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Commercialisation du blé français

Un début de campagne atypique, avec son lot d’incertitudes


TNC le 17/09/2020 à 06:08
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Commercialiser moins de grains, mais des grains de bonne qualité, dans un contexte pandémique qui bouscule les besoins de certains pays : tel est le défi de la France pour cette nouvelle campagne de commercialisation de ses blés. Une campagne qui s'annonce atypique et incertaine, avec un potentiel de débouchés inédit vers la Chine, et une concurrence russe vers l'Algérie, le premier client de la France.

La récolte 2020 représente la 4e plus faible récolte de céréales depuis 2000. En cause : les « forts balanciers météorologiques tout au long de la campagne », indique François Laurent, directeur recherche et développement d’Arvalis-Institut du végétal, lors d’une conférence organisée le 16 septembre par FranceAgriMer. L’automne et l’hiver doux et très humides, suivis des conditions trop sèches ont eu un fort impact sur les rendements : la production de blé tendre française 2020 est, à ce jour, estimée à 27, 2 Mt, soit – 25 % par rapport à la campagne précédente.

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Incertitudes quant aux importations chinoises

Du fait d’une récolte moindre, le disponible exportable est donc réduit cette campagne : – 37 % par rapport à celui de la campagne précédente. « Si la compétitivité du blé tendre français était bonne au début, elle s’est un peu détériorée au fil de la moisson et s’améliore finalement depuis 15 jours », indique Thierry de Boussac, du Synacomex. Aujourd’hui, le volume exportable vers les pays tiers pour cette campagne 2020/2021 est estimé à 6,6 Mt.

Grâce à un accord phytosanitaire, la France est la seule origine européenne à pouvoir exporter du blé tendre en Chine. « Et elle bénéficie, depuis le début de la campagne, d’une demande soutenue. Mais on ne sait pas si cela va continuer ainsi tout au long de la campagne ». La Chine va « donc être un point déterminant pour les exportations de blé français », elles pourraient représenter « environ 1 Mt » selon Thierry de Boussac.

Bilan français du blé tendre. (©FAM, MAA, Douanes Françaises, Reuters, Refinitiv)

L’Algérie pourrait ouvrir la porte au blé russe courant septembre

Autre information importante : « l’Algérie, qui convoite depuis la mi-août le blé des pays Baltes, pourrait ouvrir la porte aux origines mer Noire pour son prochain tender, dans le courant du mois de septembre », précise Thierry de Boussac, « en relevant le seuil de grains punaisés à 0,5 % dans son nouveau cahier des charges ». Cela sera-t-il défavorable au blé français ? Difficile de se prononcer pour le moment, selon l’expert car ce relèvement pourrait être accompagné d’un relèvement de la teneur en protéines exigée pour les origines concernées.

Les exportations vers l’Algérie, principal débouché du blé français habituellement, devraient toutefois subir « une baisse drastique » : « à 5,1 Mt la campagne passée, elles devraient tourner autour de 1 à 1,5 Mt cette campagne, compte-tenu de la faible récolte 2020 et des flux déjà engagés vers la Chine », ajoute Thierry de Boussac.

À lire aussi : Exportations de céréales – L’Algérie restera-t-elle encore longtemps le premier client du blé français ?

D’autres éléments seront, bien sûr, à suivre pour la suite de la campagne de commercialisation : « l’évolution de la compétitivité du blé français (normalement toujours meilleure pour la deuxième partie de la campagne, à partir de janvier), la parité euro/dollar, la valeur du blé russe (avec 39 Mt à exporter), les conditions de semis d’automne (pour le moment, assez sèches en France, en Europe Centrale et de l’Est), qui peuvent être un frein à la commercialisation de l’ancienne campagne, etc. »

Si la quantité exportable est réduite cette année pour la France, les experts ont néanmoins insisté sur la très bonne qualité de la production, « permise grâce à des conditions de fin de cycle plutôt favorables. Les analyses sur les échantillons des enquêtes FranceAgriMer/Arvalis indiquent pour le blé tendre des teneurs en protéines satisfaisantes à bonnes ainsi que de bons poids spécifiques », confirme Adeline Streiff, ingénieur au pôle qualité technologique et sanitaire des céréales d’Arvalis.

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