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Projet agroforestier

« 10 idées reçues sur l’agroforesterie, à réviser avant de se lancer ! »


TNC le 11/03/2020 à 09:01
fiches_Agroforesterie

Les Chambres d'agriculture recommandent vivement « de se faire accompagner par un conseiller spécialisé » pour tout projet agroforestier.  (©Département Ille-et-Vilaine)

Vous êtes tenté par un projet agroforestier ? Cette pratique présente, en effet, de multiples atouts, notamment au niveau de l'environnement et de la biodiversité. Elle fait toutefois face, parfois, à plusieurs idées reçues.

Avant de se lancer, les Chambres d’agricultures proposent de revenir sur les quelques idées reçues concernant l’agroforesterie, histoire d’y voir un peu plus clair…

Idée reçue n°1 → « L’agroforesterie, c’est des alignements d’arbres au sein d’une parcelle cultivée : Faux ! »

Dans son usage courant, le terme « agroforesterie » est effectivement employé pour « désigner les formes plus modernes et innovantes, c’est-à-dire des alignements intraparcellaires d’arbres d’essences forestières ou fruitières au sein de parcelles en grandes cultures, mais ceux-ci ne représentent qu’une petite partie des systèmes agroforestiers puisque les arbres peuvent également se trouver en périphérie de parcelles ».

Idée reçue n°2 → « L’agroforesterie, c’est trop récent pour savoir si ça marche vraiment : Pas tout à fait ! »

On sait que « les premières traces de bocages remontent au 7e siècle en France ». L’évaluation rigoureuse des performances de l’association entre arbre et production agricoles à travers des travaux de recherche reste toutefois récente. « Deux parcelles suivies par l’Inrae sont arrivées à maturité et ont permis d’établir qu’en moyenne, sur ce système testé en céréales et peupliers sur 14 ans, on a pu produire autant de bois et de culture sur 1 ha d’agroforesterie que 1,3 ha de forêt et de cultures séparées ». 

Idée reçue n°3 → « L’agroforesterie, c’est facile, il suffit de planter des arbres alignés sur une parcelle agricole : Faux »

Les Chambres d’agriculture recommandent vivement « de se faire accompagner par un conseiller spécialisé » pour tout projet agroforestier. Les critères à prendre en compte pour la réussite du projet sont nombreux : « essences à planter, densité de plantation, orientation des rangées d’arbres, distance entre les rangées et entre les arbres au sein de chaque rangée, etc ».

Retrouvez plus de détails  : Michel Galmel (27) : « Bien définir son projet agroforestier » avant de se lancer

Idée reçue n°4 → « Les arbres dans une parcelle agricole, c’est autant d’eau, de lumière et de nutriments en moins pour les cultures : Pas tout à fait ! »

« La compétition pour une ressource va dépendre de nombreux facteurs », d’où l’importance de bien choisir les essences, l’orientation des rangées d’arbres… « L’association arbre/culture peut, au contraire, optimiser la mobilisation d’une ressource : on parle alors de facilitation ».

Idée reçue n°5 → « L’agroforesterie, c’est moins de rendement, donc moins d’argent pour l’agriculteur : Faux ! »

« En plantant des rangées d’arbres dans une parcelle de grandes cultures par exemple, il faut effectivement s’attendre à une diminution des rendements lorsque les arbres seront développés. Cependant, cela ne se traduit pas nécessairement par une baisse du revenu ».

Idée reçue n°6 → « Lorsqu’un agriculteur se lance en agroforesterie, il risque de perdre ses aides Pac ! : Faux ! »

Les parcelles agroforestières continuent d’être « éligibles aux droits à paiement de base (DPB) » tant que « la densité d’essence forestière (non fruitière) reste inférieure ou égale à 100 arbres/ha ».

Idée reçue n°7 → « L’installation d’un système agroforestier demande du temps, de l’argent et des compétences : Vrai ! »

De plus, vous pouvez bénéficier d’aides à l’installation et au maintien de systèmes agroforestiers. Il convient de se rapprocher de votre contact au réseau rural agroforestier français.

Idée reçue n°8 → « Les arbres attirent une faune indésirable sur les parcelles agricoles : pas tout à fait ! »

Les arbres vont permettent d’héberger « une biodiversité nouvelle, composée certes de ravageurs potentiels, mais également d’auxiliaires des cultures qui vont participer à la limitation des populations de ravageurs ». Ils favorisent alors un équilibre plus favorable à la fois aux arbres et aux cultures.

Retrouvez d’ailleurs Auxil’haie, un outil en ligne (en libre accès) proposé par les Chambres d’agriculture, qui permet de composer des séquences ligneuses (haies champêtres, systèmes agroforestiers) attractives pour des invertébrés auxiliaires de culture et de répondre à une éventuelle problématique de ravageurs de culture.
Cette appli prend en compte le type de productions, la localisation de votre exploitation et le contexte.

Idée reçue n°9 → « L’agroforesterie, c’est peu d’avantages pour l’agriculteur : Faux ! »

Au contraire, les experts des Chambres d’agriculture y voient « de nombreux effets positifs » : « lutte contre le réchauffement climatique via le stockage de carbone », « amélioration de la qualité de l’eau grâce à la filtration des racines », diversification du paysage et maintien de la biodiversité ». De plus, l’agroforesterie peut permettre de « diversifier les sources de revenus des agriculteurs (vente de bois), d’améliorer le bien-être animal, de participer au contrôle des populations de ravageurs », etc.

À voir également : Agroforesterie et élevage – Guillaume Jahan (44) : « Planter des arbres, un aspect économique mais pas que… »

Idée reçue n°10 → « L’agroforesterie, c’est surtout pour les zones tropicales ! »

Et non, encore une fausse idée reçue ! « Des bocages bretons en zone océanique, aux prés-vergers lorrains sous un climat continental tempéré, en passant par les alignements de noyers sur des parcelles céréalières en zone méditerranéenne, des systèmes agroforestiers variés, anciens comme actuels, existent sous toutes les latitudes où les arbres poussent ! »

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