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Commercialisation du blé tendre

Bien exporter la récolte 2019 : les éléments clés du défi à venir


TNC le 30/08/2019 à 09:44
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Forte d’une excellente récolte de blé tendre estimée à 39,17 Mt par Agritel, soit la deuxième plus forte production de ces 20 dernières années, les acteurs français de la filière ont désormais un défi de taille : réussir à (bien) vendre plus de 20 Mt d’ici juin 2020, dans un contexte mondial dominé par les blés des pays de la mer Noire. En termes de prix, la relance du commerce mondial de blé laisse un « potentiel de baisse limitée des prix ».

Le bilan de la récolte 2019 de blé tendre, du moins dans ses grandes lignes, est connu depuis plusieurs semaines déjà : la production française 2019 de blé tendre devrait s’élever à 39,17 Mt selon le cabinet Agritel, en hausse de 12 % par rapport à la récolte 2018. Il s’agit ainsi de la deuxième plus grosse récolte de ces 20 dernières années, après celle de 2015.

Une production française de blé tendre en forte hausse

Produire, c’est bien. Encore faut-il vendre la production. Les représentants d’Agritel, qui ont dressé, mercredi 28 août, un bilan complet de la récolte de blé tendre et des perspectives de commercialisation pour la campagne 2019-2020, estiment à 11,3 Mt le volume disponible à l’export vers pays tiers, contre 9,68 Mt exportées en 2018-2019. Sur le marché intracommunautaire, la France aurait à vendre au moins 8,2 Mt.

Parvenir à exporter au moins 20 Mt, « c’est tout le défi que doivent relever les acteurs de la filière céréalière française » durant cette campagne, a expliqué Nathan Cordier, analyste chez Agritel. Car la France n’est pas le seul pays exportateur à avoir réalisé une bonne récolte en Europe, ni même dans l’hémisphère nord.

La Russie devrait connaître son « deuxième meilleur niveau de production de blé avec 75,2 Mt », et l’Ukraine, qui a connu « des conditions de cultures idéales » arrive à une production de 28,2 Mt, selon Agritel. L’enjeu pour la France sera donc de rester compétitive tout au long de la campagne.

Le blé français « au bon prix pour la course à l’export »

Durant ces trois derniers mois, les cours du blé sont restés relativement bas, décrochant même d’environ 15 €/t depuis début juin, passant ainsi en dessous des 165 €/t, alors que l’année précédente à la même époque, le cours avait dépassé les 200 €/t.

Pour Michel Portier, le président d’Agritel, « le blé français est ainsi au bon prix pour la course à l’export », notamment face aux pays de la mer Noire, habituellement très peu chers en début de campagne. Cette baisse s’est révélée payante car la France a réussi à vendre mardi 27 août 60 000 t de blé à l’Egypte suite au dernier appel d’offres, qui a également acheté 230 000 t de blé russe, et 60 000 t venant d’Ukraine.

Autres facteurs positifs : le blé reste également compétitif face au maïs pour les fabricants d’alimentation animale, ce qui représente un débouché supplémentaire en Europe, et de mauvaises récoltes en Espagne et au Portugal devraient augmenter la demande dans ces pays.

La menace argentine sur le marché algérien

Cependant, si les exportations françaises ont bénéficié de la baisse de l’euro face au dollar, la récolte argentine, qui doit arriver à partir de janvier, bénéficiera pour sa part d’une forte dévaluation du peso argentin. L’Argentine devrait atteindre cette année un record de production de plus de 20 Mt en raison de surfaces au plus haut depuis la campagne 2007/2008, mais aussi « d’excellentes conditions » de culture selon Agritel. Le géant sud-américain est notamment un important concurrent sur le marché algérien, traditionnellement première destination des blés français hors UE, avec en moyenne 4,3 Mt.

« Dans le scénario pessimiste d’une contre-performance commerciale du blé français dans les quatre prochains mois, le risque d’une chute additionnelle des cours à la mi-campagne sera à craindre », souligne Agritel. Mais au final, la hausse du commerce mondial et le faible niveau de stocks des pays exportateurs laissent espérer un « potentiel de baisse limitée des prix » au long de la campagne, selon Michel Portier qui voit « les voyants plutôt au vert ».