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Dossier : Conflit russo-ukrainien

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Huiles

Foodwatch demande une « totale transparence » en cas de changement de recette


AFP le 01/04/2022 à 21:Apr
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Comment la guerre en Ukraine va-t-elle bouleverser les marchés agricoles ? (©Pixabay/TNC)

L'huile de tournesol est présente dans de nombreux produits et plats préparés. Face à la pénurie d'huiles de tournesol linoléiques importées d'Ukraine, les fabricants demandent des dérogations pour changer leurs recettes sans changer les étiquettes. L'ONG Foodwatch réclame quant à elle une transparence totale.

Face à la pénurie d’huiles en provenance d’Ukraine ou de Russie, notamment de tournesol, les fabricants de produits de consommation courante ont demandé aux autorités des « dérogations » pour vendre des produits « revisités » sans changer les étiquettes: l’ONG Foodwatch réclame vendredi une « totale transparence ».

Frites, chips, margarine, plats préparés ou biscuits… L’huile de tournesol est incontournable dans la composition de nombreux produits prisés des consommateurs français.

Or, « l’huile de tournesol utilisée en cuisson peut être de deux types: oléique et linoléique. La France produit surtout de l’huile oléique mais doit importer de l’huile linoléique », explique à l’AFP Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril, numéro un français des huiles et protéines végétales (Lesieur, Puget).

Une marque comme « Lesieur n’utilise que du tournesol produit en France, mais ce n’est pas le cas des marques distributeur », précise-t-il. L’huile de tournesol vendue en grandes surfaces est de « l’huile linoléique », dont l’Ukraine est un producteur important.

– Demande de dérogations – « Deux tiers des importations françaises de tournesol proviennent d’Ukraine, principalement pour la fabrication d’huile et de tourteaux pour l’alimentation animale », détaille Foodwatch dans un communiqué vendredi. « Les fabricants se tournent donc vers des ingrédients de substitution, comme l’huile de colza, l’huile de palme et les tourteaux de soja OGM en provenance d’Amérique latine ».

Problème dans le cas de la distribution alimentaire, « modifier l’étiquetage prend beaucoup de temps et les produits ne pourraient plus être proposés à la vente dans l’intervalle », tant que l’emballage stipule, par exemple, « 100% huile de tournesol », explique une source du secteur.

Les industriels ont donc, explique encore Foodwatch, « demandé des dérogations pour vendre ces produits revisités sans changer les étiquettes ».

Bertrand Ouillon, délégué général de l’Interprofession française de la valorisation de la pomme de terre (UGPT), a confirmé les demandes de dérogations auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui surveille la bonne information des consommateurs, « car on doit préciser l’origine des huiles ».

Sur les disponibilités des huiles, il s’est voulu rassurant: « a priori, nos industriels sont couverts en huile, au moins jusqu’à cet été », assure-t-il, citant « des disponibilités en colza » et expliquant que les professionnels travaillent « sur des alternatives au tournesol, des panachages d’huiles ».

Le président de Cérélia Guillaume Réveilhac explique aussi que « La DGCCRF est en train de nous donner cette flexibilité pour simplement informer sur l’emballage que ces complexes de matières grasses végétales sont sujettes à une évolution. C’est du déclaratif, nous avons besoin de ce fonctionnement », dit-il à l’AFP.

– Transparence « en rayons et en ligne » – De son côté, le groupe canadien McCain, qui a trois usines en France, « utilise 100% d’huile de tournesol » pour la fabrication de ses frites. « A court terme, nous avons pu trouver des solutions. Nous sommes couverts, avec des volumes correspondant à nos besoins habituels, mais les prix ont énormément augmenté », a déclaré à l’AFP Christine Delepierre, directrice de la communication Corporate Europe.

Elle précise que l’enjeu pour le groupe « est d’assurer la continuité de la production et de l’approvisionnement », et que la hausse des coûts de production, du fait du prix des huiles mais aussi de l’énergie, allait sans doute devoir être répercutée à ses clients.

Si Foodwatch dit comprendre « le caractère exceptionnel de la situation », l’ONG estime que « les consommateurs doivent être informés de ces changements d’ingrédients » et a lancé une pétition « exigeant la totale transparence », via une information « en rayons » des magasins « et en ligne, pour chaque produit de façon transparente et sans délai ».

Le gouvernement a récemment confirmé que les industriels ont demandé de la « souplesse » sur les règles concernant l’étiquetage. « C’est un sujet sur lequel on continue de travailler avec les associations de consommateurs et les fédérations professionnelles » pour définir les critères de telles dérogations, a déclaré jeudi une source gouvernementale.

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