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Semis de printemps

Les dégâts d’oiseaux, une véritable problématique pour les tournesols


TNC le 17/04/2020 à 09:02
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Pigeons ramiers, corneilles noires, corbeaux freux... protéger les tournesols de ces oiseaux représente un enjeu majeur à l'implantation, comme en témoigne Alexandre Fricaud, agriculteur en Loire-Atlantique. Combiner différents moyens de lutte (effaroucheur visuel et sonore, présence humaine régulière...) peut permettre d'atténuer les dégâts. Les signaler est également indispensable afin de faire reconnaître cette problématique.

Installé en Loire-Atlantique, Alexandre Fricaud a désormais terminé ses semis de tournesols, pour la quatrième campagne de suite. S’il n’a pas été trop embêté par les oiseaux les deux premières années, la campagne dernière s’est montrée compliquée : « sur 17 ha emblavés, seul 1 ha a été épargné par les pigeons à la sortie de la végétation », témoigne l’agriculteur qui avait pourtant posé des effaroucheurs visuels.

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Pour le re-semis, il a disposé un canon effaroucheur dans la parcelle, qui s’est montré « plus efficace ». Une solution toutefois « compliquée à mettre en œuvre avec le voisinage », note Alexandre Fricaud. Sur le sujet des effaroucheurs visuels et sonores, il est important d’ « éviter de les installer dès le semis mais plutôt au moment de la levée, de les disposer en nombre suffisant et de les déplacer régulièrement », rappelle Terres Inovia.

Des moyens de lutte à combiner

« Une présence humaine régulière dans la parcelle tous les jours pendant la période de sensibilité » est également une solution de lutte efficace avant la levée du jour, contre certains volatiles. Et même si les moyens de lutte contre les oiseaux sont limités, l’institut technique précise que « leur combinaison peut considérablement atténuer les dégâts ».

À noter aussi : « la mise en œuvre de tous les moyens disponibles n’a de sens que si le semis est soigné et les règles fondamentales d’un semis réussi sont respectées : date de semis, état du lit de semence, conditions météo, réglage et conduite du semis ».

Pour cette campagne, Alexandre Fricaud croise les doigts : « pour le moment, tout se passe bien ». Pour lui, la démolition de plusieurs bâtiments à l’abandon, refuge de nombreux pigeons), à proximité de sa parcelle de tournesol au printemps dernier avait contribué à leur arrivée dans la parcelle. De plus, l’agriculteur observe, cette année, un phénomène de dilution : « l’automne ayant été très pluvieux, l’augmentation des surfaces dédiées aux cultures de printemps, dont le tournesol notamment, est importante en 2020 ». Cela pourrait expliquer une répartition des dégâts sur l’ensemble de la sole.

Jouer le collectif

La coordination des semis est d’ailleurs un levier à envisager, selon Terres Inovia, à l’échelle d’un collectif territorial. « Cette stratégie repose sur une synchronisation des semis de tournesol sur un secteur réduit et donc le partage entre producteur des dates d’intention de semis ».

Autre solution de protection des parcelles : la régulation des populations par le tir ou le piégeage (cage à corvidés…). Attention elle est soumise à autorisation départementale. « Et la liste des espèces classées « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » est revue chaque année à l’échelle départementale sur la base d’un dossier factuel chiffrant notamment les dégâts sur les cultures, il est donc indispensable de signaler les dégâts », rappelle l’institut technique.

Déclarer les dégâts d’oiseaux > c’est possible sur l’enquête en ligne de Terres Inovia ou bien via les fédérations des chasseurs et chambres d’agriculture de votre département.

À ce sujet, Alexandre Fricaud précise : « déclarer les dégâts est nécessaire afin de faire « bouger les choses ». Aujourd’hui, nous avons des indemnités en cas de dégâts de gros gibier (sangliers…), mais rien pour les dégâts de volatiles ». L’agriculteur, qui a dû resemé 16 ha de tournesol l’année dernière, n’a reçu aucune indemnité.

Plusieurs autres pistes à l’étude

L’enquête réalisée depuis 2016 permet également à Terres Inovia de réaliser un bilan national et de mener des études. Plusieurs travaux sont d’ailleurs en cours « en partenariat avec différents acteurs dans le cadre de projets nationaux et régionaux » afin d’envisager d’autres méthodes de protection.

Synthèse des résultats des quatre pistes testées pour gérer les oiseaux à la parcelle (source : Terres Inovia)

 Travaux réalisésEfficacitéÀ l’étude
Effarouchement

Évaluation de trois modèles innovants : modèle Avitrac, drone terrestre, pendule réfléchissant

Prestation d’un fauconnnier

Oui

Oui

Système de détection se déclenchant uniquement en présence d’oiseaux et permettant de limiter leur accoutumance (Terres Inovia et Inrae)
Stratégie de confusionSemis sous couvert de féverole ou sous couvert d’orgeOuiHersage (herse étrille) : en plus de son action reconnue sur les adventices, un hersage léger pourrait permettre de masquer les lignes de semis et ainsi perturber la recherche des graines par les corvidés
RépulsifÉvaluation de trois préparations applicables en pulvérisation à la levée, (AMO 03-09, Avifar et Gibstop) et une en enrobage de semence (PNF 19°NonSur proposition de firmes, Terres Inovia teste des produits en amont d’une éventuelle homologation, mais à ce jour aucun résultat positif n’a été obtenu
Réduction de la période sensibleÉvaluation de l’usage d’un engrais starterNonVigueur à la levée de la variété, une piste de travail pour les sélectionneurs

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