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[Interview] Colza bas carbone

J. Bos, Axéréal : « Réconcilier l’approche environnementale avec le rendement »


TNC le 02/03/2020 à 15:51
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Passer sous le seuil de 500 g de CO2 par kg de matière sèche : c'est l'objectif de la filière colza bas carbone. (©Pixabay)

Axéréal a annoncé le lancement d'une nouvelle filière « colza bas GES ». Pour Jérôme Bos, le directeur général activités agricoles de la coopérative, il s'agit notamment de travailler sur la valeur du colza qui souffre depuis deux ans de conditions climatiques difficiles. En passant sous un seuil de 500 g de CO2 par kg de matière sèche, un agriculteur pourra toucher une rémunération spécifique allant jusqu'à 20 € la tonne.

TNC : Pourquoi lancez-vous cette filière colza bas carbone ? 

Jérôme Bos : « Ce projet vise à valoriser la performance et la contribution positive du colza dans la réduction des gaz à effet de serre. Cela s’inscrit dans notre démarche globale Cultivup, notre référentiel de durabilité et d’amélioration des pratiques agricoles. Nous voulons encourager les améliorations concernant la fertilisation, l’usage des intrants ou encore le travail du sol. Nous souhaitons aussi apporter une dynamique positive sur le colza qui, pour la deuxième année consécutive, a souffert de la sécheresse en début d’automne et de l’excès d’eau ensuite. C’est une raison de plus pour travailler sur la valeur de ce colza, économique mais aussi environnementale.  »

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TNC : Concrètement, en quoi va consister la mise en place de cette filière ? 

Jérôme Bos : « Il s’agit de mesurer, tracer, calculer la contribution positive des pratiques culturales optimales du colza à la réduction des gaz à effet de serre. Les agriculteurs peuvent agir sur plusieurs leviers : le mode de fertilisation et la nature du fertilisant, les intrants de protection des plantes, l’usage de plantes compagnes, le travail du sol (semis direct, travail simplifié du sol…). Nous avons une traçabilité à la parcelle et nous tenons compte de la nature intrinsèque de chacune d’elle : certains sols sont plus ou moins capteurs de carbone. Avec cette traçabilité, nous pouvons affecter les bons paramètres dans le modèle de calcul. Nous pourrons ainsi engager dans cette filière colza bas carbone toutes les productions qui sont en dessous du seuil de 500 g de CO2 par kg de matière sèche, c’est la méthode de mesure certifiée nous permettant de nous positionner sur le marché des colzas bas GES. Ce seuil est une réduction de 30 % par rapport à la valeur standard moyenne normalisée sur la région. Sous ce seuil, nous pourrons attribuer une rémunération spécifique qui encourage l’agriculteur à continuer d’améliorer ses pratiques. »

TNC : Quel niveau de rémunération un agriculteur peut-il espérer dans cette filière bas carbone ?

Jérôme Bos : « Cette rémunération est dépendante d’un marché, celui des biocarburants à bas gaz à effet de serre. Elle est donc variable et va dépendre de la performance intrinsèque des pratiques, du rendement des colzas sur la parcelle et donc du marché. Pour des productions avec de bons niveaux de performance en GES, elle pourrait atteindre 20 € par tonne. C’est un marché vertueux sur la partie environnementale, et qui n’est pas contraire à la productivité : en effet, plus le rendement du colza est important pour une même quantité d’intrants utilisés et plus la performance GES va être bonne. C’est un mode de réconciliation d’une approche de rendement et d’une approche vertueuse pour l’environnement. »

TNC : Quels volumes de colzas sont concernés par cette nouvelle filière ?

Jérôme Bos : « Cela concerne les colzas récoltés dès 2019. Nous sommes en mesure de collecter les données parcellaires saisies par les agriculteurs  sur leurs pratiques, pour les colzas produits en 2019. Notre ambition pour cette année est de dépasser les 10 000 t. À terme, nous souhaitons que cette démarche concerne l’ensemble de notre production de colza, soit en « année normale » un volume de 400 000 t, dont 70 % sont à destination de la filière des biocarburants. »

TNC : Pensez-vous engager d’autres filières dans cette démarche bas carbone ?

Jérôme Bos : « Nous regardons actuellement pour le tournesol. Faire rentrer toutes les exploitations et toutes les productions dans une démarche de valorisation des bonnes pratiques environnementales est un enjeu majeur sur lequel nous allons continuer de travailler. »

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