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Oleo100

Un carburant 100 % huile de colza dans les camions français


AFP le 08/11/2018 à 14:14
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Du colza sous le capot : le groupe Avril, numéro un français des huiles de table qui fabrique aussi des biocarburants, a annoncé jeudi le lancement de ce qu'il présente comme le premier carburant français 100 % végétal.

« Il s’agit de lancer la première énergie issue de l’agriculture française, puisque c’est une énergie 100 % végétale, 100 % renouvelable, 100 % tracée et 100 % française », a déclaré le directeur général, Jean-Philippe Puig, lors d’un entretien avec l’AFP. L’Oleo100 représente une alternative aux bio-carburants traditionnels, mais seulement pour les transporteurs routiers et les collectivités.

Le groupe se veut discret sur l’investissement « substantiel » consenti et sur le prix de vente, mais Kristell Guizouarn, responsable du projet au sein du groupe Avril, promet qu’il sera « compétitif par rapport au gazole et très compétitif par rapport au gaz et à l’électrique ». Un argument porteur dans le contexte actuel de grogne sur les prix du carburant, même si l’Oleo 100 n’a pas vocation à être disponible à la pompe. Il entre en effet dans la catégorie B100, autorisée par un arrêté publié le 7 avril dernier au Journal officiel pour une utilisation seulement « dans des flottes professionnelles disposant d’une logistique d’approvisionnement spécifique et de leurs propres capacités de stockage et de distribution ».

Moins d’émissions

Jean-Philippe Puig annonce 60 % de gaz à effet de serre en moins pour son carburant vert par rapport au gazole. « Quand on prend du végétal, on a un effet très, très net sur la diminution des gaz à effet de serre par rapport aux produits issus du pétrole », fait-il valoir. Le constructeur le plus avancé est le suédois Scania : « 95 % de sa flotte est disponible en option B100 » et « quasiment au même coût par rapport à une option gazole », a déclaré Kristell Guizouarn. Renault Trucks dispose également d’une gamme compatible avec ce type de carburant, ajoute-t-elle, précisant que tous les camions diesel sont susceptibles de rouler à l’aide de ce type de carburant, moyennant de menues modifications de la cartographie (gestion électronique, NDLR) du moteur et du filtre à carburant. Ces ajustements représentent un coût de quelques centaines à 1 000 euros et sont pris en charge par Avril « pour pouvoir accélérer la transition vers Oleo100 », ajoute la responsable du projet. 

« Nous allons, au-delà de la production de ce produit, aller directement le distribuer aux clients finaux », a annoncé Jean-Philippe Puig, qui évoque « un nouveau métier » pour le groupe Avril. « On va directement amener le produit dans leurs cuves, voire investir pour eux dans les lieux de stockage nécessaires à la distribution de ce produit ». Outre l’avantage en termes d’émissions de particules fines (80 % en moins, selon Avril), Jean-Philippe Puig espère séduire les transporteurs cherchant une énergie renouvelable avec une « durée d’autonomie suffisante », que n’offre pas l’électrique, alors que le gaz « reste quand même une énergie qui est un peu chère et qui émet plus de gaz à effet de serre que le 100 % végétal ».

Nouveau débouché bienvenu

Pourquoi le colza ? « Le biodiesel de colza est celui qui a la tenue à froid la plus basse. Donc pour pouvoir aller sur du 100 % biodiesel, il faut que ce soit du colza exclusivement ou très majoritairement et non pas de la palme ou du soja », a expliqué à l’AFP Dominique Daudruy, président de NordEster, un concurrent du groupe Avril. NordEster fabrique des biocarburants principalement à base d’huile de friture et de graisses animales et n’envisage pas pour l’instant de commercialiser de carburant de type B100.

Avril, de son côté, a lancé des tests avec un certain nombre de clients, et notamment la société de distribution de produits frais Transgourmet qui, depuis plus de six mois, fait tourner quelques-uns de ses camions avec cette énergie. Objectif du groupe : faire rouler avec ce carburant, produit dans l’usine du groupe à Rouen, quelque 15 000 véhicules d’ici à 2023, parmi les quelque 533 000 camions de transport routier de marchandises et 94 000 autobus et autocars en circulation. Pas de quoi valoriser l’ensemble du colza produit en France, mais « un nouveau débouché » bienvenu, alors que le biodiesel mélangé au gazole est très concurrencé par des produits d’importation, en particulier d’Argentine ou d’Indonésie.