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Agroforesterie

Michel Galmel (27) : « Bien définir son projet » avant de se lancer


TNC le 28/09/2018 à 18:06
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L'agroforesterie présente de multiples atouts sur le plan environnemental notamment. Se lancer dans cette pratique doit toutefois être bien réfléchi. Identifier les motivations du porteur de projet est une étape clé, selon différents experts et Michel Galmel, agriculteur dans l'Eure qui a monté un projet agroforestier.

  L’agroforesterie ? C’est « associer des plants ligneux et des cultures ou des animaux, dans, ou en bordure d’une même parcelle agricole », présente Daniele Ori, spécialiste de l’agroforesterie chez Agroof. Avant de se lancer dans un projet agroforestier, plusieurs points ne doivent pas être négligés afin de « développer des effets réciproques positifs », précise Daniele Ori.

Prendre le temps nécessaire pour mûrir son projet

Se renseigner sur le sujet est indispensable avant de s’aventurer dans un projet de ce type. De plus en plus de publications sont disponibles sur le sujet, même si l’APCA reconnaît qu’elles restent encore trop peu nombreuses. Des travaux de l’Inra montrent par exemple « qu’en moyenne, sur un système testé en céréales et peupliers sur 14 ans, on a pu produire autant de bois et de culture sur 1 ha d’agroforesterie que sur 1,3 ha de forêt et cultures séparées ». Les agriculteurs peuvent aussi s’appuyer sur l’expérience de leurs collègues : « c’est en Charente-Maritime qu’il existe les plus anciennes parcelles d’agroforesterie (près de 50 ans) », présente Yann Pivain, ingénieur et conseiller agroforesterie à la Chambre d’agriculture de l’Eure.

Entre l’idée et la mise en place du projet, il peut s’écouler environ 3 mois jusque 1 an, selon la Chambre d’agriculture du Centre. Pour Michel Galmel, installé dans l’Eure, le projet a nécessité près de deux ans de réflexion et de démarches. Dans ce type de projet, « il est important d’être accompagné et conseillé », indique l’agriculteur eurois qui a été suivi par Yann Pivain. Le délai de mise en place a été un peu plus long car l’agriculteur cultive des terres en fermage : « il a fallu convaincre mes propriétaires de l’intérêt du projet », précise-t-il.

Identifier les objectifs recherchés

Quelles sont les motivations du porteur de projet ? Elles peuvent être multiples : lutter contre l’érosion ou la battance, améliorer le bien-être animal, protéger la ressource eau… ? Et quelles sont les perspectives d’évolution de l’exploitation agricole ? Toutes ces questions constituent le premier point de l’étude de faisabilité, « une étape obligatoire avant de se lancer, précise Daniele Ori. L’agroforesterie n’est pas toujours la bonne solution ». Michel Galmel ajoute : « il est vraiment important de définir pourquoi on souhaite monter un projet agroforestier. Dans mon cas, j’ai choisi de mettre l’environnement avant l’économie ».

L’agriculteur eurois voit en l’agroforesterie un levier supplémentaire pour lutter contre le réchauffement climatique. « Ce projet s’inscrit dans la continuité de tout ce qui a déjà été réalisé sur mon exploitation », poursuit l’agriculteur, qui s’est lancé, quelques années auparavant, dans l’agriculture de conservation. « Ces deux pratiques associées sont un « bon deal » et j’en observe déjà les bienfaits. Cela permet de favoriser la faune et la flore mais aussi de limiter les recours aux intrants ».

Si les atouts sont nombreux, Michel Galmel rappelle aussi qu’il ne faut pas oublier les contraintes de l’agroforesterie. Dans la conception du projet, il faut, par exemple, anticiper du temps nécessaire pour l’entretien régulier des arbres et en dessous.

Ne pas négliger le choix des essences d’arbres

Autre choix important à réaliser : le type de production et aussi la surface dédiée. Production de fruits, bois de chauffage (bois plutôt à croissance rapide) ou bois d’œuvre (bois plutôt à croissance lente). Une fois tous ces critères définis, cela pourra vous aider dans la détermination des essences d’arbres à implanter.

Accompagné par la Chambre d’agriculture de l’Eure et l’Association pour une dynamique agroforestière (Adan), Michel Galmel s’est tourné vers des espèces d’arbres dédiées à la production de bois d’œuvre : châtaignier, merisier, tilleul, …  L’objectif était d’avoir des arbres « en harmonie avec les cultures et le climat de l’exploitation ».

Prendre en compte les contraintes du système de production

Tout comme les conditions pédoclimatiques de l’exploitation, la répartition du parcellaire, la forme et l’orientation des parcelles, … doivent être considérées dans la réflexion du projet. Ces contraintes vont aussi conditionner les essences d’arbres à implanter ainsi que leur orientation et l’espacement entre deux lignes d’arbres. Selon Daniele Ori, cet écartement doit correspondre à « environ deux fois la hauteur de l’arbre à maturité », mais cela va dépendre également de la largeur du matériel.

Étant en bordure de plateau (avec des terres très hétérogènes donc), Michel Galmel a fait réaliser une étude pédologique sur son exploitation, qui a permis d’optimiser l’agencement des parcelles. L’agriculteur a opté pour un espacement de 30 entre rang et une bande enherbée de 2 m, couverte en fétuque élevée pour lutter contre le salissement.

Réfléchir au mode de financement

Dans le cadre de l’agroforesterie, des aides publiques ou privées peuvent financer une partie des coûts du projet. « En général, les aides sont gérées par les Conseils régionaux et peuvent être variables d’une région à l’autre », indique Yann Pivain. Pour son projet, Michel Galmel a également eu recours au financement participatif avec Miimosa.

Là encore, être entouré est essentiel. Votre organisme d’accompagnement (Chambre d’agriculture, …) saura vous renseigner sur les moyens de financement envisageables.