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EARL de Guerlogoden (56)

« 60 places en stabulation pour 75 VL c’est faisable grâce aux vêlages groupés »


TNC le 20/03/2020 à 06:12
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Samuel Servel, trait chaque année 75 vaches laitières. Il a opté pour un système en vêlages groupés de printemps avec fermeture de la salle de traite 2 mois l'hiver. Si la transition n'a pas été des plus faciles, l'éleveur atteint aujourd'hui pleinement ses objectifs économiques. Il rappelle tout de même certains points à ne pas négliger comme la surface accessible par vache, les stocks de fourrage à faire, mais aussi l'anticipation financière des deux mois d'hiver sans paie de lait.

Samuel Servel est éleveur laitier à Kergist (Morbihan). À son installation en 2011, il avait pour projet de réaménager la stabulation vieillissante et trop petite. Finalement, l’éleveur a changé de stratégie : « J’ai eu l’opportunité d’acheter un peu de terres et j’ai abandonné le projet bâtiment », explique l’éleveur dans une vidéo réalisée par le Cedapa.

Pour pouvoir loger tout le monde quand même, il a fait le choix d’avoir moins de bêtes l’hiver en calant les lactations sur la période herbagère grâce aux vêlages groupés de printemps.

60 places en  bâtiment pour 75 vaches à la traite

« J’ai 75 vaches à traire mais j’en ai 15 de moins l’hiver lorsqu’elles sont taries, au foin en bâtiment, puisque je réforme toutes les vides. Le bâtiment de 60 places suffit alors pour les vaches. Les génisses, elles, passent l’hiver dehors », explique Samuel. Il conserve chaque année une quinzaine de génisses dont ils groupent les vêlages avec les 60 vaches. Elles rejoignent le troupeau laitier au pâturage en mars, après avoir vêlé, pour faire le compte des 75 laitières en production.

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Les veaux naissent donc en mars et sont logés dehors en niches collectives. Ils disposent de bacs à tétines et tournent sur 3 paddocks dès le mois de mai. « Le fait qu’ils soient dehors dès la première année leur permet de suivre une bonne croissance car ils sont mis à l’herbe très tôt. Ils ont la carrure pour faire du vêlage à 2 ans », estime l’éleveur.

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L’EARL de Guerlogoden (56) en quelques chiffres :
2 UTH
98 ha de prairies
75 VL croisées 3 voies (base Holstein)
5 050 l/VL
380 000 l produits
Vêlages groupés au printemps (salle de traite fermée 2 mois l’hiver)

« La condition de réussite pour les vêlages groupés, c’est la fertilité. J’avais deux solutions pour l’améliorer : passer en monotraite ou croiser mon troupeau. J’ai choisi le croisement 3 voies. » Autre critère important : la surface accessible. Pour l’éleveur, elle doit être de 60 à 70 ares par vache minimum. « Toute ma surface accessible est en herbe aujourd’hui, je n’ai donc quasiment plus aucune charge de mécanisation. »

Il faut également prévoir un peu de stock de fourrage d’avance. « La transition a été difficile avec les vaches taries l’hiver et les vaches en lactation. Au début, j’achetais du foin en octobre pour les taries mais je me suis vite rendu compte qu’elles consommaient moins l’hiver. Le besoin est finalement plus important en pleine période de lactation si on manque d’eau car dans ce cas-là, on consomme du stock qui nous pénalise pour l’hiver. »

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Côté matériel, le besoin est minime : « J’ai juste besoin d’une dérouleuse pailleuse. Mieux vaut investir dans les chemins d’accès au pâturage et dans une bonne salle de traite, rien de plus. »

Qui dit 2 mois sans lait, dit 2 mois sans paie : attention !

La transition vers les vêlages 100 % groupés est assez longue. Samuel a mis près de 2 ans à y parvenir. Il met en garde : « Au niveau économique, il faut être prudent. On peut perdre de l’argent, c’est tout de même deux années tendues. »

Pour anticiper la perte de lait (- 1 000 l/VL dans son système), il a misé sur 10 vaches supplémentaires et il se souvient : « J’étais prêt à arrêter de traire l’hiver mais il fallait dégager suffisamment de revenu en amont pour se le permettre. En général, je mets 40 000 € de trésorerie de côté pour passer les mois de janvier, février et mars sans paie de lait (puisque celle de mars n’arrive qu’en avril). »

Samuel est clair quant à ses objectifs économiques : « Je rembourse encore ma reprise et j’ai un salarié donc je me suis fixé en chiffre d’affaires minimum. L’objectif est d’atteindre 70 000 € d’EBE avec 50 000 € d’annuités. En réalité, j’atteins 90 000 € d’EBE avec 40 000 € de revenu disponible. »

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Concernant l’organisation du travail, Samuel travaille avec son frère, salarié sur la ferme. « On travaille un week-end sur deux, sauf de mars à mai. En juillet, les veaux sont sevrés donc on a beaucoup moins d’astreinte. Au total, on parvient à prendre 4 à 5 semaines de vacances par an chacun. »

Et pour ceux qui se lancent dans les vêlages groupés de printemps, l’éleveur recommande « d’aller au bout du projet et de ne surtout pas faire demi-tour car c’est là qu’on risque d’y perdre le plus financièrement. Il faut être clair du départ et s’y tenir. » Avec le recul, il estime même que ce système ne requiert pas de technicité particulière mais plutôt de la rigueur.