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Agroécologie

Les bénéfices de l’agroforesterie pour la vie des sols et la qualité de l’eau


TNC le 08/07/2021 à 10:16
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Frédéric Coulon, spécialiste « stratégies agricoles territoriales » pour Solagro, explique quels sont les bénéfices de l'agroforesterie, notamment pour l'eau et les sols, et Jack De Lozzo, agriculteur dans le Gers, raconte ce qui l’a amené à planter des arbres.

Pour Frédéric Coulon, spécialiste « stratégies agricoles territoriales » chez Solagro, l’arbre a un rôle de « fixateur de carbone grâce à la litière (chutes de feuilles et de branches), et à la présence de racines ». Il explique lors d’un webinaire : grâce à l’agroforesterie, « la vie du sol est renforcée et le stockage de l’eau amélioré ». Mais ce ne sont pas les seuls intérêts à la plantation d’arbres, il y en a d’autres :

  • La protection de la qualité de l’eau : « la bande enherbée au pied des arbres facilite l’infiltration de l’eau de pluie puisque le microrelief créé par les lignes d’arbres est un obstacle à l’écoulement des eaux » ;
  • « La protection des cultures et des animaux des aléas climatiques » (chaleur, ensoleillement, vent…) ;
  • L’amélioration de la biodiversité : « Une flore spontanée va apparaître dans la bande herbeuse sous les arbres qui offrent également des micros-habitats accueillants (bois, fleurs, feuilles, fruits…) pour les oiseaux, pollinisateurs et auxiliaires de cultures ».

Fréderic nous confie qu’« associer arbres et cultures permet de produire davantage ». Selon lui, « une parcelle agroforestière produit 20 à 40 % de biomasse en plus » mais seulement sous certaines conditions :

  • Il est important de « minimiser les risques de concurrence en usant de sols profonds favorables à l’arbre », en intégrant des « espèces à débourrage tardif (noyers, chênes) », en gérant correctement la compétition pour la lumière et l’eau. Il faudra notamment gérer la densité arbres/culture – 40/80 arbres/ha « pénalisent assez peu la culture » et « privilégier les cultures d’hiver et les intercultures pour forcer l’enracinement de l’arbre ».
  • Il faudra également « diversifier les essences » et « travailler sur le long terme » (la récolte du bois ne se fera pas avant 30 ou 50 ans).

Pour réussir quelques pré-requis sont importants :

  • « Bien préparer son sol en décompactant en profondeur < 60 cm sur 1,5/2 m de large et affiner son sol en préparation des semis avec un outil à dents ou rotatif (herse rotative, rotavator…) » ;
  • « Mettre en place des bandes enherbées sur les futures rangées d’arbres (1-2 m de large) en utilisant un mélange de graminées et de légumineuses adaptées. »

Il faudra enduite planter les arbres, les pailler et les protéger de la faune environnante. Concernant l’entretien de Jack De Lozzo, agriculteur dans le Gers et invité du webinaire, précise qu’il est rapide, particulièrement « les cinq premières années ».  Ensuite, une taille régulière tous les 7/8 ans est nécessaire, notamment pour favoriser le passage des machines. Comptez 1h30 pour 5 ha. Les branches issues de la taille des arbres ou de la restauration des trognes sont ensuite « valorisées en bois de chauffe ou broyées sur place et utilisées en BRF comme paillage ». Les troncs seront vendus comme bois d’œuvre à haute valeur ajoutée, au bout de 25 à 30 ans.

Le projet agroforestier de Jack De Lozzo, une « agriculture générationnelle »

Jack De Lozzo  a pris la décision de réintroduire l’arbre sur son exploitation il y a plus d’une dizaine d’années. Objectif : « remettre en état les sols et les faire fonctionner le plus naturellement possible ». Un jour alors qu’il labourait son champ, il a senti « l’odeur de la terre » et ça a été le déclic. Il a voulu comprendre pourquoi ça sentait bon et ce qui se passait dans le sol. C’est à ce moment qu’il a « mis le doigt dans un engrenage » qui lui permet d’apprendre tous les jours et de respecter le sol. Sa démarche a un coté philosophique. 

Lui, qui recherchait « un système qui fonctionne en autonomie » en travaillant le sol au minimum, se tourne vers l’agroforesterie. En 2007, il plante ses premiers arbres. Il encourage les agriculteurs qui souhaitent se lancer à le faire sur des « petits lopins de terre pour ne pas pénaliser le côté économique de l’exploitation ». En effet, pour lui, le tiercé gagnant c’est « la santé, la famille mais aussi l’argent ».

Il faut être patient.

« Les premières années, les auxiliaires de culture font leur apparition ». Il faut bien comprendre que l’agroforesterie est un système agricole qui fonctionne sur du long terme. Jack De Lozzo la qualifie d’ailleurs « d’agriculture générationnelle ». « Une agriculture sociétale », renchérit Frédéric Coulon de Solagro.

Depuis 2007, Jack a planté 822 arbres en alignements (pour le passage d’engins) espacés de 22 m avec une distance de 6-8 m entre chaque arbre, en bordure ou au sein des parcelles. 

Les arbres sont alignés du Nord au Sud « pour éviter tout phénomène de concurrence avec les cultures. » C’est une douzaine d’essences précieuses d’origine locale qui sont implantées. Et aux pieds des arbres, se trouvent des bandes enherbées d’1,5 m.