas sporadiques, aussi bien chez l’animal que chez l’homme. En revanche, on n’est pas en train d’observer une modification majeure du virus qui conduirait à un risque de pandémie plus élevé qu’il y a deux ou trois mois », rassure-t-il.

Faut-il s’inquiéter pour la santé humaine ?

Un foyer de grippe aviaire a infecté début avril une personne au Texas, qui présentait des symptômes bénins – une conjonctivite – après avoir été en contact direct avec une vache.

« Ce que l’on sait, c’est que ce virus peut provoquer une infection chez l’homme s’il se trouve à deux endroits très précis : sur la conjonctive de l’oeil – et c’est une infection bénigne – ou au niveau de l’alvéole pulmonaire, au fin fond du poumon », explique Bruno Lina.

Dans ce deuxième cas, l’infection peut être grave. Sur quelque 900 cas humains d’infection au H5N1 recensés depuis 20 ans par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la moitié ont été mortels.

Mais les risques apparaissent inexistants en cas de consommation du lait pasteurisé où des traces de virus ont été détectées : « la pasteurisation a détruit le virus même si elle ne fait pas disparaître toutes les traces de sa présence », explique M. Lina.

En France, pays du fromage et du lait cru, le risque est-il plus élevé ?

« Est-ce qu’une personne, exposée à du lait non pasteurisé et contaminé par du H5N1, va développer une infection via le circuit normal de passage du lait – bouche, tube digestif… – ? Ça n’a jamais été montré », rassure M. Lina.

La souche qui circule actuellement aux Etats-Unis est, en tout état de cause, différente de celles qui circulent en Europe, rappelle M. Manuguerra.

Par ailleurs, il n’y a pas actuellement de circulation de ce virus grippal chez les bovins français, appuie-t-il.

« L’alerte est donnée, il y a une vigilance particulière et ces virus changent tellement qu’il faut les surveiller, sans jeu de mot, comme le lait sur le feu », ajoute-t-il. Mais « je pense que le consommateur ne doit absolument pas s’inquiéter ».