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Reportage

Une production de fraises pour ne pas «mettre tous les œufs dans le même panier»


TNC le 31/05/2019 à 06:02
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Installés depuis près de 20 ans dans le Pas-de-Calais, Christine et Jean-Louis Schrevere conduisent une exploitation assez typique du secteur avec les cultures de pommes de terres, betteraves sucrières, céréales et endives. Face à l'impossibilité d'agrandir leur parcellaire, les agriculteurs ont cherché à diversifier leur exploitation il y a un peu plus de deux ans. Et finalement leur choix s'est porté sur la production de fraises hors-sol.

Du côté de Bapaume dans le Pas-de-Calais, Christine et Jean-Louis Schrevere cultivent pommes de terre, betteraves sucrières, céréales et endives depuis près de 20 ans. Pour les endives, ils gèrent l’ensemble de la production : du semis jusqu’aux endives emballées et prêtes à être vendues, en passant par le forçage. Cela représente un atelier important de l’exploitation. Toutefois, le contexte de ces dernières années est un peu compliqué, explique le couple d’agriculteurs. Pour éviter de « mettre tous les œufs dans le même panier » et aussi pour pérenniser l’exploitation en vue de l’installation de leur fils dans quelques années, ils cherchent donc, en 2016, à diversifier un peu plus l’exploitation.

Côté accès au foncier, la situation est plutôt bloquée comme dans plusieurs régions françaises : « les possibilités d’agrandir son parcellaire sont rares », explique Christine Schrevere. Au même moment, leur coopérative France endives recherche des producteurs pour lancer la production de fraises hors-sol dans le secteur et ainsi étoffer la gamme de produits de la marque « Les nouveaux producteurs ». Intéressés, les agriculteurs se lancent alors dans ce nouveau défi.

Une nouvelle culture à mettre en place

La construction de la serre démarre en fin d’année 2016 et près de 40 000 plants de fraises sont mis en place dès la campagne 2017. « Nous avons installé 3,8 km de gouttières pour acheminer l’eau de pluie (récupérée sur place dans une cuve) et les nutriments dans les bacs contenant les fraisiers et les substrats en fibre de coco », explique Jean-Louis Schrevere. Commence alors l’apprentissage d’une nouvelle culture pour les agriculteurs : gestion des ravageurs, des maladies, fertilisation, taille… Pour les accompagner, ils peuvent compter sur leur technicien de coopérative.

« Nous utilisons deux types de plants : des variétés de saison comme Charlotte, Annabelle et Murano qui produisent une fois dans l’année et des variétés remontantes (Jolie, Darselect et Magnum), qui permettent trois récoltes dans la campagne. Le tout est réparti en 10 zones distinctes dans notre serre avec des trois périodes de plantation différentes : février, mars et avril. Cela permet d’échelonner notre production et donc les ventes de fraises », complète l’agriculteur.

Ayant bénéficié d’un plan opérationnel pour le financement de ce projet, 80 % de la production de Jean-Louis et Christine Schrevere doit être vendue par France endives. Le reste peut être vendu par le couple d’agriculteurs en direct tous les samedis matins. Leur serre étant située dans la ville de Bapaume, la serre est un lieu parfait pour la vente. « Les consommateurs peuvent ainsi voir où et comment sont produites les fraises qu’ils achètent », explique Jean-Louis Schrevere, qui apprécie le contact avec la clientèle. D’ailleurs, pour répondre à leurs attentes, les agriculteurs ont fait le choix de passer en protection biologique intégrée (PBI) depuis le début de la campagne.

Des êtres vivants pour prévenir les populations de ravageurs

L’objectif est de « réduire le plus possible le recours aux produits phytosanitaires ». Dans ce cadre, la lutte biologique représente l’outil principal contre les bioagresseurs. Ainsi les agriculteurs utilisent les organismes vivants pour prévenir ou réduire les populations de ravageurs, et donc leurs dégâts sur les cultures. « Nous avons installé, dans la serre, les Amblyseius cucumeris qui permettent de lutter contre les thrips, les Aphydius colemani contre les pucerons… On met aussi en place des plaques engluées contre les mouches », présente Jean-Louis Schrevere. « La taille des fraisiers et le suivi permet aussi de limiter l’apparition de maladies (botrytis et oïdium notamment). »

Et « lorsque la lutte biologique n’est pas suffisante, ou que son coût devient trop élevé, la lutte chimique est envisagée. Cependant, seuls des produits « compatibles » avec la PBI, c’est-à-dire respectant la faune auxiliaire, sont appliqués », précise la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France dans le cahier des charges de la PBI.