Accéder au contenu principal
Faible récolte de blé tendre

Baisse de revenus et année difficile à venir pour les producteurs français


TNC le 28/08/2020 à 06:03
fiches_IMG_2946

Alors que la récolte de blé s'avère être la deuxième plus petite de la décennie, le cabinet Agritel a dressé un premier bilan de la campagne et des perspectives à l’export. L’année s’annonce cependant compliquée pour les producteurs, avec des prix qui ne pourront pas compenser la baisse de rendement.

Avec une récolte estimée à 29,2 Mt, soit 10 Mt de moins que la campagne précédente, la France enregistre sa deuxième plus faible récolte de blé tendre de la décennie. En cause, des conditions climatiques particulièrement mauvaises, avec un net excédent de pluviométrie par rapport à la moyenne des 20 dernières années. « Du 1er octobre au 31 décembre, on a eu des excédents importants, notamment sur toute la façade ouest, allant de 175 à 200 % de ce qu’on connaît habituellement », a rappelé Nathan Cordier, responsable des analyses chez Agritel, le 26 août. Les producteurs n’ayant pas pu rentrer dans les champs, les surfaces emblavées étaient donc moins importantes avec 4,28 Mha, contre près de 5 Mha en décembre 2018.

Lire aussi : La production française de blé tendre atteindrait 29,22 Mt selon Agritel

Les rendements sont également en nette diminution, inférieurs à 6,83 t/ha, contre une moyenne olympique à 7,4 t/ha, les pluies n’ayant pas permis de semer dans de bonnes conditions, et le printemps sec entravant ensuite le développement. À noter que la situation est très hétérogène sur le territoire, certaines zones, par exemple dans le Nord, ne connaissent pas de baisse de production, tandis que le Centre Val-de-Loire, l’Occitanie, les Pays-de-la-Loire sont très affectés par la baisse des surfaces et des rendements. À la différence de 2016/2017, la faible production est cette fois exempte de problèmes de qualité.

Lire également : Blé tendre : révision à la baisse du rendement moyen à 68,3 q/ha

Une situation contrastée entre les grands exportateurs

Avec 136,1 Mt, la production de blé européenne est similaire à celle de 2018, avec des baisses de rendements en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Bulgarie et en Roumanie. Les conditions météorologiques ont en revanche été très favorables à l’Espagne (plus de 8 Mt) et aux pays baltes (qui affichent une production record supérieure à 9 Mt). Le disponible exportable se réduit à 23,5 Mt, 14,5 Mt de moins que l’année dernière, qui était une année record.

La Russie devrait de son côté connaître une production à son deuxième niveau historique avec 80,5 Mt. La production baisse en revanche en Ukraine (26,2 Mt contre 29,2 Mt lors de la précédente campagne) et au Kazakhstan, le pays ayant été fortement touché par la sécheresse.

Lire : Production de blé : la Russie vers la deuxième meilleure récolte de son histoire ?

Aux États-Unis, la faiblesse des surfaces emblavées a été compensée par de bons rendements, et les disponibilités sont en légère baisse. Le Canada pourrait de son côté battre son record de production grâce à un rendement supérieur à la moyenne.

Enfin, dans l’hémisphère sud, les bonnes conditions climatiques devraient permettre à l’Australie, où les surfaces emblavées ont augmenté de 30 %, d’atteindre 31 Mt. En Argentine, en revanche, le manque de précipitations entraîne une baisse de la production à 18,2 Mt.

Au final, la production des huit principaux exportateurs devrait atteindre 390 Mt, soit un niveau proche de celui de l’an dernier (+ 1 Mt), avec un disponible en retrait de – 6 Mt. Suite à la crise du coronavirus, un recul du commerce mondial est également attendu, avec une possible baisse de consommation des principaux pays importateurs qui sont soit producteurs de pétrole (et qui font face à une forte baisse des prix), soit très dépendants du tourisme (Maroc, Egypte, Arabie Saoudite). 

En France, un disponible à l’export en net recul

Conséquence de la faible production, les volumes de blé destinés à l’exportation seront pour cette campagne de 13,2 Mt, contre 21,9 Mt en 2019 : 6,3 Mt vers les pays tiers (contre 13,15 l’an dernier), et 6,7 Mt en intra-communautaire (contre 7,43 lors de la campagne précédente).

L’Algérie devrait rester le principal débouché vers les pays tiers, mais la faible compétitivité du blé français face aux blés du nord de l’Europe limiterait les possibilités d’export à 2,6 Mt, contre plus de 5,6 Mt l’an dernier, estime Agritel. La France pourrait exporter 1,1 Mt vers le Maroc. La faible disponibilité ne pousse pas à être compétitif vers l’Egypte, où la Russie devrait garder la mainmise, estime le cabinet.

Une baisse de revenus pour les producteurs français

Outre la faible récolte, les producteurs français devront également composer avec le raffermissement de la parité euro/dollar :  si les prix se raffermissent, ce n’est pas suffisant pour compenser la hausse de cette parité qui a entraîné une baisse de compétitivité de – 6 % depuis juillet, indique Agritel. Si les prix actuels approchent les 180 €/t (rendu Rouen), cela ne compense pas, pour les zones les plus touchées, la baisse de rendement de l’ordre de 25 %.

Autre difficulté cette année, les cultures de printemps et d’été ont également souffert : la récolte d’orge est décevante à cause de la sécheresse du printemps, sans compter que le marché est devenu excédentaire, la crise du coronavirus ayant limité la consommation de bière. Par ailleurs, la sécheresse de l’été risque également d’impacter les rendements des cultures d’été (maïs et tournesol)…

Pour surveiller les évolutions des cours des matières premières agricoles, connectez-vous sur Les cotations Agri Mutuel.