Accéder au contenu principal

sommaire

Sommaire du dossier

Dossier : Conflit russo-ukrainien

précédent

76/99

articles

suivant

Guerre en Ukraine

Le conflit alimente les incertitudes et désoriente les marchés


AFP le 09/03/2022 à 18:Mar
fiches_ChampUkraine

Comment la guerre en Ukraine va-t-elle bouleverser les marchés agricoles ? (©Pixabay/TNC)

L'Ukraine pourra-t-elle semer puis exporter ? Quel impact auront les sanctions, quotas ou embargos envisagés côté occidental ou russe ? Les marchés des matières premières agricoles cherchent une boussole quinze jours après le début de la guerre, qui a propulsé huiles, blé et maïs à des niveaux inédits.

Montés très haut ces derniers jours, les cours mondiaux des céréales, notamment du blé, semblaient se stabiliser, voire amorcer un repli. A-t-on atteint un plafond ? Possible, pour Jack Scoville, vice-président du courtier Price Futures Group, mais « personne ne peut répondre à cette question avec certitude, car personne ne sait ce qui va se passer ».

Une volatilité miroir de la peur

Après un nouveau record mardi à la Bourse des matières premières agricoles de Chicago, le cours du blé a terminé en repli, avant la publication dans la soirée du rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture (USDA), très attendu car il établit les prévisions d’exportation et de stocks mondiaux. 

« Nous avions déjà observé une volatilité forte en 2008 puis en 2010, mais celle-ci est typique d’un contexte de guerre et reflète la peur », souligne Edward de Saint-Denis, courtier à Plantureux et associés.

Plusieurs facteurs soutiennent des prix à des niveaux record : l’incertitude quant à la capacité de l’Ukraine à mener les travaux des champs, la flambée du cours des engrais – dont l’Europe importe 30 % de ses besoins de Russie – et le coût des carburants.

« On n’a pas d’élément fondamentalement nouveau sur les marchés des grains. Joe Biden a décrété un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russes, ce qui explique que le complexe oléoprotéagineux (soja, colza, tournesol) soit chaud bouillant, avec un colza à 882,75 euros la tonne en clôture mardi », a relève Edward de Saint-Denis.

La flambée des cours concerne tous les grains : maïs, blé, colza… (©TNC)

Mais ces envolées pourraient être tempérées par la réticence de l’Europe, dépendante à 40 % des importations d’hydrocarbures russes, à s’engager sur la même voie. Autre inconnue, la riposte russe : Moscou a annoncé son intention de bloquer les exportations de certaines matières premières, sans préciser lesquelles.

L’Ukraine sème au Centre-Ouest, la Russie charge

« Aucun navire ne sort d’Ukraine, en revanche, la Russie charge sur la mer Noire : on voit du mouvement vers la Turquie, le Soudan et l’Egypte », note Damien Vercambre, courtier à Inter-Courtage. Sur la scène internationale, les prix élevés ont freiné de nombreux acheteurs : la Corée du Sud et la Tunisie ont pour le moment renoncé à un blé trop cher, tandis que l’Algérie a encore repoussé son appel d’offre. 

Sur le terrain, la grande question est la capacité de l’Ukraine à semer. Dans les zones où les troupes russes progressent, dans le nord, le sud et l’est de l’Ukraine, il n’y aura sans doute pas ou peu de semis.

En revanche, « dans l’ouest et plus au centre de l’Ukraine, le travail bat son plein » pour les semis de printemps (orge, blé), rapporte Inter-Courtage.

L’enjeu majeur sera pour les semis de maïs et de tournesol – dont l’Ukraine est un très gros exportateur – qui doivent débuter d’ici trois semaines. Les stocks d’engrais seraient suffisants, mais il pourrait manquer du carburant, indique Edward de Saint-Denis. 

Kiev, qui a interdit l’exportation de seigle, d’orge, de sarrasin, de sucre et de viandes, tente par ailleurs d’organiser la sortie par le rail de quelques milliers de tonnes de blé et maïs vers la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. « Très loin des volumes habituels », souligne Damien Vercambre.

« Pas de plan B pour le maïs »

« Le maïs est le gros enjeu » pour Gautier Le Molgat, analyste à Agritel : car s’il y aura à terme des substituts au tournesol ukrainien, « pour le maïs, il n’y a pas de plan B ». « On ne peut pas remplacer 12 à 14 Mt de maïs qui restaient à exporter d’Ukraine », renchérit Damien Vercambre, qui précise que « l’UE envisage d’importer du maïs américain ».

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.

Les articles du dossier